Juillet 8 - Jean-Luc Bergey - Université Bordeaux Montaigne

Elaborations textuelles, genres discursifs et apprentissages linguistiques médiés par les Learning Management Systems (plateforme de formation)

Doctorant: Jean-Luc Bergey

 

Date: 08 juillet 2016 à 09h00
Lieu: Université Bordeaux Montaigne
Bâtiment Accueil 2ème étage- Salle des thèses
Esplanade des Antilles
33600 Pessac

Résumé

 

Notre thèse s’inscrit dans le domaine de la didactique de l’enseignement-apprentissage (E/A) des langues. Elle s’appuie pour sa partie pratique sur l’installation et le déploiement d’un dispositif logiciel d’enseignement-apprentissage constitué d’un Learning Management System (le LMS « Moodle »). Ce dispositif élaboré pour l’enseignement du FLE (de B1 à B2 du CECRL) cherche à articuler un apprentissage présentiel avec un appareillage d’activités d’E/A accessible à distance. Cette approche d’hybridation de cours dite « blended learning » s’adosse théoriquement à une description analytique de l’évolution du web et notamment des pratiques potentielles d’E/A s’adossant au web de 2e génération (dit « web 2.0 », « social » ou « collaboratif »). Selon nous, cette évolution des techniques du web, en impliquant un changement de modèle de circulation des informations et des données questionne profondément l’acte d’apprendre et d’enseigner. Ce nouveau modèle web 2.0, qui demeure évolutif, y est donc questionné à l’aune des principales théories du développement et de l’apprentissage et de leurs concepts-clés transversaux. Il s’agit d’exposer notamment les conditions d’une alliance fructueuse entre les technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE), desquelles sont issus les LMS, et les approches didactiques issues du socioconstructivisme.
D’une part, cette étude vise par contraste avec la typologie des textes, à identifier et proposer des éléments d’analyse d’une forme de l’activité langagière que nous nommons « genre discursif », considérant que le web de 2e génération (« web social ») permet d’impliquer des apprenants de FLE dans des activités d’appréhension, de compréhension et de productions langagières de genres de discours caractérisés par leur ancrage dans des activités sociales réelles. Ainsi produire un genre discursif ciblé s’inscrit-il également dans la perspective actionnelle prônée par le CECRL.
D’autre part, grâce à une synthèse d’outils de mesure de profils d’apprenants (test ISA - inventaire des styles d’apprentissage, Talbot et al., 2001, 2008), nous cherchons à identifier des styles d’apprentissage liés à des profils cognitifs d’apprenants. L’identification de ces profils cognitifs (styles d’apprentissage), doit permettre une définition de stratégies débouchant sur un scénario d’E/A spécifique au contexte blended learning et par conséquent à une articulation synergique entre activités d’E/A présentielles/distantielles. Notre recherche vise notamment à révéler des corrélations entre les profils d’apprenants déterminés et l’exploitation pédagogique de certains outils logiciels associés aux LMS (par exemple, le « glossaire » lié à Moodle, le raffinement de son exerciseur intégré ou encore un logiciel tiers de mind mapping collaboratif).
Afin d’étayer notre analyse, nous commentons une expérience de cours hybrides (présentiel et en ligne) élaborés pour un échantillon réduit d’apprenants progressant du niveau B1 à B2 du CECRL. Lors de trois phases distinctes d’enseignement, nous avons testé, en parallèle d’un programme de cours institutionnel, un accompagnement à partir d’un dispositif Moodle destiné à la compréhension et la production de séquences de micro-activités langagières. Il s’agissait d’y éprouver un modèle de scénario dédié à la compréhension-production d’un genre discursif (par exemple, pour l’une de ces phases : la production d’une critique cinématographique) ; ces phases d’expérimentations ont été conduites en parallèle des programmes de cours au sein de plusieurs institutions d’accueil (formation d’étudiants Erasmus dans un département de langues et cultures, cours intensifs d’été en alliance française, et remédiations en français pour des étudiants allophones en 1re année de LEA lors d’une phase ultime).
Plus précisément, ce travail expérimental (recherche-action) nous a amené à approfondir les questions théoriques suivantes :
• la distinction entre la notion statique de « type de texte », abstraite des conditions de production et de réception et celle de « genre discursif » inhérente à une activité sociale par nature composite et dynamique ;
• l’analyse de la structuration fondamentale du LMS Moodle qui nécessite, pour son exploitation en contexte blended learning, de repenser l’articulation entre les deux modalités (présence/distance) comme lieu d’une synergie et non comme juxtaposition de strates ;
• les conditions d’une intégration de « profils cognitifs d’apprenants », notion à discuter d’ailleurs, à l’exploitation d’outils logiciels spécifiques à l’apprentissage linguistique.
Ce questionnement théorique nous a permis non seulement d’asseoir notre expérimentation mais aussi de faire quelques propositions théoriques dont notamment : il faut reconfigurer les usages de Moodle afin de passer de la notion de LMS à celle de LLMS (Language Learning Management System), c’est-à-dire concevoir l’adaptation et/ou l’intégration d’outils et processus spécifiques destinés aux apprentissages linguistiques. En outre, les spécifications que nous proposons pour des LLMS seraient, selon nous, adaptées à des contextes universitaires (par exemple des formations FOU/FOS, remédiations pour publics allophones et certifications de français universitaire). En menant de pair travail théorique et expérimentations de terrain (tests ponctuels, phasages d’expérimentations), notre recherche nous permet de préfigurer les conditions nécessaires à cette intégration et donc de proposer un modèle de LLMS opératoire dans le cadre de la didactique de l’E/A des langues.
En outre, notre approche globale, de par la recherche de corrélations potentielles entre styles d’apprentissage et modèle de scénario adapté au contexte blended learning intégrant des apports du web 2.0, se réclame d’un ancrage socioconstructiviste et cognitif : c’est-à-dire à considérer l’apprenant en tant que sujet cognitif, acteur de son apprentissage, s’inscrivant dans un processus pour « apprendre à apprendre » ; par conséquent, une démarche d’autonomisation propre au long life learning.

 

 

 

 

 

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