Interview de Chienyu Shih, professeur invité au mois de mars - Université Bordeaux Montaigne

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Interview de Chienyu Shih, professeur invité au mois de mars

Présentation

Entre le mois de mars et avril, l’Université Bordeaux Montaigne a accueilli M. Chienyu Shih, chercheur associé à l’Institute of National Defence and Security Research (INDSR) de Taïwan, dans le cadre du programme « Professeur Invité ». Etablit en 2018 et regroupant près de 70 chercheuses et chercheurs à temps plein, l’INDSR est un think tank financé par le Ministère taïwanais de la Défense spécialisé dans les domaines de la sécurité nationale, la politique chinoise et les affaires militaires, la cybersécurité et la défense stratégique. Interrogé sur son séjour à l’Université Bordeaux Montaigne, le collègue a répondu aux questions de la Direction des Relations Internationales :

Quel est votre domaine de recherche ?

Mes intérêts de recherche initiaux concernent les relations entre la Chine et l’Asie centrale et le nationalisme Ouïghour dans la région du Xinjiang. Je suis également amené à étudier la résilience défensive des jeunes taïwanais face à une possible invasion chinoise. Récemment, je me suis aussi intéressé aux discours politiques de la Chine vis-à-vis du monde et de ses régions périphériques et frontalières (comme Hong-Kong et Taïwan). Avant d’arriver à Bordeaux, j’étais professeur invité à l’Université Nationale Kazakh.

Sur quel projet de recherche travaillez-vous ?

Je viens juste de terminer un article qui sera publié au mois de juillet 2025 par Palgrave Macmillan. Il explore comment la Chine a utilisé sa politique historique de gouvernance de ses régions frontalières, connues sous le nom de « Gaitu Gueiliu », littéralement « remplacer les gouverneurs locaux par des officiers impériaux », pour gérer ses relations avec l’Asie centrale.

Je travaille actuellement à la rédaction d’un article sur les réactions de la jeunesse taïwanaise et ses stratégies de réponse face à une potentielle invasion chinoise. Utilisant des méthodes de recherche par groupe de discussion en vue de collecter des données, l’étude explore les conditions sous lesquelles les jeunes taïwanais seraient prêts à résister.

A l’Université Bordeaux Montaigne, je collabore avec Rémi Castets (maître de conférences, D2iA) sur un article portant sur les trois initiatives mondiales de la Chine. Ces initiatives constituent les discours politiques mondiaux actuels de la Chine et traitent de l’utilisation du concept de « Sud global » pour rallier des pays en développement et confronter ou s’engager dans des dialogues avec les pays de l’Ouest (par exemple les Etats-Unis et l’Europe, ou bien le G7).

Quels ont été les moments clefs de votre séjour à Bordeaux Montaigne ?

A cause des blocages de l’université lors de mon séjour, j’ai donné le 2 avril un séminaire intitulé « La ceinture de la Chine et initiative de route 2.0 : le mercantilisme de la Chine et l’expansion de son réseau d’intelligence », dans une salle de la bibliothèque devant 20 étudiants, doctorants et enseignants. J’ai trouvé les étudiants particulièrement désireux d’apprendre. Peut-être est-ce dû à la distance géographique avec l’Asie, mais mes amis français n’ont eu que peu d’opportunités d’en apprendre plus sur les affaires d’Asie de l’est. J’espère qu’à l’avenir il y aura plus d’occasions de discuter de ces sujets-là.

J’ai également échangé avec Béatrice Laurent [directrice-adjointe de CLIMAS] qui m’a offert de nombreuses publications sur l’histoire de Montaigne et de Montesquieu. Cela a été vraiment fascinant.

Quels sont les avantages à être professeur invité à l'Université Bordeaux Montaigne ?

Bordeaux est une ville très accueillante regorgeant de sites historiques à explorer, j’ai réellement apprécié y vivre et y travailler. Ce n’est pas une grande ville bruyante et il est très facile de se laisser tenter par de nombreuses activités. En tant que chercheur dans un think-tank, nous sommes bien souvent trop occupés à analyser des problématiques sur le court-terme. A l’Université Bordeaux Montaigne, j’ai eu plus de temps pour lire et réfléchir en profondeur sur des problématiques plus complexes, et j’ai pu échanger mes idées et résultats de recherche avec les collègues. Et d’ailleurs, en deux heures de train, il est très facile d’atteindre Paris pour assister à n’importe quelle conférence ayant lieu là-bas. Cela est vraiment pratique. C’est ce que dit un proverbe chinois : « Laisser la poussière mais pas le monde ».

Est-ce la première fois que vous participez à un programme de professeur invité ? Si non, où avez-vous été ?

J’ai passé une année en tant que professeur invité à l’Université Chuo, à Tokyo (Japon) et plusieurs mois à l’Université Nationale Kazakh à Almaty (Kazakhstan). Ma recherche était principalement centrée sur les relations de la Chine avec l’Asie centrale et les évolutions de la vision chinoise sur le monde.

Comment comptez-vous maintenir les liens avec vos collègues de l'Université Bordeaux Montaigne ?

Le gouvernement français finance un grand projet de recherche sur les discours politiques dans quatre régions du monde. J’espère prendre part au projet concernant les discours politiques mondiaux et régionaux de la Chine. Si possible, j’aimerais revenir en France en 2026 ou 2027 pour continuer mes recherches en collaboration avec Rémi Castets. J’adorerais également retourner à Bordeaux pour discuter ou donner des cours aux étudiants sur les relations de la Chine avec l’Asie centrale ou Taïwan. Dans le contexte actuel de compétition entre les Etats-Unis et la Chine, la société française a besoin d’une compréhension claire de la Chine pour s’assurer une situation favorable.

Pour en savoir plus sur le programme "Professeur Invité" de l'Université Bordeaux Montaigne, rendez-vous sur la page dédiée ou contacter le pôle Gestion de projets et mobilité des personnels (staff-mobility @ u-bordeaux-montaigne.fr) de la Direction des Relations Internationales. 

 

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