Jusqu'au 30 juin 2025
Mis à jour le 31 mars 2025
Au mois de février 2025, Gabriela Cordone, enseignante-chercheuse à l'Université de Lausanne en Suisse, a participé au programme "Professeur invité" et a été accueillie dans ce cadre-là pendant un mois. Elle raconte son expérience à l'Université Bordeaux Montaigne.
Avec plaisir : je suis née en Argentine, à La Plata, où j’ai fait mes écoles et un baccalauréat artistique. J’ai poursuivi des études académiques à l’Université de Fribourg en Suisse. Après l’obtention de ma licence universitaire et du diplôme d’enseignement pour le secondaire supérieur, j’ai enseigné l’espagnol et les sciences des religions au lycée et ai conduit, en parallèle, ma thèse doctorale dans le cadre de mon poste d’assistante diplômée avec une charge d’enseignement auprès du Séminaire de littérature espagnole et hispano-américaine de l’Université de Fribourg. Depuis 2009, je suis enseignante-chercheuse à l’Université de Lausanne.
L’Université de Lausanne a été fondée en 1537. Centrée sur les sciences humaines et sociales, les sciences de la vie (biologie et médecine) et celles de l’environnement, elle compte 17000 étudiantes et étudiants de 135 nationalités différentes et réunit également quelque 4800 collaborateurs et collaboratrices. Quant à la Faculté des lettres, à laquelle la Section d’espagnol est rattachée, elle a été fondée en 1837 et compte plus de 2200 étudiants et étudiantes issus de 80 nationalités différentes.
Mon domaine de recherche est la littérature espagnole et hispano-américaine. Mon doctorat et mes premières recherches se sont concentrées sur le théâtre espagnol des dernières années du XXe siècle – Juan Mayorga, Carmen Resino, Itziar Pascual, José Sanchis Sinisterra, etc. – et quelques sujets spécifiques autour de l’expression dramaturgique comme l’exil, la violence de genre et l’intermédialité.
Actuellement, je dirige un projet de recherche financé par le Fonds National Suisse (FNS) sur les imaginaires lesbiens dans la littérature en espagnol (FNS 1000_12197159). Cette recherche travaille un corpus de quelques 60 œuvres – poésie, théâtre et prose – écrites entre 2005 et 2020, issues d’aires géographiques hispanophones diverses. Les premiers résultats de la recherche ont été publiés dans différents articles (recensées dans la page web de notre projet). Le groupe de recherche ILLEs (Imaginarios lésbicos en la literatura en español) se consacre donc à l'étude de la production littéraire en espagnol (Amérique Latine, Espagne et Guinée Équatoriale) traitant spécifiquement des questions lesbiennes. L'objectif de l'étude est de rendre compte d'un ensemble varié de textes poétiques, narratifs et théâtraux issus de différentes zones géographiques, afin d'analyser et de rendre visible des stratégies d’une figure – la lesbienne – méconnue dans un corpus textuel, théorique et critique peu étudié de la littérature en langue espagnole. Parmi nos axes de recherche figurent les imaginaires lesbiens dans les énoncés poétiques, les imaginaires lesbiens en scène (théâtre et performance), les imaginaires lesbiens dans la littérature jeunesse (notamment lesbiennes, football et narration) et les romans "romantiques" : regards, émotions et affects dans les romans lesbiens « à l’eau de rose ».
Lors de mon séjour à l’Université Bordeaux Montaigne, j’ai travaillé spécifiquement la question de l’expression érotique et leur imaginaire dans un corpus poétique restreint. J’ai pu discuter avec ma collègue Amélie Florenchie, du laboratoire Ameriber (UR 3656), spécialiste du roman érotique espagnol, notamment autour de la configuration des imaginaires érotiques, de leur tradition et des stratégies littéraires de subversion et de transgression.
Sans aucun doute, la rencontre avec les étudiantes et les étudiants autour des sujets de ma recherche ont été les moments clé de mon séjour. J’ai donné quatre cours de Master et une conférence à l’École doctorale sur des sujets touchant ma recherche actuelle et les obstacles rencontrés lorsqu’on dédie le plus clair de son activité de recherche à un sujet mal-aimé, ou académiquement peu reconnu, comme « les lesbiennes aujourd’hui dans la littérature actuelle ». La réflexion autour de sujets marginalisés a été très appréciée par les étudiantes et les étudiants.
Rattacher son enseignement et sa recherche à une institution de prestige comme l’Université Bordeaux Montaigne est, en soi, un point fort. Également, venant d’une structure universitaire plus modeste en termes d’effectifs, pouvoir échanger et être en contact avec des collègues de différentes spécialités à l’intérieur du domaine hispanique est aussi un avantage indéniable du séjour en tant que professeure invitée. Les séminaires spécifiques organisés par CHISPA (Cultures hispaniques et hispano-américaines / AMERIBER (UR 3656) permettent également d’échanger sur plusieurs niveaux – étudiantes, chercheuses, collègues – des réflexions au sein d’une structure large et diverse. En tant qu’enseignante, j’ai pu prendre connaissance de la variété des thématiques travaillées et des préoccupations des étudiantes et étudiants, me permettant ainsi de les mettre en perspective avec mon domaine de recherche et mon expérience d’enseignement à l’Université de Lausanne.
Les liens avec mes collègues de l’UBM datent de plusieurs années. Ce séjour a consolidé, sans aucun doute, la collaboration existante. Nous avons déjà organisé deux séjours de mobilité Bordeaux-Lausanne dans le cadre du programme suisse SEMP (Swiss European Mobility Programm), et nous en préparons un troisième à l’Université de Lausanne avec la visite de ma collègue Isabelle Touton (Ameriber UR3656). De plus, je suis en contact avec deux étudiant.es de doctorat pour échanger sur leurs recherches respectives. Par ailleurs, Mme Florenchie est liée à ma recherche sur la tradition littéraire et les imaginaires poétiques lesbiens en espagnol en tant que personne de référence.
En résumé, je tiens à remercier l’Université Bordeaux Montaigne de m’avoir offert la possibilité d’un séjour de recherche. Tant sur le plan scientifique et didactique que sur le plan humain, cette expérience a été positive et très encourageante. Elle est importante pour continuer à tisser des liens de collaboration et, grâce à l’élargissement des perspectives, de persévérer dans la recherche en littérature et dans l’exercice de l’enseignement universitaire.