Jusqu'au 30 juin 2025
Mis à jour le 18 mars 2025
Lía Mallol est une enseignante argentine de la Faculté de Philosophie et de Lettres de l’Université Nationale de Cuyo, à Mendoza, au Centre-Ouest de l’Argentine. Située au pied des Andes, cette université vielle de 86 ans est très réputée dans la région et forme plus de 40.000 étudiants dans diverses disciplines (médecine, sciences économiques, agronomie, arts, ingénierie, humanités…). Dans la Faculté de Philosophie et de Lettres, les étudiants peuvent y apprendre la littérature, les langues étrangères, la géographie, l'histoire, la philosophie, les sciences de l’éducation ou bien l’archéologie. Lía Mallol travaille au Département de Lettres où elle enseigne la littérature française, la littérature comparée et l’histoire culturelle et littéraire aux étudiants de première, deuxième et troisième année. Elle fait également partie du Centre de Littérature Comparée de l’Institut de Littératures Modernes, une unité de recherches fondé en 1976 par le Professeur Nicolas Dornheim, à laquelle elle prend part depuis ses années étudiantes.
Interviewée par la Direction des Relations Internationales, elle répond aux questions sur son expérience de professeure invitée à l'Université Bordeaux Montaigne.
Mon domaine d’études privilégié est la littérature française ou écrite en français, ma perspective est surtout comparatiste. J’étudie les rapports littéraires entre la France et l’Argentine, la traduction, l’édition, l’histoire littéraire, l’imagologie, la réception, le postcolonialisme, la littérature féminine, le rapport entre la littérature et d’autres discours (c’est-à-dire, les sujets de la littérature comparée), toujours à partir des textes français ou francophones.
Actuellement je m’occupe de deux projets : l’un visant la production de Ken Bugul (une écrivaine sénégalaise francophone) ; l’autre, la francophonie et la francophilie en Argentine, notamment, le cas des Argentins qui ont choisi le français comme langue littéraire.
Je suis venue à Bordeaux spécifiquement pour interviewer Eduardo Berti, écrivain argentin qui habite à Bordeaux depuis de longues années et qui s’est mis à écrire en français sans abandonner l’espagnol. Il est traducteur, aussi ; il anime des ateliers littéraires, il fait partie de l’OuLiPo. Je considère qu’il représente un cas très intéressant de multiculturalisme et, à mon avis, à l’heure actuelle il est un « passeur » très important entre la France et l’Argentine. Je suis donc venue pour l’interroger et connaître ses nouvelles productions, surtout celles écrites directement en français et dont je n’avais pas l’accès depuis Mendoza.
En même temps, j’ai consulté la bibliothèque de l’Université Bordeaux Montaigne pour me renseigner sur d’autres écrivains argentins installés en France et écrivant en français (Héctor Bianciotti, Silvia Odile Supervielle, Laura Alcoba).
J’ai eu plusieurs moments clefs pendant mon séjour à l’Université Bordeaux Montaigne : tout d’abord, les deux conférences prévues (celle à l’arrivée le 4 février à la Maison de la Recherche et celle de fin de séjour le 25 février via Zoom à cause du blocage de l’Université) ; ensuite, les deux classes que j’ai données : en effet, j’ai pu intervenir dans le cours de littérature espagnole de Mme Margaux Valensi et dans celui de M. Sylvère Mbondobari sur les littératures africaines et cela a été très sympathique pour moi : le fait d’avoir eu contact avec des jeunes de licence qui ressemblent à mes étudiants et qui se demandaient où se trouve l’Argentine, comment ça se fait que là-bas on étudie des choses pareilles…
Je remercie vivement Mme. Valensi et M. Mbondobari. Et bien sûr, M. Jean-Paul Engélibert, qui m’a accueillie à l’unité de recherche Plurielles. Justement, un autre moment clef a été la « Journée d’hiver » du vendredi 7 février, organisée par Plurielles où j’ai pu rencontrer des collègues et entendre parler de leurs projets de recherche dans des perspectives très variées, différentes, nouvelles et intéressantes. Finalement, un autre moment clef a été le Séminaire de l’axe IDEM (Image, Design, Espace et Médiation) du vendredi 14 février à la Cité des Langues Étrangères, du Français et des Francophonies (CLEFF), auquel j’ai assisté et été invitée par Mme María Gabriela Dascalakis-Labrèze.
L’avantage d’être professeur invité à l’Université Bordeaux Montaigne est la possibilité de participer sur place à beaucoup d’activités et beaucoup d’échanges entre les collègues. Les rapports humains et intellectuels ont besoin de contact... J’ai beaucoup apprécié aussi la bibliothèque de votre université et le fait de pouvoir consulter sur place des ouvrages que je n’aurais pas pu trouver chez moi.
Oui, c’est ma première expérience comme professeur invité et je l’ai appréciée vivement ! Il y a quelques années je suis allée à Paris comme professeur-chercheur mais cela n’est pas du tout la même chose : ça été un mois d’études très solitaire… Alors qu’à Bordeaux, la possibilité des échanges a été bien plus aimable et enrichissante.
J’espère bien maintenir les liens avec les collègues de l’Université Bordeaux Montaigne et j’espère que ces liens pourront servir aussi à d’autres collègues argentins. Les rapports peuvent continuer par visioconférence et, surtout, en échangeant des articles académiques dans nos publications universitaires. Déjà, par exemple, M. Jean-Paul Engélibert a présenté un travail qui attend d’être publié cette année au Boletín de Literatura Comparada ou bien à la Revista de Literaturas Modernas, à l’UNCuyo en Argentine. Je repars pour l’Argentine avec de nouvelles idées et de nouvelles perspectives que j’espère pouvoir développer avec les collègues d’ici et de là…
L'Université Bordeaux Montaigne et l'Université Nationale de Cuyo sont partenaires depuis 2005 et l'accord de coopération intègre des mobilités étudiantes. Ces mobilités sont visées pour les domaines des lettres modernes et la géographie. L'accord de mobilité est porté en interne par Mme Karine Rozier. Depuis le début de cette collaboration, une vingtaine d'étudiants a pu bénéficier d'une mobilité à Bordeaux ou à Cuyo.