Julia Roumier et Éric Benoit nommés à l'Institut universitaire de France - Université Bordeaux Montaigne

Distinctions

Julia Roumier et Éric Benoit nommés à l'Institut universitaire de France

Chaque année, un jury international sélectionne une centaine d’enseignants-chercheurs candidats à l’Institut Universitaire de France (IUF).
Les enseignants-chercheurs nommés à l’IUF sont placés en position de délégation pendant 5 ans, continuent à exercer leur activité à l'université et bénéficient de moyens supplémentaires pour mener leurs recherches (crédit scientifique, prime d’excellence scientifique, décharge d’enseignement).

Julia Roumier, maîtresse de conférences en études hispaniques médiévales et Éric Benoit, professeur de littérature française du XXe siècle, tout deux enseignants-chercheurs à l'Université Bordeaux Montaigne, sont nommés membres Junior et Senior au sein de la 32e promotion de l'Institut Universitaire de France.

Cette distinction récompense la qualité scientifique de leurs activités universitaires.

Toutes nos félicitations aux 2 lauréats !

  1. Julia Roumier, membre junior
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF : "Perceptions, pratiques et objets de l’ostentation et du luxe" (Moyen Âge hispanique).
  2. Éric Benoit, membre senior
    1. Éléments biographiques
    2. Son projet de recherche IUF : "Poétiques de la négativité"
  3. Les lauréats et lauréates de 2017 à 2021

Julia Roumier, membre junior

Maîtresse de conférences en études hispaniques médiévales à l'Université Bordeaux Montaigne, unité de recherche AMERIBER.

Éléments biographiques

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégée d’espagnol, Julia Roumier est maîtresse de conférences en études hispaniques médiévales à l’Université Bordeaux Montaigne depuis 2012, rattachée à AMERIBER (EA3656). Spécialiste du moyen âge tardif hispanique, elle a consacré sa thèse de doctorat (2011) aux représentations de l’étranger et à l’élaboration d’un savoir géographique à travers les récits de voyages. Après avoir étudié la circulation des textes avec les traductions médiévales et modernes en castillan et catalan (Marco Polo, Mandeville, Odorico de Pordenone, Hayton de Gorigos). Cela a donné lieu à de nombreuses participations dans des ouvrages collectifs et plusieurs directions de publication dont, en 2019, le volume: Preuve/épreuve : la démonstration de la vérité en Péninsule Ibérique (XIII- XVe siècles), E-spania."

Avec la notion d’exotisme et de convoitise, ses travaux ont débouché sur une réflexion sur la corporéïté du voyageur et ses sensations, puis la matérialité, l’objet. Cela l'a progressivement amenée vers une histoire sensorielle et matérielle du luxe, dans les chroniques, biographies chevaleresques et ouvrages normatifs. Ce projet de recherche s’est concrétisé par la soutenance d’une HDR (2020) prochainement publiée chez Honoré Champion (collection Bibliothèque du XVe siècle, 2023) mais aussi la direction d’un numéro de revue; Alimentation et distinction au Moyen Âge et au Siècle d’Or, dans Conceptos. https://ameriber.u-bordeaux-montaigne.fr/revue-conceptos 

Les travaux de Julia Roumier se sont concrétisés ces dernières années dans des publications en collaboration avec des collègues historiens et hispanistes, médiévistes et modernistes : comme par exemple avec Jacques Paviot et F. Serrano (la traduction et édition commentée du récit de voyages castillan : Aventures et voyages de Pero Tafur. Un hidalgo du XVe sièclePresses universitaires du Midi, 2022); avec Pierre Darnis: Las cadenillas de Hércules. Les stratégies d’argumentation et de conviction au Moyen Age et Siècle d’Or dans le domaine hispanique, Atalaya n°19, 2019 ; Ou encore avec Sophie Coussemacker, Ekphrasis et hypotypose. Les fonctions d’une technique discursive : plaire ou convaincre, dans la péninsule Ibérique médiévale et moderne, E-spania, 2020.

Julia Roumier dirige actuellement la thèse de Marthe Czerbakoff, « Innovations et appropriations culturelles dans les sources cynologiques médiévales hispaniques de la albeiteria (XIIIeXVIe siècles) » (Membre de la Casa de Velázquez). 

Son projet de recherche IUF : "Perceptions, pratiques et objets de l’ostentation et du luxe" (Moyen Âge hispanique).

Le Moyen Âge tardif invente la mode, et plus encore en Espagne où le manque de légitimité de la dynastie des Trastamare et une nouvelle mobilité sociale imposent une nouvelle valorisation de la sensorialité et de l’exhibition de soi. Se développe alors une théâtrocratie fondée sur la spectacularisation de la consommation ostentatoire avec une prolifération de manifestations festives. L’étude des pratiques et représentations de la distinction, cet éthos de la supériorité dans les sources écrites de la fin du Moyen Âge hispanique éclaire images et objets, révélant un paysage sensoriel et symbolique où les plaisirs sont un marqueur de distinction et un outil de construction du corps social.

En analysant la relation entre le luxe, les représentations du pouvoir et son exercice à travers sa spectacularisation, ce projet analysera le lien fondamental entre consommation, esthétique, plaisir et autorité : la beauté et l’hédonisme sont la parure des puissants dans une logique d’ostentation et une hexis corporelle aristocratique. Le projet unira l’étude des biographies chevaleresques, chroniques et manuels, de textes de fiction, d’objets et d’images pour renouveler le regard sur la réthorique somptuaire. L’accent sera mis sur (i) comment le plaisir partagé dans des célébrations collectives et le contentement des sens sont mis à profit comme valorisation personnelle, mais aussi comme principes fédérateurs du corps social. Par la suite le projet approfondira la question de (ii) la sacralisation des apparences et (iii) le somptuaire comme catalyseur des échanges, circulations et hybridations esthétiques."

Éric Benoit, membre senior

professeur de littérature française du XXe siècle à l'Université Bordeaux Montaigne, unité de recherche Plurielles.

Éléments biographiques

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm (Paris), agrégé de Lettres Modernes, Docteur ès Lettres, Habilité à diriger des recherches, Eric Benoit enseigne depuis 1987 dans notre université où il est Professeur de littérature française depuis 2001. Il dirige le Centre Modernités depuis 2010 et il a dirigé l’Unité de recherche TELEM de 2015 à 2021. Il est membre de la nouvelle Unité de Recherche Plurielles (UR24142).

Auteur d’une thèse sur l’œuvre de Mallarmé, Eric Benoit est initialement spécialiste de poésie des XIXe et XXe siècles. Puis ses recherches concernant les répercussions des grands traumatismes historiques sur la littérature l’ont amené à approfondir les œuvres d’écrivains du XXe siècle comme Bernanos et Edmond Jabès. Ses travaux l’ont ensuite conduit à réfléchir sur les paradoxes, les autocontradictions et les apories de la littérature, puis sur le versant positif de la modernité (notamment les notions de jubilation et d'énergie dans la littérature). Les travaux collectifs qu’il anime depuis une dizaine d’années ont permis, sur le plan de l’histoire des idées et de l’histoire des sensibilités et des formes littéraires, d’élaborer des notions qui jusqu’alors étaient restées peu définies, afin de les théoriser, de les explorer à fond, et de montrer combien elles peuvent être cruciales dans l’esthétique de la création littéraire des trois derniers siècles. Les notions sur lesquelles Eric Benoit travaille permettent une réflexion non seulement au niveau thématique, théorique, et problématique, mais aussi au niveau formel et métalittéraire, sans oublier une nécessaire historicisation. Ces notions permettent aussi d’explorer les nouvelles formes d’expression de la subjectivité créatrice qui ont surgi dans la littérature moderne.

Eric Benoit a publié 12 livres personnels : Mallarmé et le Mystère du « Livre », Champion, 1998 ; Les Poésies de Mallarmé, Ellipses, 1998 ; Écrire le cri : Le Livre des Questions d’Edmond Jabès. Exégèse, Presses Universitaires de Bordeaux, 2000 ; De la crise du sens à la quête du sens (Mallarmé, Bernanos, Jabès), Cerf, 2001 ; Néant sonore. Mallarmé ou la traversée des paradoxes, Droz, 2007 ; La Bible en clair, Ellipses, 2009 ; Bernanos. Littérature et théologie, Cerf, 2013 ; Dynamiques de la voix poétique, Classique Garnier, 2016 ; Obstinément la littérature, Droz, 2018 ; Les différences ethniques et religieuses dans la littérature. De Montaigne à Le Clézio, Euredit, 2018 ; Edmond Jabès et les chemins de l'écriture, Eurédit, 2020 ; De la littérature considérée comme énergie, Eurédit, 2022. Il a aussi dirigé une douzaine d’ouvrages collectifs, dont plusieurs dans la collection Modernités des Presses Universitaires de Bordeaux.

https://cv.archives-ouvertes.fr/ericbenoit

Son projet de recherche IUF : "Poétiques de la négativité"

Après plusieurs années consacrées à explorer le versant positif de la modernité littéraire, ce nouveau projet va permettre non pas de revenir au versant négatif de l’esthétique littéraire moderne, mais plus précisément et plus rigoureusement d’analyser le fonctionnement du retournement dialectique par lequel la négativité est l’origine même d’un processus positif de création. D’où cet intitulé, « Poétiques de la négativité », où il faut entendre le nom « poétique » dans toute la force active de sa valeur étymologique de création. En situant la réflexion sur ce point de retournement, il s’agira donc de comprendre, dans la littérature des trois derniers siècles, comment s’articule le passage entre des expérience a priori négatives et la création ; comment des expériences négatives peuvent être productrices de créativité ; comment la créativité littéraire peut être stimulée par des éléments négatifs. La littérature est ici révélatrice d’un état de la sensibilité des XIXe et XXe siècles, jusqu’à aujourd’hui : elle en est le symptôme et l’expression, et prend ainsi une dimension pleinement anthropologique (où l’on voit que les études littéraires sont pleinement sciences humaines). Ces « poétiques de la négativité » seront déclinées en cinq volets originaux et précisément orientés, dont la teneur résonne avec des enjeux de la sensibilité contemporaine, et dont la succession dessinera une logique et un trajet : « Poétiques de l’incomplétude », « Poétiques de l’insaisissable », « Poétiques de l’inquiétude », « Poétiques de l’insoutenable », « Poétiques de la consolation ».

Les lauréats et lauréates de 2017 à 2021

2017

Tristan Coignard et Sylvain Guyot nommés à l'Institut universitaire de France

2018

Valérie Fromentin et Danièle James-Raoul nommées à l'Institut universitaire de France

2019

Nathalie Szczech nommée à l'Institut universitaire de France
Aurélia Gaillard nommée à l'Institut universitaire de France

2020

Élise Pavy-Guilbert nommée à l'Institut universitaire de France

2021

Quatre nouveaux membres junior de l'Institut universitaire de France issus de Bordeaux Montaigne

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