Formes et enjeux de l'insoutenable dans la littérature et les arts - Université Bordeaux Montaigne

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Formes et enjeux de l'insoutenable dans la littérature et les arts

Ce séminaire, partagé entre les deux équipes « Littératures et mondes » et « Modernités » au sein de l’UR Plurielles, propose de réfléchir depuis le double point de vue de la littérature française et de la littérature comparée, et en s’appuyant sur leurs outils respectifs, aux formes et aux enjeux de ce que l’on peut appeler l’insoutenable dans la littérature et les arts.

2ème séance le jeudi 11 décembre à 15h30 en salle H101 (Rosa Bonheur, Bât. H, 1er étage, Campus Montaigne, Pessac).

Calendrier prévisionnel en 2026

Les séances auront lieu le jeudi de 15h30 à 17h30 en salle H101

  • 15 janvier : Eric Benoit : Introduction 3. Problématiques.
  • 22 janvier : Hélène Merlin-Kajman (Université Sorbonne Nouvelle) : « Insoutenable et transitionnalité : quelques cas de figure ».
  • 29 janvier : Isabelle Poulin (Littératures & Mondes): « Poétique de l’inadéquation dans l’œuvre de Vladimir Nabokov : l’insoutenable grâce des enfants assassinés ».
  • 5 février : Lucile Bordes et Laïla Fatih (Littératures & Mondes): « L’insoutenable à l’œuvre du temps : Natalia Ginzburg (1916-1991) et Julie Otsuka (1962-) ».
  • 12 février : Fabienne Rihard-Diamond (Littératures & Mondes ; Modernités): « La vérité dérobée : Faulkner et la tragédie d'une insoutenable humanité dans Absalom Absalom! ».
  • 26 février : Claudio Pirisino (Littératures & Mondes): « Mussolini sur scène : incarnation et désincarnation d'une prosopopée ».
  • 5 mars : Eléonore Hamaide (Université de Lille) : « Représenter "malgré tout" la Shoah : l'insoutenable en littérature de jeunesse ».
  • 12 mars : David Yvon (Modernités) : « Rétif, Sade : intensivisme et expériences-limite ».
  • 11 - 19 mars : Sandra Barrère (Littératures & Mondes) et Laurent Courtens (ISELP) : « De Chatila à Gaza, poièsis de l'insoutenable ».
  • 12 - 2 avril : Jean-Paul Engélibert (Littératures & Mondes): « L'écrivain et le tortionnaire. J.M. Coetzee et le problème du mal dans En attendant les barbares et Elizabeth Costello ».

La notion d’ « insoutenable » résonne particulièrement aujourd’hui, alors que nous assistons à des formes de misère et de destruction particulièrement violentes et durables (migrants noyés aux portes de l’Europe, guerre en Ukraine, génocide des Palestiniens de la bande de Gaza), alors que nous parviennent les nouvelles de souffrances et d’injustices (massacres, viols de masse, nouvelles formes d’esclavage) qui relèvent de l’insoutenable parce que nous ne pouvons les supporter ni les soutenir moralement, à peine les regarder ou les dire, enfin, parce que notre univers médiatique est saturé de propos et de gestes d’une grande violence, dont la dimension éthique semble avoir disparu, comme l’idée d’un universel soutenable et défendable. Cette actualité de l’insoutenable rend urgente et essentielle une réflexion sur les objets littéraires et artistiques qui tentent de représenter, documenter, définir, interroger, apprivoiser ou parfois alléger l’insoutenable.

Le sujet qu’est l’insoutenable, parce qu’il nous invite à réfléchir à une éthique de la forme, rend indissociables l’analyse des stratégies d’écriture et le questionnement sur la lecture et à la réception de l’insoutenable, qui implique de se pencher sur la question du point de vue, de la possibilité d’une objectivation de l’insoutenable. Comment la forme fait-elle courir le risque d’une recherche de sidération, où le texte (ou le spectacle théâtral) piège le lecteur pour le mettre face à la gorgone (Anima de Mouawad, qui s’ouvre sur une scène d’une violence proche de l’obscène ; Le Sari vert d’Ananda Devi, récit à la première personne qui enferme le lecteur dans la tête d’un père violent et manipulateur) ? Quelle position morale ou éthique est portée par la littérature dans ces jeux de points de vue énonciatif ? 

Ces questions de réception varient dans l’espace et dans le temps : ce qui est insoutenable pour l’un, et permet d’accéder à une forme de vérité, confine à l’obscène ou au kitsch pour l’autre ; ce qui était topique hier est devenu insoutenable aujourd’hui, qu’il s’agisse de thèmes, de scènes ou d’arguments ; la sensibilité des lecteurs dépend aussi de leur expérience personnelle (on pense aux ouvrages d’Hélène Merlin-Kajman et au mouvement « Transitions »). Ce questionnement ouvre sur le problème du sensitive reader et des « libertés académiques » : qu’en est-il des changements de paradigme, anachronismes ou réajustements de ce qui est soutenable ? 

Les corpus concerneront les littératures de toutes langues, étendus aux autres arts (cinéma, peinture, musique) porteurs d’un questionnement sur les enjeux d’une représentation, d’une mise en scène, ou encore d’une médiatisation de l’insoutenable. 

Séances passées
  • 4 décembre 2025 : Eric Benoit et Eve de Dampierre-Noiray : Introduction 1. Premières définitions.

Contacts : Eric Benoit (eric.benoit @ u-bordeaux-montaigne.fr) et Eve de Dampierre (eve.de-dampierre @ u-bordeaux-montaigne.fr)
Site source : UR Plurielles

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