Le 21 avril 2022
Mis à jour le 31 mars 2022
SÉMINAIRE de Rudolf HAENSCH, Second Directeur de la Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik de Munich (Allemagne)
Au début du IIe siècle après J.-C., une pratique unique à l'échelle de l'Empire s'est développée dans la ville de Nicomédie, l'un des grands centres de la province du Pont et de la Bithynie, au nord-ouest de l'actuelle Turquie : sur les poids municipaux on gravait au recto et au verso des légendes extrêmement complexes, dans lesquelles les empereurs, les gouverneurs et les autorités locales étaient mentionnés avec leur nom complet et leurs titres. Au cours des dernières décennies, le nombre de poids découverts a explosé : avant 2000 l’on connaissait 5, aujourd’hui 28. Comme c’est souvent le cas dans les sciences de l’Antiquité, une série de sources de la même nature permet, grâce à l'observation de la constance et de la variation sur de longues périodes, d'avoir des aperçus étonnants sur le fonctionnement du système (étatique). Les poids étaient manifestement fondus et distribués avant tout lorsqu'il y avait un besoin accru, c'est-à-dire lorsqu'il y avait des troupes de passage qui devaient être approvisionnées, donc surtout pendant les périodes de guerres à l'est de l'Empire à la fin du IIe et au IIIe siècles. Alors que nous ne disposons que de peu de sources, souvent peu fiables, pour ces périodes de crise dans toutes les provinces (y compris l'Égypte), nous sommes ici bien informés : sur les gouverneurs romains et leurs mandats dans une période de changement rapide des empereurs, sur l‘accès de la classe dirigeante des cités à l'Imperium Romanum, sur la fréquence des curatores rei publicae, les prétendus "commissaires d'État" de l'Antiquité tardive, sur les techniques utilisées pour tenter d'amortir la pression toujours plus forte de l'approvisionnement de l'armée, jusqu'à ce que le système s'effondre, du moins dans cette province, vers 270. |
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