Découverte de la plus ancienne sépulture africaine - Université Bordeaux Montaigne

Recherche

Découverte de la plus ancienne sépulture africaine

© les contributeurs d’OpenStreetMap (Open Database License)

Une équipe internationale constituée des chercheurs du laboratoire IRAMAT-CRP2A (Université Bordeaux Montaigne-CNRS) et PACEA (université de Bordeaux-CNRS) membres du LaScArBx, a dévoilé cette semaine dans la revue Nature la découverte, de la plus ancienne sépulture africaine.

Parmi les auteurs de cette découverte, deux chercheurs de l'Université Bordeaux Montaigne rattachés au laboratoire Iramat-CRP2A : François-Xavier Le Bourdonnec, maître de conférences en physique appliquée a l'histoire de l'art et archéologie et Stephan Dubernet, ingénieur de recherche en archéométrie.

À Panga ya Saidi, un site localisé à 50 km au nord de Mombasa (Kenya), un enfant de trois ans a été déposé dans une fosse il y a 78 000 ans. Plusieurs indices permettent de penser que sa tête reposait sur un support et que son corps était protégé par un linceul, les deux en matière périssable. L’individu appartient à notre espèce, mais conserve, par sa morphologie dentaire, quelques traits archaïques le reliant à de lointains ancêtres africains. Il a été baptisé par les chercheurs « Mtoto », ce qui signifie « enfant » en Swahili.

Reconstitution à la sanguine de l'enfant
Reconstitution artistique de la sépulture (F. Fuego)

L’article est le résultat du travail de 36 chercheurs appartenant à 28 laboratoires européens, américains et australiens, y compris six chercheurs rattachés à deux laboratoires bordelais (UMR 5060 IRAMAT-CRP2A CNRS-Université Bordeaux Montaigne et UMR 5199 PACEA-Université de Bordeaux).

L'origine et l’évolution des pratiques mortuaires sont le sujet d’intenses débats. Des preuves de plus en plus nombreuses confirment que pendant plusieurs centaines de milliers d’années, des ancêtres dont nous pensions qu’ils ne portaient aucun intérêt pour leurs défunts il y a juste quelques décennies, déposaient par exemple les cadavres des membres de leur groupe au fond de grottes, dans des fissures naturelles, ou encore enlevaient les parties molles du cadavre pour conserver et manipuler les ossements. Par rapport à ces pratiques ancestrales, dont certaines partagées avec nos proches cousins les chimpanzés, les sépultures dites primaires - c’est-à-dire le dépôt d'un corps dans une fosse volontairement creusée, puis son ensevelissement - apparaît comme une innovation relativement récente.

En comparaison avec l’Europe et le Proche-Orient qui ont livré de nombreuses sépultures de Néandertaliens et d’Hommes modernes vieilles d’au moins 120 000 ans, l’Afrique, pourtant berceau de notre espèce, ne rapporte que de très rares exemples de cette pratique funéraire. Seuls deux possibles cas d’inhumations, Taramsa en Égypte et Border Cave en Afrique du Sud, datées respectivement de 68 000 et 74 000 ans avant le présent, étaient jusque-là connus.


Reconstruction virtuelle de la position de l'enfant dans la fosse mortuaire Crédit photo : Jorge González/Elena Santos

En s’appuyant sur un ensemble de preuves, les chercheurs proposent l’hypothèse selon laquelle le corps de l’enfant aurait été enveloppé dans un tissu végétal ou un autre matériau périssable. La bascule et le détachement du crâne et des trois premières vertèbres cervicales attestent, selon les chercheurs, l'existence d'un espace vide sous la tête, qui pourrait indiquer un effondrement dû à la décomposition d'un support périssable. Ces éléments plaident en faveur d'un rituel complexe, qui a probablement demandé la participation active de plusieurs membres de la communauté.

L’étude anthropologique des restes de l’enfant montre qu’il s’agissait d’un membre de notre espèce, Homo sapiens, mais la comparaison avec des restes humains de la même époque met en évidence la présence de caractéristiques dentaires archaïques. Cela semble confirmer, comme il a été suggéré à plusieurs reprises au cours des dernières années, que l’origine de notre espèce en Afrique a des racines anciennes et diversifiées régionalement.

Texte extrait de l'article Découverte de la plus ancienne sépulture africaine rédigé par Catherine de Noter du Laboratoire d'Excellence Sciences Archéologiques de Bordeaux (LaScArBx)

Lire l'article dans Nature
Un documentaire sur le travail de l’équipe française à Panga ya Saidi est disponible sur youtube :

footer-script