Du 11 décembre 2019 au 31 décembre 2019
Mis à jour le 16 décembre 2019
Les membres du jury international du concours Prix de thèses 2019 de l’université de Bordeaux ont attribué le « Prix spécial du jury international » à Paul Cournarie, jeune docteur issu de l’École doctorale Montaigne Humanités.
Organisé par le collège des écoles doctorales,
Présentation de Paul Cournarie par Frédéric Boutoulle, vice-président de la commission recherche à l’université Bordeaux Montaigne. Cliché Sonia Syllac le prix de thèse est l'occasion de souligner la qualité du travail effectué par les docteurs de l'université de Bordeaux et de l'université Bordeaux Montaigne.
En 2019, quatre prix, dotés d’une prime de 1500€, ont récompensé des thèses d’excellence soutenues en 2018 :
Paul Cournarie a été récompensé pour sa thèse sur La bonne mesure du charisme : les rois Antigonides et leurs sujets à l'époque hellénistique, soutenue le 24 novembre 2018 à l’Université Bordeaux Montaigne.
Normalien à l’ENS de Lyon de 2008 à 2012,
- Philippe V, tétradrachme (221-211) © SMB MünzkabinettPaul Cournarie s’est orienté dès la troisième année de licence vers l’histoire ancienne. La rareté des sources pour cette période lui a donné l’occasion de côtoyer d’autres disciplines comme la philosophie, la sociologie, les lettres classiques et l’archéologie. L’idée de son sujet de recherche provient notamment de cette ouverture disciplinaire. Après avoir lu la préface de Pierre Vidal Naquet à un livre de Cornélius Castoriadis, philosophe franco-grec, consacré au Politique de Platon, Paul Cournarie s’est lancé en Master 1 sur l’étude de la figure du roi idéal chez les penseurs du IVème siècle avant notre ère. Il continua sur ce sujet en deuxième année, en travaillant sur des monarques bien réels, les rois hellénistiques, qui ont eu à gouverner des ensembles hétérogènes.
Agrégé d’histoire en 2012, il entame en 2013 un doctorat en histoire ancienne sous la direction de Patrice Brun, professeur d’histoire grecque - UMR 5607 Ausonius - et Vincent Azoulay, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales. Il enseigne actuellement l’histoire-géographie au lycée Madame de Staël à Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie).
Les Antigonides sont une dynastie hellénistique fondée par Antigone le Borgne, général macédonien de Philippe II et d'Alexandre le Grand, au IVe siècle av. J.-C. De 320 à 280, ils ont d’abord bâti un empire entre la Grèce et l’Asie mineure, avant de s’installer en Macédoine de 272 à 168, date de leur destruction par les Romains.
Paul Cournarie s’est concentré, dans son sujet de thèse, sur la dynastie des Antigonides, en la rangeant sous le prisme du concept de « charisme » chez Max Weber, sociologue allemand, peu traité par les spécialistes de l’époque hellénistique. Le jeune docteur repère ainsi une rupture dans l’histoire de cette dynastie dès lors que les rois parviennent à prendre pied en Macédoine. Cette rupture peut se comprendre comme une « routinisation de leur charisme », une érosion de leur caractère exceptionnel au contact du quotidien, qui rend leur domination moins éclatante mais plus durable. Il propose un rapprochement de cette mutation avec une caractéristique structurelle du pouvoir des Antigonides : l’hésitation entre faire disparaître le roi (derrière les murs de son palais ou derrière son appareil de gloire) et la pratique ponctuelle de manifestations royales frappantes. D’un côté, la dilution de la singularité souveraine dans un structure routinière de domination ; de l’autre, la redémonstration exceptionnelle de cette singularité pour perpétuer la domination.Carte du monde méditerranéen en 218 avant J.-C. By Megistias - Own work, Public Domain.
Paul Cournarie initie également une réflexion
Paul Cournarie durant son discours, en anglais, au domaine du Haut-Carré à Talence. Cliché Sonia Syllacsur les diverses modalités de la croyance. Pour qu’il y ait une domination stable, il faut que les dominés croient à la légitimité de cette domination. Mais que signifie croire : faut-il qu’un individu affirme ce qu’il croit ? Ou, au contraire, suffit-il de le voir agir et d’en déduire ce qu’il croit ? La croyance est-elle dans les têtes ou dans les actes ?
En comprenant les phénomènes sociaux d’après les phénomènes religieux, il s’inscrit ainsi dans une vieille tradition sociologique, ce qui permettrait d’intégrer l’historiographie la plus récente sur le pouvoir des rois hellénistiques, tout en s’affranchissant des typologies juridiques qu’elle continue d’élaborer.
Article rédigé par Sonia Syllac, chargée de valorisation à Ausonius.