Début du signalement du fonds de la Société de Géographie de Bordeaux - Université Bordeaux Montaigne

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Début du signalement du fonds de la Société de Géographie de Bordeaux

Après la signature de la convention de don-dépôt de la bibliothèque de la Société de Géographie de Bordeaux (SGB), les équipes du Service Commun de Documentation (SCD) ont commencé le traitement du fonds pour l’intégrer aux collections des bibliothèques. C’est l’occasion de revenir sur le parcours de cette collection et le rôle des bibliothèques universitaires dans la conservation et la valorisation des savoirs scientifiques et de leur histoire.

Un témoignage de l’élaboration du savoir géographique

Que contient la collection confiée par la SGB à l’Université Bordeaux Montaigne ? D’un point de vue patrimonial, sa principale richesse vient de son fonds de cartes anciennes, dont certaines remontent au XVIIIe siècle. Une exposition virtuelle sur ce fonds cartographique avait été réalisée en 2024 par Philippe Laymond.

Au-delà des cartes, le fonds d’imprimés (500 titres de revues et 5 000 ouvrages, dont environ 80 d’avant 1820) a une forte cohésion thématique qui prend racine dans l’histoire de la SGB, partagée, depuis sa fondation en 1874, entre ambition scientifique et développement commercial. Comme l’exprime en 1875 son fondateur Pierre Foncin, professeur de Géographie à l’Université de Bordeaux, la SGB est "l'alliance féconde de la géographie et du commerce", tout particulièrement autour de deux aires géographiques : le sud-ouest aquitain et ses forêts, et les territoires colonisés par la France aux XIXe et XXe siècles.

La collection témoigne ainsi du besoin d’accumulation de savoir des élites commerciales et intellectuelles bordelaises. On y trouve des récits de voyage illustrés des XVIe au XVIIIe siècles, des revues géographiques savantes du XIXe siècle, des études de développement économique ou des témoignages de la culture coloniale populaire. Un complément passionnant aux collections déjà riches de notre université en matière d’études africanistes, américanistes et asiatiques, mais aussi complexe à exploiter en ce qu’il témoigne du point de vue des élites occidentales de l'époque.

Le parcours d’une collection savante

Comment se constitue et circule une telle bibliothèque savante ? Dès 1874 une collection se forme par les dons des membres de la SGB et le soutien de différents ministères. À partir des années 1890, elle se professionnalise progressivement en se dotant d’un cadre de classement, d’un archiviste-bibliothécaire, d’un règlement, et d’un budget d’acquisition lui permettant de s’abonner aux principales revues savantes de géographie. En 1937, elle s’ouvre, au-delà des membres de la SGB, aux professeurs et étudiants de l’Université de Bordeaux.

Le parcours de cette collection voit se succéder plusieurs transferts, géographiques et institutionnels. La ville de Bordeaux propose en 1893 à la SGB un premier local à l’Athénée municipal (rue des Trois Conils), puis en 1939 elle déménage à l’Hôtel Ragueneau (rue du Loup) avec les autres sociétés savantes bordelaises. C’est à partir de 1974 qu’interviennent les institutions universitaires qui vont prendre en charge le sort de la bibliothèque de la SGB, d’abord cours Pasteur puis, à partir de 1983, à la bibliothèque pluridisciplinaire (cours Alsace-Lorraine). Le dernier transfert a lieu en 2019, entre Bordeaux et Pessac, alors que l’Université Bordeaux Montaigne devient récipiendaire de la collection.

Un transfert méthodique vers le campus de Pessac

Parmi les multiples transferts qu’a connu la collection, le dernier en date est celui qui a vu son déplacement du centre-ville de Bordeaux (bibliothèque pluridisciplinaire, cours Alsace-Lorraine) jusqu’au campus Montaigne à Pessac.

En 2018, la fermeture prochaine de la bibliothèque pluridisciplinaire oblige la SGB à trouver un nouveau dépositaire pour son fonds : ce sera l’Université Bordeaux Montaigne, où sont regroupés les enseignements de géographie.

Durant l’été 2019 a lieu un déménagement singulier, réalisé en interne et orchestré par Franck Duthoit, alors responsable de la bibliothèque de Géographie-Cartothèque, et Dominique Carrein, responsable du service Logistique de la DPIL. Sous leur conduite, l'équipe de la bibliothèque (Philippe Laymond, Elena Chiron et Cécile Garet) s'est mobilisée, assistée par les agents de la DPIL (Allaoui Salym, Samuel Kancel et Pascal d'Anna). L’opération est complexe : en pleine canicule, l’équipe de la bibliothèque mettra près de 10 000 documents dans plus de 600 cartons et les transportera en camionnette jusqu’à Pessac, en plusieurs allers-retours. Cette opération logistique efficace s'est déroulée sur trois semaines tout en maintenant l'ouverture de la bibliothèque au public et en surmontant les nombreux désagréments propres à tout déménagement : stationnement sur la voie publique, panne d'ascenseur lors du dernier chargement, manipulation dans des espaces exigus !

Le confinement de 2020 puis les travaux des bibliothèques universitaires de Pessac jusqu’en 2023 ont ensuite ralenti le traitement du fonds, jusqu’à ce qu’il trouve sa place définitive à la bibliothèque Rigoberta Menchú.

Un financement national pour un fonds remarquable

Que va devenir désormais cette collection ? L’obtention d’un financement par l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (Abes), va en permettre le signalement rétrospectif, c’est-à-dire l’intégration des documents aux collections universitaires par l’inventaire, le tri et le catalogage dans le Sudoc.

L’Abes co-finance un contrat, obtenu par Léa Adam, qui vient renforcer l’équipe en charge du traitement du fonds : Dominique Sabatier, Caroline Pham, et Alice Mauvillain pour le fonds ancien.

L’intégration dans les magasins de la bibliothèque Rigoberta Menchú, va permettre la consultation des documents contemporains par les usagers. Les ouvrages anciens, quant à eux, seront conservés à la Réserve de la bibliothèque Lettres et Sciences Humaines et consultables sur demande.

La prise en charge par la bibliothèque universitaire de la conservation et du traitement de cette collection la rend :

  • plus accessible à tous les publics et à l’activité de recherche et d’enseignement, notamment pour des ouvrages rares ou précieux comme l’Atlas de la navigation, et du commerce de Louis Renard (1739) ;
  • plus visible pour aider à une meilleure connaissance de la construction du savoir géographique des siècles passés (les étudiant·es et les chercheur·ses qui souhaitent en savoir plus sont invité·es à nous contacter) !

Quelques mots de Léa, in situ dans les compactus de la bibliothèque Rigoberta Menchú

"J'ai commencé le traitement en septembre 2025, avec un millier de documents répertorié depuis dont plus de 160 notices créées (correspondant à des unicas dans le SUDOC, c'est-à-dire des notices bibliographiques sur lesquelles un seul établissement est localisé). Précédemment, j'avais déjà mené un travail similaire au GeoDock, mais avec des documents plus récents.

On trouve des ouvrages dédicacés, de beaucoup de chercheurs locaux, notamment de l'Université de Bordeaux du XIXe et XXe siècles. Il y a aussi beaucoup de littérature grise, parfois aussi des rapports de mission.

Dans ce fonds, j'ai pu trouver des ouvrages ouvertement racistes, ça m'a choqué au début. Mais justement, c'est le reflet d'une société. On peut voir ainsi le changement des mentalités. Ce sont des réalités de l'époque, c'est utile de conserver cette documentation pour la recherche, pour qu'elle puisse être étudiée du point de vue historique. C'est un fonds qui est très riche, avec des travaux de terrain, intéressant aussi bien pour la sociologie que l'anthropologie et les autres sciences humaines. 

Ce fonds constitue vraiment une unité "Société de Géographie", on sait d'où ça vient, pourquoi tous ces documents ont été accumulés."

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Contact : scd @ u-bordeaux-montaigne.fr

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