Juillet 15 - Blandine Schmidt - Université Bordeaux Montaigne

Radioraphie de l'interactivité radiophonique

Doctorante : Blandine Schmidt

 

Date: 15 juillet 2016 à 09h30
Lieu: Université Bordeaux Montaigne
Maison de la recherche- Salle des thèses
Esplanade des Antilles
33600 Pessac

 

Résumé: 

Ma thèse porte sur les dispositifs interactifs dans le cadre médiatique. Plus particulièrement,
mes recherches se concentrent sur les émissions service interactives à la radio, c'est-à-dire
celles proposant d’aider les auditeurs dans leur quotidien. Ces derniers sont invités à entrer en
contact avec la station pour délivrer leurs témoignages et exposer leurs difficultés. Le média
est là pour les soutenir, les guider, les conseiller et même parfois pour résoudre leurs
problèmes.
Les outils permettant la mise en place d’une relation interactive se sont aujourd’hui multipliés
en particulier grâce à l’utilisation du web par les radios en parallèle des diffusions sur les
ondes hertziennes. Dans ce cas, les stations de radios sont-elles actrices ou outils de médiation
? Les publics sont-ils instrumentalisés ou se saisissent-ils de ces espaces médiatiques de
manière autonome ? En prenant en compte l’évolution en cours du média radiophonique, le
développement, l’intrusion ou l’imbrication des nouvelles technologies avec des formes
médiatiques plus traditionnelles, nous souhaitons mettre en lumière les relations de corrélation
ou de causalité, voire de concomitance qui relient les évolutions en cours des uns et des
autres, et leurs accommodations par les publics.
Dans l’optique d’établir un état des lieux des connaissances et des recherches déjà entreprises
sur ce média, je détaille ses composantes techniques et organisationnelles. Je porte également
mon attention sur les contenus diffusés et les différents modes d’écoute contemporains. Puis,
revenant sur les diverses acceptions du terme interactivité, je m’attache à distinguer et définir
les différentes relations entretenues entre un auditeur et le média contacté.
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À travers l’analyse des relations interactives dans le cadre radiophonique, j’ai réalisé un
schéma conceptuel pour évoquer la manière dont les stations ont intégré les outils sur internet
dans leurs contenus. Je traite des bifurcations observées dans la relation entre la radio et son
public. Pour cela, je propose une analyse qui distingue le champ, le hors-champ et le surchamp
radiophonique.
En continuité avec les réflexions d’Edward T. Hall sur la proxémie, j’ai tenté de développer le
concept de proxémie radiophonique. Inspirée par les propos de Lucienne Martin sur le
language sur internet, j’ai eu l’ambition de poursuivre les travaux d’Edward T. Hall et de les
transposer au domaine radiophonique concernant la relation interactive entre le média et les
auditeurs. À l’instar de l’anthropologue américain, je propose de distinguer la distance
d’écoute, la distance d’interaction et la distance de contiguïté dont je me suis essayée à
différencier, pour chacune d’entre elles, un mode proche et un mode éloigné. En analysant
l’appropriation du territoire dans le cadre de l’écoute d’un programme radiophonique
interactif, j’ai mis à jour différents statuts d’auditeurs selon leurs implications sensorielles et
mentales.
Une partie conséquente de mes recherches concernent Menie Grégoire, animatrice radio sur
RTL de 1967 à 1981. Son irruption sur les ondes a bouleversé le paysage radiophonique
français par l’institution du premier programme de confession. Rompant la frontière entre la
sphère privée et la sphère publique, elle a contribué à libérer la parole au sein d’une société
vivant des mutations sociales importantes. Les thématiques évoquées à l’antenne traitaient de
situations de conflits ou de troubles dans la vie intime, familiale ou professionnelle. Sur un
ton consolateur ou accusateur, l’animatrice savait écouter, conseiller et orienter les appelants.
Je me suis attachée à mieux comprendre la place tenue par l’animatrice, les dispositifs mis en
place mais également l’impact de ce programme auprès des auditeurs de la station.
Après une contextualisation du sujet, je traite du contenu de l’émission en expliquant son
déroulement, les dispositifs interactifs mis en place avec les auditeurs, la place de l’animatrice
et le rôle des différents membres de l’équipe. Je reviens également sur les méthodes
appliquées hors antenne pour le traitement du courrier et des appels des auditeurs ainsi que
sur les documents produits en interne. En optant pour un point de vue plus global, je confronte
ensuite les thématiques traitées à l’antenne avec le contexte social de l’époque. Je m’interroge
ainsi sur l’impact de ce programme auprès du public afin de savoir s’il est possible de parler
de phénomène sociétal. J’expose enfin les soutiens que l’animatrice a reçu et sur les critiques
qui lui étaient destinées.
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Mon propos en vient ensuite à « l’après Menie Grégoire » en revenant sur les initiatives
radiophoniques qui ont suivi, en réponse au succès de cette émission sur RTL. En effet, il est
possible d’observer à cette époque une multitude d’émissions interactives se proposant
d’aider les auditeurs face à leurs difficultés personnelles. Certaines personnalités comme
Françoise Dolto ou Madame Soleil sont ainsi passées en revue. Je traite dans ce sens du
phénomène « radio bobo » qui n’a cessé d’évoluer au cours des années.
Concernant les deux émissions de mon terrain de recherche principal, « Ça peut vous arriver »
sur RTL et « Lahaie, l’amour et vous » sur RMC, je m’attache tout d’abord à revenir sur leurs
historiques particuliers afin de comprendre la dynamique dans laquelle elles se sont insérés. Je
procède ensuite à une présentation complète de chaque émission. Après m’être intéressée aux
nomenclatures et descriptifs des émissions, je tente d’expliquer leurs philosophies. J’expose
les intentions des producteurs et les discours tenus à l’antenne et hors antenne. Je traite
ensuite des dispositifs interactifs mis en place. Je termine par une analyse des audiences et de
la structure de l’audience.
Mes recherches s’intéressent plus particulièrement aux dispositifs interactifs et aux pratiques
des auditeurs et des animateurs. Évoquant les outils historiques tels que le courrier postal ou
le téléphone, je reviens aussi à la lente appropriation par les différentes stations de radio
étudiées des outils interactifs disponible sur le web tels que les e-mails ainsi que les messages
laissés sur les blog, les chats, les forums et plus récemment sur les réseaux sociaux. Je
m’interroge dans ce cadre sur la finalité et l’effectivité de ces dispositifs.
Je réalise ensuite une analyse argumentée sur la place centrale des animateurs au sein de ces
programmes en me questionnant sur leurs statuts. Je travaille ainsi sur les propos tenus durant
les entretiens semi-directifs mais aussi sur mes observations personnelles. D’un point de vue
critique, je confronte mon analyse sur les contenus produits à l’antenne avec leurs intentions
personnelles. Je termine sur la dynamique des émissions étudiées en traitant de la question de
la mise en scène de soi et de la représentation de l’individu dans l’espace médiatique.

 

 

 

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