Quatre nouveaux membres junior de l'Institut universitaire de France issus de Bordeaux Montaigne - Université Bordeaux Montaigne

Distinctions

Quatre nouveaux membres junior de l'Institut universitaire de France issus de Bordeaux Montaigne

Chaque année, un jury international sélectionne une centaine d’enseignants-chercheurs candidats à l’Institut Universitaire de France (IUF).
Les enseignants-chercheurs nommés à l’IUF sont placés en position de délégation pendant 5 ans, continuent à exercer leur activité à l'université et bénéficient de moyens supplémentaires pour mener leurs recherches (crédit scientifique, prime d’excellence scientifique, décharge d’enseignement).  Viviane Albenga, Nicolas Patin, Françoise Poulet et Michael Stambolis-Ruhstorfer, enseignants-chercheurs à l’Université Bordeaux Montaigne, sont nommés membres Junior au sein de la 31e promotion de l'Institut Universitaire de France. Cette distinction récompense la qualité scientifique de leurs activités universitaires.

Toutes nos félicitations aux 4 lauréats et lauréates !

  1. Viviane Albenga
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF
  2. Nicolas Patin
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF
  3. Françoise Poulet
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF
  4. Michael Stambolis-Ruhstorfer
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF

Viviane Albenga

Maîtresse de conférences à l'IUT, filière Métiers du livre, et à l'Université Bordeaux Montaigne, unité de recherche Mica.

Éléments biographiques

Sociologue et politiste, Viviane Albenga est docteure de l’EHESS où elle a soutenu une thèse en 2009 récompensée par le prix de thèse en études sur le genre de la Ville de Paris. Cette recherche, qui croise sociologie de la lecture et sociologie du genre en mettant à l’épreuve la théorie bourdieusienne de la distinction culturelle, a été publiée en 2017 aux Presses Universitaires de Rennes sous le titre S’émanciper par la lecture. Genre, classe et usages sociaux des livres. Avant d’être recrutée comme maîtresse de conférence à l’IUT et l’Université Bordeaux Montaigne en 2015, elle a effectué des recherches post-doctorales à l’ENS de Lyon et à Sciences Po sur l’action publique éducative pour l’égalité de genre dans l’enseignement secondaire et supérieur.  Ces travaux ont notamment donné lieu aux publications suivantes :

« Between knowledge and power: triggering structural change for gender equality from inside in higher education institutions » In M. Bustelo, L. Ferguson et M. Forest (éds.) The Politics of Feminist Knowledge Transfer: A Critical Reflection on Gender Training and Gender Expertise, London, Palgrave, 2016, p. 139-156.

et « Tous les féminismes sont-ils solubles dans l’éducation? Hybridations théoriques et paradoxes pratiques dans un dispositif de prévention des violences sexistes », Travail, genre et sociétés, n°42/2019, p. 127-146, avec Vanina Mozziconacci.

Elle a régulièrement été conférencière invitée en Espagne et a publié dans la revue internationale Investigaciones Feministas.

À partir de 2015, ses travaux se sont rapprochés de l’histoire sociale des idées féministes. Elle a ainsi co-dirigé avec Alban Jacquemart et Laure Bereni un numéro de la revue Politix sur les appropriations ordinaires des idées féministes. Depuis 2018, elle analyse comment ces idées sont réappropriées par les étudiant·es dans le contexte post #MeToo, en ciblant le rôle des biens culturels, médias et réseaux sociaux. Cette étude a abouti à un projet collaboratif financé par la Région Nouvelle Aquitaine (2020-2023). Le projet IUF vise à amplifier cette perspective théorique en se penchant sur la circulation européenne et transatlantique des idées relatives à la grève féministe.

Son projet de recherche IUF

Généalogie et circulation transnationale des idées féministes matérialistes (Espagne-Argentine-France-Suisse romande)

Depuis 2016, des grèves féministes du travail de soin (care) se déploient en Europe et aux Etats-Unis, inspirées du courant féministe matérialiste qui reprend les outils de Marx contre ses propres points aveugles sur les rapports de genre. Le projet propose de prendre comme point de départ les théories économiques qui sous-tendent les grèves féministes, et d’analyser la généalogie, la circulation et les formes hybrides d’appropriations de ces idées entre espaces intellectuels et militants francophones et hispanophones, de 1970 aux générations étudiantes actuelles. Il postule que cette focale permet de mettre au jour une généalogie méconnue des féminismes, tout en éclairant leur imbrication avec la bataille culturelle contre le néolibéralisme et le néoconservatisme.

Nicolas Patin

Maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université Bordeaux Montaigne, unité de recherche CEMMC.

Éléments biographiques

Ancien élève de l’école normale supérieure de Lyon, agrégé d’histoire, Nicolas Patin est maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Bordeaux Montaigne depuis 2014. Il a auparavant enseigné à l’Université Paris Nanterre, à Sciences Po Lille, et été chercheur à l’Institut historique allemand de Paris. Il est rattaché au CEMMC (Centre d’étude des mondes modernes et contemporains).

Il est spécialiste de l’histoire de l’Allemagne du premier XXe siècle, de la Première Guerre mondiale et de la Shoah. Il s’est d’abord intéressé à l’histoire sociale des élites politiques allemandes à travers son doctorat, publié en 2014 aux éditions Fayard, La catastrophe allemande. 1674 destins parlementaires (1914-1945), pour montrer la place du traumatisme de 1914-1918 dans la société weimarienne et le « IIIe Reich ». Il a par la suite travaillé à un ouvrage franco-allemand concernant la guerre elle-même, avec N. Beaupré, G. Krumeich et A. Weinrich (La guerre vue d’en face, Albin Michel, 2016). Son post-doctorat retraçait la trajectoire, de 1914 à 1945, d’un jeune soldat allemand devenu par la suite le dirigeant nazi responsable de la « Solution finale » en Pologne occupée, Friedrich-Wilhelm Krüger (Krüger. Un bourreau ordinaire, Fayard, 2017).

Ces dernières années, il s’est investi dans deux projets collectifs : l’écriture du Bilan scientifique du Centenaire 1914-1918, à la demande de la Mission du Centenaire, avec dix autres chercheuses et chercheurs (2017-2021) ; l’édition scientifique française du livre d’Adolf Hitler, Mein Kampf, en coopération avec l’Institut für Zeitgeschichte de Munich. Ce travail, débuté en 2015 et mené avec une équipe de douze spécialistes, germanistes, historiennes et historiens, est paru sous le titre Historiciser le mal. Une édition critique de Mein Kampf, aux éditions Fayard, en 2021.

Il a par ailleurs travaillé à des publications collectives avec ses collègues historiens et germanistes de l’Université Bordeaux Montaigne, comme Dominique Pinsolle (Les gauches face au national-socialisme, Peter Lang, 2019), Hélène Camarade, Claire Kaiser et Pierre Baumann (Le mémorial des Stolpersteine en France et en Allemagne, 2018) ou Christine Bouneau (La société civile organisée contre l’État, MSHA, 2020).

Il est membre de l’AHCESR (Association des historiens contemporanéistes de l'enseignement supérieur) depuis 2014 et a été secrétaire général de l’association en 2019-2020.

Son projet de recherche IUF

Dynamiques des votes extrêmes. Le nazisme et l’écroulement légal d’une démocratie (1928-1933)

Son projet de recherche IUF s’intéresse à une question historique centrale dans les représentations et les débats actuels : les modalités de la victoire national-socialiste de 1933. En effet, la référence permanente au fait qu’Adolf Hitler serait parvenu « légalement » au pouvoir hante nos imaginaires face à la fragilité toujours possible des démocraties contemporaines. Comment le mouvement nazi a-t-il réussi à détruire la première République allemande ? Pourquoi les Allemands ont-ils voté pour le NSDAP (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) ?

Au sein d’une historiographie déjà très fournie, deux questions essentielles ne trouvent pourtant que des réponses insuffisantes : qui étaient les électeurs du NSDAP ? Quelles raisons les ont poussés à voter pour un mouvement radical ? Répondre à ces deux questions est une manière d’éclairer le passé avec les outils de la discipline historique, mais également de fournir des connaissances solides à la comparaison parfois trop rapide avec nos situations contemporaines.

Sur la sociologie des votants, le projet repose sur une diffusion des résultats de l’historiographie allemande, peu connus dans les espaces anglo-saxons et francophones, pour sortir du flou qui consiste à attribuer les victoires électorales du NSDAP à de grandes catégories comme « les ouvriers », « les classes moyennes » ou les « chômeurs », affirmations qui sont erronées. Le projet se tournera ensuite, à l’aide de sources originales, vers une histoire des mentalités des électeurs du NSDAP, une analyse des imaginaires politiques de la République de Weimar, pour comprendre, au-delà du vote protestataire, le caractère de vote d’adhésion au parti nazi et les motivations intimes des électeurs.

Enfin, l’Allemagne n’est pas le seul exemple de dynamique de vote extrême. Le projet vise à éventuellement élargir, à terme, sa vision, à l’aide d’un ancrage pluridisciplinaire (sciences politiques, sociologie politique) vers d’autres territoires de radicalisation politique dans l’entre-deux-guerres (Italie, Roumanie), et vers d’autres périodes de l’époque contemporaine.

Françoise Poulet

Maîtresse de conférences en Lettres modernes (XVIIe Siècle) à l'Université Bordeaux Montaigne, unité de recherche CLARE.

Éléments biographiques

Ancienne élève de l’ENS de Lyon, agrégée de lettres modernes, Françoise Poulet est maître de conférences en langue et littérature françaises du xviie siècle à l’Université Bordeaux Montaigne depuis 2013 et membre de l’EA CLARE (CEREC). Dans le sillage de sa thèse consacrée aux représentations de l’extravagance dans le théâtre et le roman des années 1620-1660, ses recherches portent sur la civilité, la politesse et la galanterie, dans une approche à la fois littéraire, linguistique et rhétorique.

Elle a co-dirigé plusieurs ouvrages collectifs : Contre le luxe (xviie-xviiie siècle), avec Élise Pavy-Guilbert, paru aux éditions Classiques Garnier en 2021 ; Itinérances spirituelles : écriture et mise en récit du voyage intérieur (xve-xviiie siècle), avec Inès Kirschleger, paru chez H. Champion en 2020 ; La Réforme et la Fable, avec Alice Vintenon, paru chez Droz en 2018. Elle prépare actuellement un numéro de la revue Littératures classiques sur la raillerie au xviie siècle, avec Myriam Tsimbidy et Arnaud Welfringer, à paraître en 2022 ; un numéro de la revue Exercices de rhétorique sur le compliment (2023) ; et deux colloques : « Urbanité et rituels urbains de civilité dans l’Europe du xviie siècle » (CLARE et CEMMC, Bordeaux, 17-18 nov. 2021) et « Usages de l’éloge (xvie-xviiie siècle) : entre crise et renouvellement » (CLARE et CELLF 17-18, Paris, 2-3 juin 2022).

Son projet de recherche IUF

Le compliment : du rituel de civilité à l’enjeu de société en France à l’âge classique (1630-1762).

Le compliment se définit à l’âge classique comme une forme langagière, ou encore comme un acte ou un geste de politesse, dont il faut apprendre à maîtriser les codes et subtilités. Pourtant, en tant que rituel conventionnel, généralement formulé en termes aussi hyperboliques que stéréotypés, le compliment suscite le soupçon. Ce projet vise à étudier ce rituel dans une perspective pluridisciplinaire (littérature, linguistique, histoire, sociologie, philosophie…) afin de comprendre comment il s’est trouvé inscrit à l’âge classique au cœur de la galanterie française tout en étant érigé en symbole de son hypocrisie. À partir de ce que le compliment nous apprend de la formation du savoir-vivre, il s’agit de proposer une réflexion sur les pratiques que notre modernité a retenues, transformées, ou au contraire rejetées. Faire l’anthropologie du compliment aux xviie et xviiie siècles permettra de mieux comprendre l’image que nous avons gardée de la galanterie et des raffinements associés à l’Ancien Régime, tout en interrogeant nos représentations anciennes et modernes des relations interpersonnelles, notamment entre hommes et femmes.

Michael Stambolis-Ruhstorfer

Maître de conférences en études américaines à l'Université Bordeaux Montaigne, co-responsable du Master études sur le genre, unité de recherche CLIMAS.

Éléments biographiques

Docteur en sociologie (2015) de L’Université de Californie Los Angeles (UCLA) et de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), ses recherches portent sur la manière dont les gens interagissent à travers les institutions politiques, juridiques et scientifiques pour créer du changement social et du sens. Mobilisant la comparaison internationale entre les États-Unis et l'Europe, ses recherches suivent deux axes :
1) les « expert·es » impliqué·es dans des questions politiques controversées,
2) l'influence des contextes culturels et juridiques sur la façon dont les personnes et les organisations traitent la sexualité et la famille.

Ces recherches ont été subventionnées par l’IdEx de Bordeaux, la National Science Foundation (US), et la Commission Fulbright (FR/US). Ces travaux (téléchargeables sur son site web www.michaelstambolis.com) sont publiés dans des revues telles que : American Journal of Cultural Sociology, Social Mouvement Studies, et Annual Review of Sociology. Son premier livre paraîtra à Columbia University Press (US) sous le titre « By the Power Vested in Me : Experts Debate Same-Sex Marriage ». Il est éditeur à l’International Social Science Journal. Il a été élu à l’American Sociological Association et au Council for European Studies, ou il était responsable du réseau de recherche sur le genre et la sexualité.

Son projet de recherche IUF

La vérité brûle : le pouvoir des experts en période d’incertitude

Ce projet examine comment certains experts, mais pas d’autres, ont l’autorité morale ou scientifique pour imposer leur version de la vérité dans les débats politiques. Il pose les questions suivantes : qui sont les « experts » et quel est leur pouvoir ? Comment, au nom de la vérité, cultivent-ils une autorité morale ou scientifique ? Pour y répondre, j’étudie leur rôle à l’intersection de la science, la société civile et la politique dans deux controverses : le changement climatique et l’avortement. Il s’agit de cas idéaux pour répondre à ces questions. Bien que le premier soit traditionnellement présenté comme une question scientifique nécessitant une solution technique et le second comme une question morale nécessitant une réponse fondée sur des valeurs, ces deux sujets présentent des similitudes qui se prêtent bien à la formulation de théories sur le rôle de « l'expertise » à travers ce fossé entre science et moralisme. À travers des entretiens, des archives, et de l’ethnographie aux USA et en France, il analyse les rivalités d’experts, contribuant ainsi aux recherches sur la politique morale et la science politisée.

Michael Stambolis-Ruhstorfer est lauréat au titre de la Médiation scientifique, nouveauté 2021 de l'IUF
Les positions à l’IUF colorées « médiation scientifique » sont dédiées aux projets visant à développer les relations entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et la société, dans le but d’éclairer les citoyen·ne·s et le débat public sur les grands enjeux sociétaux selon une logique de culture et de démarche scientifiques. 

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