Le 20 mars 2023
Mis à jour le 13 mars 2023
Lundi 20 mars est organisée par l'UR CLIMAS une journée d’étude doctorale en distanciel. Elle est l’occasion, grâce aux contributions de jeunes chercheuses et chercheurs de différentes disciplines, d’établir ensemble une compréhension interdisciplinaire et plus approfondie de la notion de paysage et de discuter de son intérêt comme objet d’étude. Elle fait suite à la première journée organisée le 20 février en présentiel.
Le paysage peut être compris dans son premier sens comme étant constitué d’un ensemble d’éléments visibles dans un lieu donné. Définir un paysage nécessite d’établir un point de vue et un cadrage, posant ainsi la question du regard et de la subjectivité. Le géographe français Georges Bertrand définit le paysage comme une “interprétation sociale de la nature”, le paysage étant à la fois une réalité concrète et symbolique. Or, les différentes interprétations d’un même lieu peuvent amener à une divergence dans les rapports à celui-ci. Les agissements qui découlent de chaque interprétation peuvent être complémentaires ou conflictuels.
Chaque perspective met en avant la sensibilité du sujet percevant : les croyances implicites, qui forment une pensée plutôt qu’une autre, peuvent s’y révéler. Nous pouvons nous interroger sur les frontières entre perception et projection (et le brouillage de cette frontière). Par ailleurs, nous sommes intéressés par ce qui arrive dans le cas de « choc de perceptions ». Par exemple, dans le problème de l’exotisme, nous pouvons penser à l’opposition que repère Bertrand Westphal (initiateur de la géocritique) entre point de vue « exogène » et « endogène » (La Géocritique 208), le premier désignant le regard de celui qui n’appartient pas au lieu et le second, celui de l’autochtone. On prêtera plus d’autorité à l’un ou l’autre selon l’époque, et selon les circonstances. Westphal définit aussi le point de vue « allogène » pour celui qui s’intègre à un nouveau paysage au point où celui-ci ne lui est plus exotique, sans pour autant lui être pleinement familier. Les entre-deux et va-et-vient peuvent être des processus dans lesquels nous pouvons observer un espace en tension.
De la subjectivité inhérente de la lecture du paysage émergent donc des questions auxquelles nous souhaitons répondre en abordant les multiples thématiques qui touchent à la notion de paysage. En effet, par ce projet, nous voulons explorer le rôle du regard, du sujet, dans la compréhension d’un paysage : l’humain est à la fois sculpteur de son environnement et sculpté par lui. Nous souhaitons explorer cette dynamique double et les oscillations entre ces deux procédés.
La notion de paysage devient également centrale lorsque l’on évoque le territoire. Et notamment, dans le cadre de la colonisation, l’opposition de la perception de deux spectateurs, autochtones et colons, vont s’opposer, ou parfois se superposer. C’est cette divergence de perceptions qui met finalement en lumière l’importance du rôle du lecteur/spectateur dont l’appartenance religieuse, sociale et/ou politique va venir redéfinir l’interprétation d’un paysage. De cette redéfinition, l’appropriation du paysage deviendra un moyen pour le dominant d’asseoir son pouvoir en effaçant la lecture du dominé et s’inscrit donc dans un jeu de pouvoir.
Enfin, le terme de paysage pourra aussi évoquer des associations plus atypiques et nous encourageons les propositions qui interprètent (et s’approprient) la notion de paysage de manière inattendue. On pourra, par exemple, penser au paysage industriel ou urbain mais aussi au paysage linguistique, au paysage sonore, au paysage social et bien d’autres.
Les conférences sont accessibles en distanciel. Lien Zoom pour s'inscrire.
Date : Lundi 20 mars 2023, 9h - 13h
Contacts : Farah Benramdane (farah.benramdane @ u-bordeaux-montaigne.fr), Nina Eldridge (nina.eldridge @ u-bordeaux-montaigne.fr)