Cosi lontani cosi vicini. Il fascino dell'esotismo negli interni europei tra ottocento e novecento : Exposition à Florence au Museo Stibbert - Université Bordeaux Montaigne

Sabine du Crest, commissaire d'une exposition au Museo Stibbert de Florence

Mis à jour le 20 septembre 2023

Sabine du Crest, maîtresse de conférences HDR en histoire de l'art moderne (CRHA F.-G. Pariset - UR 538) à l'Université Bordeaux Montaigne, est commissaire de cette exposition organisée à Florence.

Du 6 octobre 2023 au 5 mai 2024 au Museo Stibbert de Florence.

L'exposition est précédée d'une conférence donnée par Sabine du Crest à l'Institut français de Florence le 3 octobre 2023 à 17h. Un colloque international est également prévu.

Cosi lontani cosi vicini. Il fascino dell'esotismo negli interni europei tra ottocento e novecento

Cette exposition inaugurée le 5 octobre 2023 est réalisée à la suite de l'exposition Si loin si proche. Objets d'ailleurs dans les intérieurs européens. Photographies 1870-2015 qui s'était déroulée au Musée d'ethnographie en partenariat avec les musées de Bordeaux (novembre 2015-mai 2016) dans le cadre de l'ANR Exognèses.

Cette exposition comporte une focalisation sur la Toscane mise en relation avec des études de cas européens.

L'exposition

Dans la Villa Stibbert, l'un des espaces frontières les plus fascinants - ces intérieurs européens habités par l'ailleurs - sont présentés plusieurs cas de cohabitation ou de confrontation domestique avec des mondes lointains. De la fin du XIXe siècle à nos jours, dans toute l'Europe, nombreux sont les intérieurs conçus comme des laboratoires de notre rapport au monde lointain à travers des objets d'ailleurs mis en relation avec des objets européens.

À travers une sélection de photographies prises au moment de la conception de ces lieux, se révèlent différentes manières d'inventer des liens entre soi et l'autre. Dans l'histoire européenne du rapport à l'altérité, Florence joue un rôle particulier. Réceptacle depuis la Renaissance des objets venus des antipodes et tête de pont de leur intégration matérielle et intellectuelle, la ville du Grand Tour devient à partir du XIXe siècle le théâtre effervescent du goût renouvelé pour l'ailleurs : dans les salons de villas récemment construites comme la Villa Fabbricotti à Montughi, dans les boutiques florentines comme celle de Pietro Botto ou de Janetti, dans les ateliers d'artistes ou lors de fêtes dans l’ancien Ghetto ou dans les travestissements.

Et cette aventure se poursuit encore aujourd'hui par l'obsession d'autres horizons. À la Villa I Tatti, chez Bernard Berenson, historien de l'art et "découvreur" des maîtres de la première Renaissance toscane, la comparaison avec l'art chinois a une valeur heuristique, tandis qu'une toute autre histoire se joue de nos jours chez Alex Postiglione, où des objets précieux de l'ancien royaume de Birmanie ont une valeur mémorielle et familiale.

Dans les installations surréalistes de Peggy Guggenheim à Venise, des sculptures "non occidentales" dialoguent avec des œuvres d'art contemporain de Max Ernst ou de Calder. Chez les créateurs de mode, des liens secrets semblent s'établir entre les éléments de leur intérieur et leurs futures créations. Chez les écrivains, des horizons visuels lointains se matérialisent par la présence d'objets asiatiques, chez Claudel, Guitry ou Freud ou se confrontent à des sculptures africaines ou indonésiennes ou à une tête réduite pour Breton, Lévi-Strauss ou Moravia.

Autant d'univers fictifs dans lesquels on joue à se croire ailleurs par fantasme, nostalgie ou désir obsessionnel de poursuivre l'aventure intellectuelle entreprise aux antipodes, comme pour l'exploratrice du Tibet, Alexandra David-Néel. Les objets extra-européens, présents toujours pour des raisons profondes dans ces intérieurs de l'élite européenne, sont non seulement de signes de cosmopolitisme et d'universalisme, mais aussi constituent autant d’étapes du décentrement européen.

Contact : Sabine du Crest (Sabine.du-crest @ u-bordeaux-montaigne.fr)