Mis à jour le 29 septembre 2025
Chères et chers collègues,
Chères étudiantes, chers étudiants,
Les événements géopolitiques qui secouent le Moyen-Orient et, tout particulièrement le traitement dont est l’objet la population de Gaza, suscitent en nous une légitime indignation.
Je n’interviens que de manière mesurée dans le débat public pour éviter d’engager la parole universitaire dans la mêlée médiatique. Mais je crois nécessaire aujourd’hui de vous écrire car l’université est sciemment utilisée comme arène par des forces politiques antagonistes. D’un côté, ceux qui conspuent le « wokisme » et taxent éhontément l’université d’antisémitisme ; de l’autre, des militants qui accusent les établissements d’enseignement supérieur d’inhumanité parce qu’ils n’ouvriraient pas grandes leurs portes aux réfugiés gazaouis.
Je le répète solennellement, les agissements de l’État d’Israël sont inadmissibles et nous ne pouvons que rejoindre les propos d’António Guterres, Secrétaire général de l’O.N.U. : « la destruction massive de quartiers, la famine organisée, les hôpitaux hors d'usage, l'exode forcé (…) sont moralement, politiquement et légalement intolérables ».
Face à cela, l’Université Bordeaux Montaigne continue à agir en responsabilité. Comme elle le fait, en pionnière, depuis 7 ans, au fil des crises syrienne, ukrainienne et maintenant palestinienne, elle œuvre de manière volontariste en faveur des réfugiés. Concernant Gaza, nous sommes depuis six mois en contact avec les associations de terrain et avons déjà délivré deux lettres d’admission et trois sont en cours. Par ailleurs, nous nous apprêtons à accueillir six étudiantes afghanes. Nous continuons bien entendu, grâce à Camille Nau (Cheffe de projet accompagnement des étudiants et chercheurs migrants, réfugiés, exilés), à étoffer les dossiers des étudiantes et étudiants souhaitant rejoindre notre pays pour poursuivre leurs études. Car il ne suffit pas de délivrer une inscription. Outre le fait que celle-ci serait, réglementairement, sans valeur, nous devons fournir, pour chaque demande, des éléments solides (détails précis sur le cursus, accord des enseignants) augmentant les chances des dossiers d’être validés. Nous fournissons ces éléments, au prix d’un travail minutieux, et nous nous assurons également que des conditions d’accueil satisfaisantes seront réunies. En effet, par-delà l’obligation réglementaire imposée à chaque candidat·e à l’exil de disposer – sur le compte d’une fondation ou d’une association – d’une somme de 8 400€, il faut être sûr qu’ils ou elles disposeront d’un toit et de soutiens. Je m’excuse de devoir être aussi précis, mais ces éléments – qui ne sont pas des détails pour le quotidien des réfugiés à venir – doivent être portés à la connaissance de toutes et tous pour éclairer le lourd travail que font les services de l’université. J’en profite pour saluer la conscience professionnelle et le militantisme de nos collègues. Sachez enfin que nous sommes en recherche de mécènes.
Oui, nous sommes très engagés et je refuse les polémiques qui desservent la cause que déclare défendre tel ou tel groupe politique. Si nous avons effacé cette semaine une fresque en faveur de Gaza, c’est parce que leurs auteurs ont sciemment enfreint les règles du vivre ensemble. Nous avions d’emblée demandé aux peintres d’interrompre leur œuvre en leur proposant un autre mur car l’espace de la galerie qu’ils ont investi, illégalement et sans demande, était de longue date réservé par l’association des personnels pour réaliser une fresque dans le cadre d’Octobre rose. La fresque ne peut être conservée car l’université doit aussi tenir sa parole dans la lutte contre le cancer.
La tragédie de Gaza mérite mieux que des polémiques et je sais pouvoir compter, dans l’hypothèse où des étudiants voire des enseignants gazaouis pourraient gagner l’Université Bordeaux Montaigne, sur votre mobilisation pour leur assurer le meilleur accueil. Sur ce point, un vademecum relatif à l’accueil d’urgence des candidats en situation d'exil sera prochainement diffusé auprès de la communauté.
Je vous prie d’agréer, chères et chers collègues, chères et chers étudiants, mes salutations les meilleures.
Alexandre Péraud
Président de l’Université Bordeaux Montaigne
(1) Comme signalé dans le mail à la communauté en date du 5 septembre, les collègues sollicités pour un accueil sont invités à se tourner vers Camille NAU, responsable de l'accompagnement des publics migrants et exilés dans notre université, de manière à ce que l'accueil de ces personnes se fassent dans les meilleures conditions.
Pour garantir un suivi adapté aux situations individuelles et conforme aux pratiques en vigueur, nous vous remercions de bien vouloir transmettre systématiquement toute demande à l’adresse suivante :
etudiants-en-exil@u-bordeaux-montaigne.fr (etudiants-en-exil @ u-bordeaux-montaigne.fr)
Camille Nau, qui gère cette boîte mail, assure une veille régulière des évolutions réglementaires et peut ainsi orienter les candidats ou leurs soutiens vers les démarches les plus appropriées, au cas par cas.