Malvieu, de Bordeaux à Los Angeles. Un chantier de fouilles international - Université Bordeaux Montaigne

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Malvieu, de Bordeaux à Los Angeles. Un chantier de fouilles international

Alexis Gorgues sur le site de Malvieu durant la campagne de fouilles 2018. Cliché M. Bar-Zemer

Durant tout le mois de juillet 2018, les fouilles archéologiques du site de Malvieu (Hérault), dirigées par Alexis Gorgues, maître de conférences en archéologie protohistorique – UMR Ausonius, ont fait l’objet d’une fructueuse collaboration internationale entre l’Université Bordeaux Montaigne et l’Institute for Field Research (IFR) de Los Angeles.


Vue depuis le sommet du site archéologique, Vallée du Salesses - au sud la montagne Noire. Cliché S. Syllac
Le site de Malvieu est un des rares exemples connus sur le territoire national d’agglomération fortifiée de hauteur occupée entre la fin de l’âge du Bronze (1000 avant J.-C.) et le premier âge du Fer (500 avant J.-C.).
Débutées en 2001, les fouilles archéologiques se sont poursuivies jusqu'en 2014, avec une longue interruption entre 2003 et 2009.

    

Partenariat unique en France

Les recherches sur le terrain ont repris en 2018 grâce à la collaboration avec l’IFR et au soutien du Ministère de la Culture (SRA-DRAC Occitanie).
Collaboration internationale des fouilleurs d’origine diverse sur un même secteur. Cliché M. Bar-Zemer

Ce partenariat unique en France propose un formidable cadre intellectuel pour la formation des étudiants.
Durant un mois et sous la supervision de 4 archéologues spécialistes de l’âge du Fer et d’infographie 3D, l’agglomération fortifiée de 2ha a donc accueilli 8 étudiants (2 américains, 1 canadienne, 1 philippine  provenant de l’IFR et 4 autres issus de l’Université Bordeaux Montaigne) pour une formation pratique sur le terrain mais aussi théorique avec la dispense de cours. 

Implantation et compréhension complexes

Protégé par une falaise au nord et ceinturé d’un rempart en pierres sèches de 2m de large sur 350m de long, le site de Malvieu est situé au cœur de la Montagne Noire, sur la partie supérieure d’une colline calcaire.


Rempart du site en pierres sèches datant du VIIIe siècle avant J.-C. Cliché S. Syllac
Vraisemblablement occupée dès le Xe siècle avant J.-C., la complexité de l’agglomération augmente avec le temps pour atteindre son degré maximal de structuration vers 800 avant J.-C. Cette datation primordiale remet en cause la théorie communément établie, à savoir que l’édification de ce type d’agglomérations serait liée plus ou moins directement au développement du commerce maritime (grec ou étrusque, principalement). En effet, la construction des fortifications de Malvieu est antérieure aux échanges de ce type.
L’architecture domestique était soignée à travers l’utilisation de la pierre, de l’argile et du bois pour la charpente.
Le mobilier archéologique est abondant (céramique, alliages cuivreux…). Le mobilier métallique, en particulier, a surtout été mis au jour dans les couches d’aménagements des habitations. Il s’agit là probablement d’un acte symbolique effectué avant la fin de la construction de l’édifice.
La faune (connue au travers d’ossements) sera étudiée dans le cadre d’un mémoire de master co-encadré par Alexis Gorgues et David Cochard, archéozoologue à l’UMR PACEA (CNRS/Université de Bordeaux).

L’implantation du site dans un environnement inhospitalier a conduit au développement d’un partenariat innovant. L’entreprise l’ « Avion Jaune », le Ministère de la Culture (SRA-DRAC Occitanie) et l’UMR Ausonius ont développé une action commune visant à repousser les limites de la technologie LiDAR en contexte archéologique. Le LiDAR permet d'obtenir une modélisation de la surface d'un sol à partir d'un dispositif diffusant une multitude de faisceaux laser. Les données de cette mission sont en cours d’exploitation.

Fort de cette efficace collaboration et des nouveaux résultats prometteurs, les inscriptions pour l’année 2019 sont d’ores et déjà ouvertes.


Acquisition de données sur le terrain à l’aide d’un scanner 3D. Cliché M. Bar-Zemer
L'Institute for Field Research (IFR)
est un organisme indépendant à but non lucratif. Il propose des chantiers de fouilles archéologiques aux étudiants de premier cycle universitaire du monde entier.
Les étudiants qui s'inscrivent à l'IFR ont accès à un large panel de chantiers-écoles soumis annuellement aux experts du conseil académique de l’IFR. Ce processus de validation permet l’excellence de la formation.
La collaboration internationale des programmes amène des étudiants d'origines différentes à travailler ensemble dans de nouveaux contextes culturels. Tout en apprenant des méthodes de fouilles archéologiques, les étudiants IFR construisent des ponts mondiaux en collaborant avec différentes cultures, passées et présentes.

Les chantiers-écoles IFR représentent un coût abordable pour les étudiants américains en offrant un nombre considérable de crédits d’enseignement supérieur transférables. Après avoir terminé avec succès un chantier-école IFR, les étudiants obtiennent 8 crédits de semestre par le biais du Connecticut College, partenaire académique de l’IFR et de son école d’enseignement.
En outre, l'IFR offre un certain nombre de bourses afin de s'assurer que les obstacles financiers n'empêchent pas les étudiants méritants de bénéficier d'une formation de qualité sur le terrain. L'année dernière, 12% des étudiants inscrits ont été financés par des bourses accordées dans le cadre du programme IFR.

Contact : Sonia Syllac  Chargée de valorisation, communication et médiation scientifique Institut Ausonius (UMR 5607 - CNRS/Université Bordeaux Montaigne)

 

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