Rencontre avec Adam, étudiant en histoire, bénévole associatif, moniteur en bibliothèque et réfugié - Université Bordeaux Montaigne

Vie étudiante

Rencontre avec Adam, étudiant en histoire, bénévole associatif, moniteur en bibliothèque et réfugié

Nous avons découvert l’histoire d’Adam Ahmat-Ali lors de la sortie de son livre écrit avec Cathy Bordas « Notre solidarité n’a jamais été confinée », qui a fait l’objet de nombreux articles parus dans la presse (sur RTL, France Bleu, Sud Ouest, Le Parisien, la video du Huffington Post...)

Ce livre, paru avec le soutien du Secours Populaire, raconte la cohabitation durant le confinement de mars 2020 d’Adam, jeune réfugié tchadien et de Cathy, veuve béglaise. Une histoire exemplaire de solidarité et de partage.

Puis nous avons appris qu’Adam était aussi étudiant à l’Université Bordeaux Montaigne, en L2 histoire, après avoir suivi les cours de français du DEFLE pendant un semestre et qu’il était également moniteur en bibliothèque au sein de notre établissement. Nous avons alors décidé de prendre de ses nouvelles un an après ce premier confinement et à l’issue de sa première année d’études dans notre université.

Lorsque nous avons pris rendez-vous avec Adam, il était plutôt occupé, jonglant entre ses deux jobs étudiants, ses activités associatives et ses révisions en vue des examens.

Rencontre avec Adam, un an après

Bonjour Adam, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

J’ai quitté mon pays (le Tchad) en 2019 parce que le pays est vraiment en difficulté et que j’y étais menacé. Au départ j’étais étudiant puis représentant des étudiants en 2017, engagé dans un mouvement de contestation pour améliorer nos conditions d’études. Cela n’a pas plu au régime en place. J’ai commencé à avoir des ennuis avec les autorités et j’ai donc décidé de quitter le Tchad. Quand je suis arrivé en France, cela a été très difficile : j’étais seul, je ne connaissais personne. Lorsque je suis arrivé à Bordeaux, je cherchais une activité pour m’occuper, être utile, pour rencontrer des gens et améliorer mon français. J’ai fait des recherches sur Internet et je suis tombé sur le Secours Populaire qui recherchait des volontaires, je m’y suis donc engagé comme bénévole en octobre 2019. J’ai sympathisé avec l’équipe de bénévoles et salariés du Secours Populaire, ils m’ont aidé à trouver mes marques, le Secours Populaire a été mon point de repère pour la suite. Et puis la famille d’accueil que j’ai rencontré pendant le confinement, Cathy et son fils, je peux dire qu’ils sont aussi ma famille maintenant.

Qu’est-ce qui vous a amené dans notre université ?

Au Tchad, j’étais déjà étudiant (en droit) et je désirais vraiment reprendre mes études avec l’objectif de devenir journaliste. L’équipe du Secours Populaire m’a encouragé et accompagné. J’ai sympathisé avec Bernard Lachaise, qui était avant professeur à Bordeaux Montaigne et qui œuvre comme bénévole au sein de l’association. Il m’a soutenu et aidé dans mes démarches de retour aux études et de recherches d’un emploi étudiant. En janvier 2020, je me suis inscrit au DEFLE de Bordeaux Montaigne pour améliorer mon français en cours du soir. Puis en juillet 2020, j’ai pu m’inscrire à Bordeaux Montaigne pour étudier dans la filière Histoire.

Comment s’est passée cette première année ?

À la rentrée tout s’est bien passé, l’organisation des cours une semaine de présence sur deux m’a permis de rencontrer des amis. Puis avec le premier confinement et les cours à distance, cela a été un peu plus difficile, malgré les efforts des enseignants, je ne comprenais pas toujours, même si je suis habitué maintenant à m’adapter. Avec mon emploi à la bibliothèque, on peut dire que j’ ai passé beaucoup de temps à " la Temporaire" : soit pour y suivre mes cours, soit pour y travailler comme moniteur. D’ailleurs, j’ai découvert ce nouveau métier et cela me plaît énormément. Le travail d’équipe est très motivant. J’envisage d’orienter mes études vers ce domaine, je me renseigne à ce sujet.
Pour revenir aux études, comme je dois passer les rattrapages en juin, je révise énormément.

Entre vos études, le bénévolat et le travail, avez-vous tout de même des loisirs ?


Librairie Solidaire à la Maison des étudiants
En plus de mes études, j’ai deux jobs et je continue aussi à être bénévole au Secours Populaire, notamment dans le dispositif "Librairie Solidaire", mais j’aime bien faire du vélo, Je peux me déplacer plus vite et c’est agréable comme moyen de transport. Pour le moment, le diplôme c’est vraiment l’objectif principal de ma vie.

Au secours Populaire, nous avons ouvert récemment une antenne d’accueil spécifique pour les étudiants, située rue Malbec à Bordeaux (à côté de la gare). Nous organisons des activités spécifiques pour les étudiants et étudiantes pour rompre l’isolement et des services leurs sont proposés (laverie, accompagnement administratif, boutique solidaire, échanges). C’est ouvert à tous les étudiants !
(Voici la page Facebook : https://www.facebook.com/EtudiantsSPF33/)

Quels sont vos projets ?

En dehors de ma priorité numéro 1 : l’obtention d’un diplôme, le bénévolat en association me tient vraiment à cœur, l’aide aux personnes est une dimension de ma vie que je souhaite conserver.

Pour conclure, souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Je profite de cette occasion pour remercier les personnes qui m’ont accompagné depuis que je suis ici en France. Le parcours migratoire et l’intégration dans la société française sont compliqués et j’ai eu la chance de rencontrer une famille, de créer un réseau social autour de moi, grâce notamment au Secours Populaire, qui m’a permis de trouver un travail et de reprendre les études. C’est quelque chose qui compte vraiment pour moi, alors merci !

Merci à Adam pour son témoignage, et bonne chance pour la suite !

Propos recueillis par la Direction de la communication

L’histoire d’Adam vue par Bernard Lachaise, professeur d'histoire émérite à l'Université Bordeaux Montaigne et bénévole au Secours Populaire.

Quand Adam se présente au Secours populaire français (SPF) de Bordeaux à l’automne 2019, il frappe à la bonne porte. Le jeune tchadien, muni d’un visa étudiant mais sans ressources, découvre immédiatement ce que veulent dire « solidarité » et « fraternité ». Toutes les rencontres qu’il fait dans l’équipe, à la Fédération et chez les bénévoles auxquels il se joint, lui permettent de s’intégrer. Chacune et chacun apprécient vite sa personnalité et s’efforcent de l’aider pour un repas, un toit – comme Cathy qui lui offre l’hospitalité à partir du confinement de mars 2020 -, une inscription à l’Université et un travail de moniteur à la bibliothèque universitaire. Bordeaux Montaigne l’a accueilli au mieux. Adam s’accroche pour réussir ses études d’Histoire. C’est dur mais il est intelligent, sérieux, motivé. Je souhaite vivement qu’il réussisse car il est méritant. Et je sais qu’il est reconnaissant au SPF comme à l’Université des chances qui lui sont offertes et lui permettent d’envisager l’avenir avec plus d’espoirs. Nicole, une des premières bénévoles, à avoir perçu ses qualités et à vouloir l’aider sans encore bien le connaître, lui a dit : "Ne nous déçois pas". Aujourd’hui, nous sommes confiants : il ne nous décevra pas.

Adam vu par Aurélie Doumbo, l'une de ses formatrices au sein des bibliothèques de Bordeaux Montaigne.

L'une des collègues qui l'a recruté m'a fait part de ses qualités en terme de "savoir-être" pendant son entretien de recrutement. Elle avait été aussi très impressionnée par son activité de bénévole. Dans le travail à la bibliothèque, Adam est appliqué, sérieux et discret. Il a réussi à surmonter les premières difficultés liées à la spécificité du langage documentaire propre aux bibliothèques qu'il découvrait (la cotation des documents) et s'est vite intégré à l'équipe. Il montre également un réel savoir-faire dans la relation à l'autre et dans l'accueil du public. Il m'a appris qu'il envisageait peut-être une carrière dans les bibliothèques, c'est donc avec grand plaisir que j'ai accepté de répondre à ses questions lors d'un entretien pour son PPE (projet professionnel de l'étudiant).

L'Université Bordeaux Montaigne a mis en place plusieurs dispositifs pour accompagner les étudiant·es migrant·es et réfugié·es. Consultez la rubrique

Nouveauté à l'université :

Nouvelle formation : DU Tremplin, en faveur de l’insertion des étudiants migrants

Le DU passerelle « TREMPLIN » s’adresse aux personnes en situation d’exil, âgées de moins de 30 ans et ayant un projet de reprise d’études universitaires. Il vise à l'acquisition, d’un niveau B2 en français, de compétences culturelles et interculturelles, nécessaires à une reprise d’études dans l’enseignement supérieur. Candidature jusqu'au 21 juin 2021.

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