Date: 05 Septembre 2016 à 14h00
Lieu: ENSEIRB-MATMECA
amphi INP
Résumé:
Au Paléozoïque inférieur la terre était marquée par un méga-continent le « Gondwana » qui occupait 19% de la surface de la terre. La bordure nord du Gondwana se caractérisait par un grand système de plateformes silicoclastiques. L’évolution de ces plates formes se faisait dans un contexte tectonique stable. Au sein de ces plateformes s’individualisaient plusieurs grands domaines de sédimentation, plus ou moins interconnectés, dans un contexte cratonique qui définit un faible taux de subsidence qui est de quelques dizaines de mètres par millions d’années. L’Anti-Atlas marocain fait partie de cette immense aire de sédimentation relativement continue et homogène.
Durant l’Ordovicien, la sédimentation de la plateforme nord gondwanienne est dominée par une sédimentation détritique silicoclastique dont le transport des sédiments se fait en général vers le Nord Nord Ouest.
Dans l’Anti-Atlas central, durant le Llanvirn (Ordovicien moyen), se développe l’Unité stratigraphique « Groupe du 1er Bani ». Ce dernier se caractérise par dune sédimentation essentiellement détritique où deux systèmes de sédimentation dominent : un système de haute énergie influencé par la dynamique des tempêtes et de la houle et un système de faible énergie à rides de courant unidirectionnels et rides vagues. Le système de haute énergie à tempêtes est dominant lors des périodes de transgression et le système de de faible énergie domine les phases régressives. Le Groupe du 1er Bani a une durée de 3.5 à 4 Ma, il est composé de trois séquences de 3ème ordre de l’ordre du million d’année, exprimant des vitesses de subsidences élevées supérieures à 150m/Ma. La direction de progradation du système de dépôt à l’Ordovicien moyen dans l’Anti-Atlas central est vers le Nord-Nord-Ouest. Le Groupe du 1erBani se caractérise par la présence d’importantes incisions de quelques dizaines de mètres de profondeurs et une centaines de mètres de largeur, ces incisions se mettent en place lors des phases de transgression où elles sont générées par l’action de la houle et des tempêtes sur le plateau continental.
Dans l’Anti-Atlas oriental, le Groupe du 1er Bani, présente d’autres particularités, il est caractérisé par une polarité Nord Est – Sud Ouest différente de celle de la plate-forme nord-gondwanienne. Il se définit par deux systèmes de dépôt : un système de haute énergie influencé par les tempêtes et la houle, un système deltaïque à dominante fluvial.
Le système de faible énergie à rides de courants unidirectionnels et vagues de beaux temps décrit dans l’Anti-Atlas central au sein du Groupe du 1er Bani n’est que l’expression latérale du système de haute énergie à composante unidirectionnelle appartenant au système deltaïque.
Le Groupe du 1er Bani, dans le Tafilalt – Maïder, se définit par trois séquences de 3ème ordre de l’ordre du million d’années dont la première exprime un premier cycle régressif et les deux autres expriment un cycle transgressif dont le maximum d’inondation correspond à la transgression du Caradoc. le premier cycle régressif s’accompagne d’importantes incisions vers le maximum de la régression dont le remplissage se fait par des faciès gréseux proximaux massifs ou à litage oblique et/ou de grès à base et sommet nets à litage plan et rides chevauchantes présentant des structures d’échappement d’eau et des figures de base de bancs.
Le second cycle présente une dualité entre le système de plate-forme dominée par les tempêtes et le système deltaïque de faible énergie et ce au sud de l’Anti-Atlas oriental avec une puissance de 600m de sédiments. Alors que le Nord de l’Anti-Atlas est dominé par le système deltaïque de faible énergie et de haute énergie. Dans cette partie de l’Anti-Atlas oriental, le Groupe du 1er Bani est peu puissant avec une moyenne de 150m ne dépassant pas les 100m vers l’extrémité oriental de l’Anti-Atlas oriental (Injar). Au Nord du Tafilalt Maïder, le groupe du 1er Bani est limité par une discontinuité majeure présente au sommet du premier cycle stratigraphique alors que le premier est totalement absent par non dépôt ou par érosion.
Dans le Groupe du Ktaoua, à l’Ordovicien supérieur préglaciaire, dans l’Anti-Atlas oriental, on retrouve la même polarité que celle décrite au sein du groupe du 1er Bani avec une direction de progradation du système vers le Sud-Ouest.
Le Groupe des Ktaoua dur une dizaine de million d’années avec des vitesses de subsidence faible de quelques dizaines de mètres par million d’année, compatible avec un contexte intracratonique.
Le Sandbian- Katien, dans le Tafilalt-Maïder est subdivisé en onze séquences de 3ème ordre de l’ordre du million d’année qui expriment quatre grands cycles de transgression – régression.
Les deux premiers cycles expriment une tendance régressive du système de dépôt, ils s’accompagnent d’importantes incisions de centaines de mètres de profondeurs et de largeurs. Les faciès dominants lors des phases régressives sont des faciès deltaïque de haute énergie de faible énergie à rides de courant unidirectionnel. Ces incisions sont causées par un flux terrigène important qui incise le haut du plateau continental lors des maximas de régression.
Les deux derniers cycles expriment une tendance transgressive du système de dépôts ils sont dominées par des faciès de plateforme de haute énergie influencée par les tempêtes.
Le Groupe du 2ème Bani, à l’Hirnantien, se compose de deux grandes unités lithologiques : la formation inférieure du 2ème Bani et la formation supérieure du 2èmeBani. Cette dernière correspond à l’épisode glaciaire qui affecte le Gondwana à l’Ordovicien supérieur.
Dans l’Anti-Atlas oriental, la formation inférieure du 2ème Bani est complètement érodée sous l’unité glaciaire. La formation supérieure du 2ème Bani bien développée dans le Maïder est décrite comme étant discontinu et voir totalement absente dans le Tafilalt. Cette unité lithologique qui correspond à l’Unité glaciaire de l’Ordovicien supérieur, se manifeste, dans le Tafilalt, par la mise en place d’un important dispositif de type turbiditique dont la base est soulignée par de puissants niveaux conglomératiques attribués précédemment au Groupe des Ktaoua (Conglomérat d’Amessoui et d’Imzizoui).
A l’Hirnantien, vers l’extrémité oriental de l’Anti-Atlas oriental se développe un système mixte gréso-carbonaté à débris de Bryozoaires. Ce système gréso-carbonaté est limité à sa base par une discontinuité majeure qui exprime une importante chute du niveau marin relatif. Le complexe gréso-carbonaté d’Erfoud enregistre des fluctuations de forte amplitude et de haute fréquence qui reflète une influence glacio-eustatique.