Interview de Katalin Kovács, professeure invitée à l'Université Bordeaux Montaigne - Université Bordeaux Montaigne

International

Interview de Katalin Kovács, professeure invitée à l'Université Bordeaux Montaigne

Katalin Kovács est maître de conférences HDR au Département d'Etudes françaises à l'Université de Szeged, en Hongrie. Dans le cadre du programme "Professeur Invité", la collègue hongroise a pu donner des cours et participer à des séminaires tout en se focalisant sur ses travaux de recherches. Elle nous raconte son expérience au travers de ce témoignage.

Entretien avec Katalin Kovács

Pourriez-vous nous parler un peu de vous et de votre université ?

Je suis Katalin Kovács, maître de conférences HDR au Département d’Études Françaises à l’Université de Szeged, qui est une université d’excellence (elle est classée parmi les 500 meilleures universités du monde). Cette université se situe dans le Sud de la Hongrie, et la ville de Szeged – appelée « ville du soleil » – peut être considérée comme le centre d’activités francophones en Hongrie du Sud. À part le Département d’Études Françaises, qui offre une formation à trois niveaux (licence, master et doctorat), on doit encore mentionner le rôle du Centre Universitaire Francophone (CUF), qui aide l’organisation des manifestations scientifiques francophones dans le domaine des sciences humaines.

Quel est votre domaine de recherche/d’études ?

C’est dans le cadre de la formation cotutelle – parallèlement à mon université et à la Sorbonne Nouvelle Paris 3 – que j’ai écrit ma thèse de doctorat (sur l’expression des passions et la hiérarchie des genres dans la réflexion picturale de Diderot et de ses prédécesseurs), que j’ai soutenue à Paris en 2001. À partir de 2000, je travaille sans interruption au Département d’Études Françaises de mon université, où je suis membre fondateur des centres de recherche « Lumières Franco-Hongroises » et « Animalia », ainsi que (à partir de 2014) chercheur associé d’abord à l’unité de recherches CLARE, et puis, à partir de 2022, à l’UR « Plurielles » de l’Université Bordeaux Montaigne. Mes travaux, transdisciplinaires, se situent au confluent de la littérature, de l’esthétique et de l’histoire de l’art des XVIIe et XVIIIe siècles. Ils portent essentiellement sur la réflexion picturale française, en particulier sur l’esthétique de Diderot et l’art de Watteau. Mes recherches s’organisent autour des rapports du texte et de l’image, de l’animal et de l’animalité, ainsi que des concepts tenus pour indéfinissables (tels le je-ne-sais-quoi, la grâce, la légèreté ou encore le silence).

Sur quel projet de recherche travaillez-vous actuellement ?

Dans le cadre d’un projet de recherches que je mène avec des collègues de Budapest, mes travaux actuels portent sur la communication esthétique en Europe à l’époque des Lumières. Nous travaillons entre autres sur la réinterprétation du concept de rococo, ou encore de ceux de la mimésis et de l’idéalisation dans le domaine de la littérature et des arts. Ces recherches m’ont amenée à m’intéresser aux notions d’imitation, de répétition et de copie dans la théorie et la pratique artistiques du XVIIIe siècle, plus particulièrement en rapport avec l’art de Jean Siméon Chardin.

Sur quel sujet spécifique travaillez-vous ici à l’Université Bordeaux Montaigne et avec qui  ?

C’est le sujet lié à la notion d’imitation : l’effet miroir entre les représentations picturales des animaux imitateurs au XVIIIe siècle et les discours théoriques contemporains, que j’ai pu approfondir lors de mes recherches au sein de l’Université Bordeaux Montaigne. Je travaille avec les membres de l’unité de recherches « Plurielles », avant tout avec Géraldine Puccini (sur des sujets transversaux, comme la représentation des femmes de l’Antiquité dans les écrits sur l’art des XVIIe-XIXe siècles) et Florence Boulerie, codirectrice de « Plurielles », avec qui nous travaillons ensemble déjà depuis une quinzaine d’années (nous avons codirigé dernièrement un recueil d’études paru en 2019, issu d’un colloque international sur la figure de singe dans la littérature et dans l’art), ainsi qu’avec d’autres membres de cette unité de recherches, en premier lieu avec Élise Pavy-Guilbert.

Quels ont été les moments clefs (événements ou activités) de votre séjour à Bordeaux Montaigne ?

Mes deux interventions étaient sans doute les événements déterminants lors de mon séjour à l'Université Bordeaux Montaigne, surtout la discussion avec les collègues et les étudiants de la formation doctorale, après ma conférence de clôture portant sur la pratique artistique et la théorie picturale à l’exemple des animaux imitateurs. J’ai également beaucoup apprécié les échanges fructueux et stimulants avec les collègues bordelais : c’est grâce à ce séjour que j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de nouveaux collègues, dont en premier lieu du codirecteur de « Plurielles » Jean-Paul Engélibert.

Quels sont les avantages d’être professeur invité à Bordeaux Montaigne ?

L’avantage majeur du séjour est la possibilité de travailler avec des collègues avec qui je partage les mêmes intérêts au sujet des thèmes transversaux, mais dont la perspective d’aborder les questions diffère de mon approche, ce qui ouvre de nouvelles pistes de réflexion. Un autre avantage est la recherche en bibliothèque, l’accès à la littérature critique indisponible en Hongrie : pendant mon séjour à l’Université Bordeaux Montaigne, j’ai pu profiter de la réouverture progressive de la nouvelle bibliothèque universitaire et y ai retrouvé bien des ouvrages nécessaires pour mes recherches.

Est-ce la première fois que vous participez à un programme de professeur invité ?

Non, en 2016, j’ai déjà eu l’occasion de passer un mois en Slovaquie avec la bourse du Gouvernement de l’État Slovaque, à l’Institut de Philosophie de l’Académie des Sciences de Bratislava, où j’ai travaillé avec des collègues philosophes francophones (en particulier avec Róbert Karul) sur le thème de l’affectivité et de la sociabilité au XVIIIe siècle.

Comment comptez-vous maintenir les liens avec vos collègues de Bordeaux Montaigne ?

Nous avons discuté avec les collègues bordelais sur les possibilités de resserrer nos liens de travail déjà existants. Certains d’entre eux envisagent de venir – ou de retourner – à Szeged en 2024 et en 2025, avec la mobilité Erasmus. Notre Département a déjà accueilli auparavant, dans le cadre de cette mobilité, Florence Boulerie, Jean-Michel Devésa, Danièle James-Raoul et Élise Pavy-Guilbert. J’aimerais encourager aussi les étudiants de mon université de profiter de cette mobilité. Nous avons également discuté avec les collègues de l’Université Bordeaux Montaigne de la possibilité de l’éventuelle organisation de rencontres scientifiques et, avec Florence Boulerie, des questions concernant l’avancement de la thèse d’une doctorante hongroise dont nous codirigeons le travail. 

Timea Gyimesi, également enseignante à l'Université de Szeged, a été professeure invitée à l'Université Bordeaux Montaigne en mars 2024. Retrouvez son interview filmée ici.

Pour en savoir plus sur le programme "Professeur invité", rendez-vous sur la page dédiée.

footer-script