Dans l'atelier de Deleuze, ou comment philosopher avec les peintres, les critiques et les historiens d'art - Université Bordeaux Montaigne

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Dans l'atelier de Deleuze, ou comment philosopher avec les peintres, les critiques et les historiens d'art

Du 9 au 10 octobre 2024 à l'Université Bordeaux Montaigne. Ce colloque interdisciplinaire est organisé par Thomas Detcheverry et Marina Seretti (département de philosophie).

Mercredi 9 octobre 2024, de 14h à 18h30, BUDL 608, salle de projection de la Bibliothèque Universitaire
Jeudi 10 octobre 2024, de 9h à 17h, salle des thèses, Maison de la Recherche

Colloque interdisciplinaire

Pour Deleuze, la philosophie, l'art et la science sont des activités qui se distinguent par ce qu'elles créent. La philosophie de l'art, telle que Deleuze la conçoit et la pratique, a pour but de former des concepts qui rendent compte de l’acte de création propre à chaque forme d’art, qu’il s’agisse de cinéma ou de peinture. Que signifie créer en peinture ? Cette question sert de fil d’Ariane à l’ouvrage qu’il consacre à Francis Bacon, Logique de la sensation (1981). Pour y répondre, Deleuze fait appel au concept de sensation. L'image picturale n'est pas représentative, parce qu'elle n'est jamais subordonnée à un texte ou à un monde qui en épuiserait le sens, le référent ou la vérité. Elle n’est jamais réductible à la figuration, à l'illustration ou à la narration, raison pour laquelle Deleuze récuse l'opposition du figuratif au non-figuratif. Peindre n’est pas figurer, illustrer ou narrer, mais bien davantage donner à sentir, à travers l’expérience de la couleur et la ligne.

Or cette opposition entre représentation et sensation, Deleuze ne la construit pas seulement à partir d’un corpus philosophique mais en puisant au moins à trois autres sources : l’histoire de l’art, la critique et la peinture elle-même, à travers les écrits ou propos d’artistes. Qu’il s’agisse du « diagramme », de la « catastrophe », du « gris » ou de la « cosmogenèse », Deleuze accorde toute son importance à la parole des peintres, celle de Bacon, de Cézanne, de Klee et bien d’autres. Il les commente avec autant sinon plus de soin que celui qu’il accorde aux historiens d’art, notamment Wölfflin, Worringer ou Riegl, auquel il doit le concept d’haptique (« haptisch », tactile par opposition au visuel, « optisch »). Il fait aussi appel aux critiques d’art tels que Greenberg, Fried ou Rosenberg, que ce soit pour réfuter ou poursuivre certaines de leurs propositions – ainsi de l’action painting comprise comme la « conversion de l’horizon en sol », du visuel au tactile. L'étude des sources, réseaux textuels et matériaux théoriques très divers auxquels Deleuze s'est confronté dans son étude sur la peinture, sera à n’en pas douter renouvelée par l’événement éditorial que constitue la récente publication des cours sur la peinture de 1981. Cette première édition scientifique que l’on doit à David Lapoujade fait apparaître un vaste continent – plus de 500 heures de cours – encore peu exploré par les spécialistes, un laboratoire fertile en hypothèses, tâtonnements ou expérimentations, dont certaines seulement ont été reprises dans l’oeuvre écrite, parfois de manière elliptique et condensée. À maints égards, les cours sur la peinture se présentent comme l'envers du livre sur Bacon publié la même année. Ils en font paraître la fabrication souterraine, et nous permette d’interroger à nouveaux frais cette manière de créer que constitue pour Deleuze l’activité philosophique.

Dans ce colloque, occasionné par cet événement éditorial, il s'agit de montrer en quels sens et de quelles manières la philosophie de Deleuze sur la peinture s'est construite en confrontation avec des productions théoriques non-philosophiques – en particulier celles des peintres, des critiques et des historiens de l'art. L’enjeu de ce colloque est de faire le portrait d'un « Deleuze dans l’atelier », ouvert aux réflexions des peintres, des critiques et des historiens, et plus largement d’interroger la capacité de la philosophie à penser non pas tant sur l’art qu’avec lui, avec ces premiers penseurs que sont les artistes eux-mêmes.

Télécharger le programme (au format PDF)

Contacts

Thomas Detcheverry (thomas.detcheverry @ hotmail.fr)

Marina Seretti (maseretti @ gmail.com)

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