Les noms et les fonds : une année avec Chloé Barthe, apprentie au Service commun de documentation - Université Bordeaux Montaigne

Bibliothèques

Les noms et les fonds : une année avec Chloé Barthe, apprentie au Service commun de documentation

Entre octobre 2024 et septembre 2025, Chloé Barthe a mené l'enquête sur les fonds donnés ou légués aux bibliothèques de l'université : tout au long de son année d'apprentissage, elle a donc plongé dans l'histoire de leurs collections, des origines à nos jours.

Une année avec Chloé Barthe

Quel était ton parcours avant de débuter cet apprentissage ?

Après une licence d'histoire, j'ai fait un master à l'Université Bordeaux Montaigne. En 2023, j'ai soutenu mon mémoire intitulé Les objets et les ornements liturgiques de la paroisse Saint-Michel de Bordeaux au XVIIe siècle, sous la direction de Nathalie Szczech (consultable en ligne).

Après une année de préparation du CAPES d'histoire, je me suis réorientée en m'inscrivant en licence professionnelle Bibliothécaire à l'IUT Bordeaux Montaigne, en apprentissage.

Comment s'est déroulée ton année au SCD ?

J'ai commencé l'apprentissage fin octobre 2024. Jusqu'en mars 2025, mon activité s'est principalement centrée sur la mission sous la responsabilité de Pascal Ricarrère-Caussade, mon maître d'apprentissage, mais j'ai tout de même beaucoup appris ; c'était enrichissant. En fait, cette mission, c'était quasiment une mission d'historienne.

À partir de mars, j'ai fait d'autres choses : l'accueil et le renseignement des publics, l'entretien et le catalogage des collections.

Comment as-tu procédé pour identifier ces fonds ?

Au début, Pascal m'a transmis des documents numérisés (registres, documents patrimoniaux… certains disponibles sur 1886) et des rapports existants (rapport Dussaussois…) en m'expliquant ma mission : constituer une base de données des fonds entrés par voie extraordinaire.

J'ai pu voir aussi ce que Muriel Jayles avait déjà fait (inventaire de chaque document de ces fonds, entré depuis 2018) et enquêter avec Alice Mauvillain sur les documents patrimoniaux.

On a d'abord travaillé sur des éléments connus, relatifs aux fonds les plus anciens.

J'ai été étonnée par la volumétrie de certains dons. J'ai aussi été frappée par la variété de toutes les marques de provenance (tampons, ex-libris, ex-dono...) utilisées pour identifier les documents, ça m'a permis de retracer l'histoire des livres et comment ils sont arrivés là.

Quelles facettes des bibliothèques as-tu découvertes ?

Qu'il y en avait plein justement ! Par exemple, la facette services aux publics, au contact des étudiants, la facette conservation quand on a fait le récolement ou que j'ai discuté avec Alice Mauvillain ou Julien Baudry, la facette catalogage avec Marc Joffroy et Sylvie Larmaraud.

J'ai choisi de postuler en BU, je savais donc un peu à quoi m'attendre en arrivant.

Qu'as-tu retenu de ton apprentissage ?

Que bibliothécaire, c'est un métier très complet, qui ne s'arrête jamais. Il y a plein de choses à faire, on est sur une quantité importante de taches, mais il y a parfois un manque de temps et de moyens.

On a des trésors dans les magasins et la réserve, mais ça prend du temps de les connaître et les faire connaître. Je pense que ma mission a pu aider, mais pour aller plus loin, il faut prendre encore du temps.

Pour finaliser son année d'apprentissage au sein du SCD, avec l'aide des collègues associés à son travail, une base de données concernant les fonds donnés ou légués aux bibliothèques de l'Université Bordeaux Montaigne a été constituée.

Elle sera prochainement consultable par la communauté universitaire et le grand public : projet à suivre...

Grâce au récolement (état des lieux) des collections entrepris depuis janvier dans le magasin du 9e étage de la bibliothèque Lettres et Sciences humaines et au travail de Chloé, une première enquête a permis d'identifier une dizaine d'ouvrages issus de la bibliothèque de l'ancienne Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, livrant une traversée dans la vie scientifique du XVIIIe siècle.

Depuis septembre 2025, Chloé est en poste dans un collège en tant que professeure documentaliste.

Quelques mots de Pascal Ricarrère-Caussade

Comment s'est déroulée ton année en tant que maître de stage ?

Comme un charme ! Travailler avec Chloé a été très enrichissant.

D'où vient l'idée de travailler sur ces fonds ?

Cette mission trottait déjà depuis longtemps dans l’esprit de Valérie Chandelier, responsable du Pôle Collections Arts, Lettres et Sciences humaines du SCD.

Lorsque j'étais moniteur, il y a déjà plus de 20 ans, j’avais découvert, avec Marc Joffroy, l’existence de ces fonds entrés par voie extraordinaire. Les documents composant les plus anciens de ces fonds, souvent patrimoniaux, étaient signalés dans le catalogue, mais bien d’autres ne l’étaient pas encore. Les fonds eux-mêmes n’étaient pas décrits ou ne faisaient l’objet que de courtes notices. Déjà, Valérie Chandelier souhaitait travailler à l’identification et au signalement de ces fonds, nombreux et volumineux.

Sa ténacité, sa volonté d’intégrer ce signalement aux outils informatiques professionnels (SIGB Alma, 1886, etc.) – comme cela se faisait autrefois dans les registres manuscrits – mais aussi la rénovation récente des bibliothèques de l'université et la réception de nombreux et volumineux dons et legs ces dernières années l’ont conduite à proposer, en collaboration avec Julien Baudry, cette mission portant tout autant sur les collections patrimoniales que sur les collections courantes.


Muriel Jayles, au sous-sol de la bibliothèque Lettres et Sciences humaines
Quels ont été les objectifs de la mission ?

Depuis 2018, Muriel Jayles alimente l'inventaire de tous les documents entrés récemment, avant leur signalement dans le catalogue Babord+. La mission confiée à Chloé a consisté à effectuer les recherches relatives aux fonds eux-mêmes (nature, origine, date, volumétrie, etc.) et de constituer, dans 1886, les notices descriptives correspondantes, en prévision de leur valorisation.

Il s’agit bien sûr de valoriser les documents et les fonds, mais aussi valoriser et remercier celles et ceux, donateur·rices et légateur·rices (étudiant·es, enseignant·es, chercheur·ses, bibliothécaires, autres personnels de l'université, personnes extérieures à l'université), qui régulièrement depuis le XIXe siècle, ont offert quelques ouvrages ou l’entièreté de leur bibliothèque à notre communauté.

Il n’est pas question que de collections patrimoniales ici. Une part seulement de ces collections sont des fonds anciens, rares ou précieux, à l’instar de la correspondance ou des photographies léguées par l’historien et archiviste Jean-Auguste Brutails et des volumes issus de la bibliothèque de l'Académie royale de Bordeaux, l’une des premières bibliothèques publiques en France au XVIIIe siècle.

Mais il y a aussi tous les dons composés de très nombreux documents d’usage courant, lesquels viennent compléter les collections et remplacer aussi des exemplaires usagés.

Cette mission était donc essentielle pour la communauté universitaire. Le travail effectué par Chloé permet à la fois d'harmoniser la gestion des dons et des legs avec celle des autres collections, mais elle permet aussi de valoriser les fonds entrés récemment ou de longue date et d'identifier des fonds qui ne l'étaient pas jusqu’alors.

Quelques legs et dons remarquables

Le dernier legs reçu par le SCD est celui de Philippe Durand, castellologue et historien de l'art du Moyen Âge, maître de conférence à l'Université Bordeaux Montaigne jusqu'en 2016 et disparu en 2021.

Parmi les autres fonds identifiés :
- ceux de Françoise Bonney, de Paul Butel et Pierre Guillaume, qui n'avaient aucune identification préalable ;
- celui constitués des ouvrages que Jacques Gardelles avait donnés à l’université et qui constitua la bibliothèque du Centre Léo Drouyn.

Comment donner des documents aux bibliothèques de l'université ?

Depuis octobre 2025, après l'adoption d'une charte des dons par l'établissement, le SCD a mis en place un formulaire disponible en ligne pour faciliter le traitement des propositions de dons et améliorer le suivi.

En savoir plus +

En une année, c'est l'histoire des collections de l'université et l'histoire des collections avant qu'elles n'y arrivent qui ont été esquissées par Chloé Barthe et l'ensemble des personnels du SCD avec lesquels elle a pu travailler, échanger, enquêter.

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