Camille Moulinier, lauréate du Prix Robert Coustet 2023 - Université Bordeaux Montaigne

Distinctions

Camille Moulinier, lauréate du Prix Robert Coustet 2023

Camille Moulinier, doctorante au Centre de recherche en histoire de l’art F.-G. Pariset (UR 538), a obtenu le prix Robert Coustet 2023 pour son mémoire de maîtrise : La réception des Quartiers Modernes Frugès (1926-2016). Entre idéal social et artistique, la construction d’un discours critique et l’interprétation d’une expérience architecturale au cours des XXe et XXIe siècles. Ce mémoire, dirigé par Gilles Ragot, a été soutenu en 2018.

La remise du prix s’est déroulée le 21 mai, dans les salons de la mairie de Bordeaux. Les prix ont été remis par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, et de Maxime Lebreton, président fondateur de Mécénart, président du jury du Prix Coustet.

En portant son attention sur la réception de la cité Frugès à l’échelle locale, nationale et internationale, le tout sur près d’un siècle, Camille Moulinier a signé un travail aussi scrupuleusement documenté que novateur. Elle a su confronter l’opinion des spécialistes – architectes, critiques et historiens – à celle des habitants.

Une étude de la cité Frugès

En 1982, Robert Coustet signait dans les pages de Sites et monuments un vibrant plaidoyer intitulé « Peut-on sauver la cité Frugès ? » L’historien de l’art alertait alors sur l’état de dégradation de cet ensemble majeur, tant dans l’œuvre de Le Corbusier que dans l’histoire de l’architecture du XXe siècle. Un an après la mort de son architecte, en 1965, le maire de Pessac, Jean-Claude Dalbos, avait entrepris des démarches pour faire classer la cité aux Monuments historiques. Cette initiative, longtemps infructueuse, n’avait débouché, en 1980, que sur le classement d’une maison.

Robert Coustet recommandait dans son article l’acquisition d’une maison témoin par la mairie, ce qui fut fait en 1983, et on lança à cette époque une première étude afin de mettre en place une politique de restauration et de sauvegarde de l’ensemble des 51 maisons, construites dans les années 1920 par Le Corbusier et son cousin, Pierre Jeanneret, à la demande de l’industriel bordelais Henry Frugès. Cet ensemble proposait des solutions innovantes pour résoudre les problèmes du logement social.


La cité Frugès (source : Le Corbusier, « Pessac », L’Architecture vivante, automne-hiver 1927, p. 29-32)
La cité Frugès a suscitée de nombreuses critiques à l’époque de sa création. Elle a fait l’objet de multiples transformations de la part de ses habitants avant qu’un processus de revalorisation et de patrimonialisation ne se mette en place et débouche sur un classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016, sur la liste de l’œuvre architecturale de Le Corbusier. Gilles Ragot fut l’un des principaux artisans de cette entreprise.

L'étude de Camille Moulinier montre que la cité Frugès, au-delà des critiques reçues, est passée relativement inaperçue à Bordeaux et dans sa région, que sa modernité, souvent incomprise, fut perçue par le grand public comme non familière, étrange, voire étrangère puisqu’elle semblait faire écho à l’architecture méditerranéenne ou orientale.

Un travail qui dépasse l'histoire locale

Parallèlement, Camille Moulinier étudie pour la première fois en détail le large écho qu’elle a suscité dans le milieu architectural, en France et à l’étranger, tout au long du XXe siècle, dans l’entre-deux-guerres mais également bien plus tard, dans les années 1970, lorsque l’architecture moderne et ses principes sont contestés. La cité se retrouve alors au cœur du débat architectural international, notamment dans les propos d’un architecte américain, Charles Jencks, qui la prend en exemple pour affirmer la mort de l’architecture moderne en 1977.

Les enjeux de ce mémoire dépassent donc de loin l’histoire locale : Camille Moulinier a signé par cette entrée un travail éclairant sur les conditions d’émergence et d’affirmation de l’architecture moderne, de son renouvellement, des débats auxquels elle a donné lieu, puis de sa patrimonialisation.

Cette actualité a été réalisée en reprenant les éléments du carnet du Centre de recherches en histoire de l’art – F.-G. Pariset (UR538).

Le Prix Robert Coustet

Le professeur Robert Coustet, décédé le 19 septembre 2019, était professeur émérite de l’Université Bordeaux Montaigne en Histoire de l’Art, grand spécialiste de la ville de Bordeaux et de ses artistes.

L’Association Mécénart, qui développe l’action des entreprises en faveur de l’Art et de la Culture, a décidé d’entretenir la mémoire de Robert Coustet en créant deux prix annuels, dits "Prix Robert Coustet". Un de ces prix est décerné à un·e chercheur·se âgé·e de moins de 45 ans, dont les travaux traitent de l’Art et/ou de l’Histoire de l’Art à Bordeaux et dans la région.

En savoir plus sur Robert Coustet

Les musées de Bordeaux rendent hommage au professeur Robert Coustet

Photographie du musée d'Aquitaine, musér des Beaux-Arts et de Robert Coustet

Du 24 février 2020 au 5 octobre 2020

Le musée d’Aquitaine et le musée des Beaux-Arts rendent hommage à Robert Coustet, esthète, philanthrope, historien de l’art et Professeur émérite à l’Université Bordeaux Montaigne. Exposition "L'intelligence de l'œil" au musée des Beaux-arts est prolongée jusqu'au 5 octobre.

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