Du 26 mars 2019 au 9 avril 2019
Mis à jour le 3 avril 2019
Cycle de 6 conférences du 12 février au 9 avril 2019, au musée d'Aquitaine. Dernière rencontre : mardi 9 avril 2019 à 18h, "De la mise en scène de l’altérité au partage de la parole" par Benoît de l'Estoile, directeur de recherche au CNRS, professeur d'anthropologie à l'Ecole normale supérieure, centre Maurice Halbwachs.
L'époque contemporaine nous renvoie l'image d'un monde en transformation. Les outils de communication que nous utilisons accélèrent le partage des informations et donnent une dimension mondiale à des événements locaux.
Cycle de conférences proposé par Tristan Coignard (tristan.coignard @ u-bordeaux-montaigne.fr) (équipe de recherche CLARE), spécialiste d'histoire des idées, professeur en études germaniques et membre de l'Institut Universitaire de France. Un partenariat avec l'Université Bordeaux Montaigne, l'Institut Universitaire de France et la librairie Mollat.
Que signifie être "citoyen du monde" au XXIe siècle ? par Tristan Coignard
Alors que les évolutions politiques récentes semblent annoncer un retour en force des frontières, du repli sur soi et du protectionnisme, Tristan Coignard va s’interroger sur la possibilité de penser et d’agir en citoyen du monde au début du XXIe siècle. Son intervention sert d’introduction au cycle de conférences et aborde des thématiques qui seront approfondies par les conférences ultérieures.
L’idée de citoyenneté du monde correspond au sentiment de vivre dans un monde commun, où une grande partie de l’humanité se retrouve dans des attentes et des préoccupations similaires. Elle a aussi un sens politique qui est mis en valeur de nos jours pour repenser le rôle des citoyens dans des sociétés marquées par la mondialisation. Tristan Coignard souhaite montrer dans quelle mesure les problématiques liées à la citoyenneté du monde permettent d'éclairer des questions d’actualité et de nourrir des débats futurs (démocratisation de l'Europe, vivre-ensemble dans des sociétés multiculturelles, solidarité internationale, question des migrants...).
Quand le Sud réinvente le monde. La puissance de la faiblesse par Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, professeur à Sciences-Po paris et enseignant-chercheur associé au CERI
Né d’une décolonisation ratée, longtemps exclu du système international, le Sud pèse un poids considérable en majorité absolue à l’ONU. Ses États sont pourtant très peu associés à la réalité de la gouvernance mondiale (G7, G20), tout en regroupant cependant plus des trois quarts de la population mondiale. Face à une puissance qui ne gagne plus, leur faiblesse devient un nouvel acteur de l'Histoire et pèse de plus en plus sur l'agenda international et sur le fonctionnement du jeu international.
Ces États faillis s’enlisent dans des conflits d’un type nouveau qui aboutissent à des « sociétés guerrières », où les jeunes n’ont d’autre avenir que de migrer ou de devenir « enfant-soldat ». Ce manque de lien social, de sociétés civiles fortes et de développement met à l’ordre du jour des enjeux sociaux majeurs, qui débouchent sur des formes nouvelles de conflictualité, d'interdépendance et de spatialisation.
La possibilité d’être un citoyen du monde par Louis Lourme, docteur en philosophie et directeur de Saint-Joseph de Tivoli
La notion de citoyenneté mondiale a une longue histoire, mais elle prend un sens particulier à l'époque contemporaine, où il devient possible de se dire "citoyen du monde" sans que cela soit une simple métaphore.
Tout porte à considérer que le concept entre donc dans une nouvelle phase de son évolution : il est possible de faire une expérience plus concrète et plus commune de la citoyenneté mondiale.
Que reste-t-il alors de l'antique intuition selon laquelle se dire cosmopolite désignait un état d'esprit plus qu'un état de fait ? L'objet de cette conférence est d'analyser ces évolutions contemporaines et leurs principaux enjeux.
L’hospitalité, une mobilisation locale, une politique globale par Michel Agier, anthropologue, directeur d'études à l'EHESS et chercheur à l'IRD
Agir au nom de l'hospitalité mobilise depuis quelques années toute une part des sociétés européennes contre l’hostilité ou la peur affichées par les gouvernants. Cette hospitalité transforme les sociétés d'accueil et façonne le lien à l'étranger. Elle appelle un cadre social, symbolique et politique plus large, capable de la rendre possible et de lui donner un sens et une portée incluant et dépassant tous les gestes particuliers d'accueil et ouverture. C’est une forme sociale, une relation, et une faveur limitée dans le temps et l'espace.
On s’interrogera sur la possibilité et la portée d’une politique de l’hospitalité aujourd’hui, et en particulier sur le passage d’un "devoir d’hospitalité" à un droit à ou de l’hospitalité.
À quelle échelle – locale, nationale, mondiale – l'hospitalité peut-elle acquérir la force d'un droit et devenir le moteur d’une nécessaire transformation de la citoyenneté ?
Identités transculturelles dans la pensée postcoloniale par Pascale Rabault-Feuerhahn, chercheur au CNRS et spécialiste d'histoire des sciences humaines en Allemagne au XIXe siècle.
Le postcolonialisme est un paradigme majeur des discussions actuelles sur la possibilité et les moyens de produire des discours (historiques, politiques, littéraires…) qui ne soient pas tributaires de formes de domination héritées de l’époque coloniale. A ce titre les théoriciens du postcolonialisme participent activement aux tentatives pour penser le monde global.
Bien que l’étiquette « postcoloniale » ait été appliquée de manière rétrospective à des auteurs très divers, ceux-ci ont en commun une attention très vive portée aux relations entre savoir et pouvoir et, par conséquent, aux situations d’énonciation : qui parle ? Depuis quel point de vue ? Au nom de quelle identité ? Les relations entre centre et périphérie, les processus d’hybridation culturelle, la définition et l’expression des identités nationales sont ainsi des thèmes majeurs des théories postcoloniales.
Il reste malgré tout un paradoxe majeur : la plupart de ces théories sont nourries de références empruntées à la pensée occidentale dont elles dénoncent pourtant l’hégémonie. C’est au sein de grandes universités américaines que les figures les plus célèbres du postcolonialisme, pourtant originaires de pays « postcoloniaux », ont déroulé leur carrière. Et c’est depuis ces centres que leur pensée s’est diffusée à l’échelle mondiale.
De la mise en scène de l’altérité au partage de la parole par Benoît de l'Estoile, directeur de recherche au CNRS, professeur d'anthropologie à l'Ecole normale supérieure, centre Maurice Halbwachs