Le 24 novembre 2025

Mis à jour le 31 octobre 2025
Parce que l’Université Bordeaux Montaigne est l'université bordelaise spécialiste des Arts et Lettres, elle souhaite mettre à l’honneur Joy Harjo. Poétesse et musicienne muskogee, elle est une figure incontournable de la littérature autochtone états-unienne et de la littérature mondiale.
Lundi 24 novembre à 18h dans l’amphi 700, 
Alexandre Péraud, président de l’Université Bordeaux Montaigne, remettra les insignes de Docteure Honoris Causa à Joy Harjo 
L’éloge sera prononcée par Lionel Larré, professeur des universités, spécialiste de civilisation américaine et Margaux Valensi, maîtresse de conférences en littérature comparée.
Événement ouvert au public.
Joy Harjo est une poétesse et musicienne muskogee, installée en Oklahoma. Depuis 1975, elle a publié de nombreux recueils de poèmes, des mémoires et des essais, a reçu d’innombrables prix et fut la première poétesse autochtone à être consacrée Poet Laureate des États-Unis (2019-2022). Elle est aujourd’hui une figure incontournable de la littérature autochtone états-unienne et de la littérature mondiale. Son dernier ouvrage, Girl Warrior, est sorti en octobre aux États-Unis.
« Je suis née fragile, femme et indienne sur des terres qui nous ont été volées. Beaucoup des nôtres ont oublié les chants et les récits. Mais d’autres, en secret, ont entretenu le feu des chants et des récits pour perpétuer notre culture.» Lorsque la poétesse écrit ces mots dans son récit autobiographique Crazy Brave (2012), elle formule une ambition esthétique qui, d’une part tisse une correspondance entre la poésie et la musique, et d’autre part dote de nouveau la poésie états-unienne d’une visée historique.
En effet, en tant qu’artiste muskogee du 21ème siècle et citoyenne états-unienne, Joy Harjo revendique l’inscription de sa pratique, que celle-ci soit musicale ou littéraire, dans un champ et une Histoire qui excèdent ceux d’une communauté, d’une langue et d’un public. Sa formation à l’Institut des Arts Amérindiens de Santa Fe, puis à l’Université du Nouveau Mexique, et les rencontres qu’elle y fait, permettent à Joy Harjo de développer une conception politique, souvent militante, des arts. La puissance de son chant poétique repose sur le travail conjoint du matériau historique et de la « langue de l’ennemi », l’anglais : les premiers recueils, The Last song (1975) ou She Had Some Horses (1983), sont emblématiques de la manière dont « le « germe » de son écriture prend racine « dans le cercle des Anciens de [sa] nation tribale », et d’autres, plus tardifs, comme An American Sunrise (2019), sont l’occasion d’affirmer sa solidarité, sinon sa sororité, avec d’autres voix « américaines » : celles de Simon Ortiz, de Leslie Marmon Silko, d’Adrienne Rich, d’Audre Lorde ou encore de Langston Hughes.
En poésie comme dans son travail éditorial, il s’agit pour Joy Harjo de redéfinir les contours d’une certaine idée de l’Amérique : la conception d’anthologies telles que Reinventing the Enemy's Language (1997) ou Living Nations, Living Words: An Anthology of First Peoples Poetry (2021) restaure la visibilité et l’audibilité de voix poétiques autochtones, en particulier celles des femmes.
La « carte du monde à venir » (A Map to the Next World, 2000) que ne cesse de dessiner la poétesse établit à nouveau, également, un continuum entre les arts qui avait été perdu. Ses productions musicales constituent une autre facette de sa production et correspondent, au sens baudelairien du terme, étroitement avec sa poésie : des albums tels que Letter from the End of the Twentieth Century (1997), She Had Some Horses (2006) ou I Pray For My Enemies (2021) sont emblématiques de la manière dont la musique, en particulier le jazz, constitue un enjeu essentiel de cette cartographie nouvelle que la poétesse appelle de ses vœux.
Ce parcours inédit et militant a valu à Joy Harjo de nombreuses reconnaissances institutionnelles, en particulier celle de « Poet Laureate of the United States » (2019-2022).
Elle recevra le 24 novembre 2025 le titre de Docteure Honoris Causa de l’Université Bordeaux Montaigne, une université qui célèbre cinquante années d’études autochtones en recherche et en formation.
Vous pouvez consulter l'article Wikipédia consacré à Joy Harjo
L’Université Bordeaux Montaigne a déjà remis le titre de Docteur Honoris Causa à d’éminentes personnalités scientifiques et penseurs, tels les prix Nobel de littérature José Saramago et Mario Vargas Llosa, la philosophe américaine spécialiste des études de genre Judith Butler, l'ancien secrétaire général de l’organisation internationale de la francophonie, ancien président du Sénégal Abdou Diouf, ou encore en 2013, le philosophe allemand Axel Honneth, en 2015 la célèbre musicienne et compositrice finlandaise Kaija Saahariao, en 2018, Richard Dyer, historien et théoricien du cinéma, en 2019, Patricio Guzmán, artiste engagé, cinéaste et documentariste chilien en 2020, à Ibrahima Thioub, historien sénégalais spécialiste de l’esclavage et enfin en 2023 à Trina Robbins, historienne de la bande dessinée et militante féministe américain.
Ce titre de Docteur Honoris Causa est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées par les universités françaises pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France ou à l’université ».
Voir la liste des docteurs Honoris Causa de l'Université Bordeaux Montaigne