Trina Robbins - Université Bordeaux Montaigne

Distinctions - Communiqué de presse

Trina Robbins, Docteure Honoris Causa de l'Université Bordeaux Montaigne

Trina Robbins au centre tenant la médaille de docteure Honoris Causa avec l'écharpe jaune sur le bras droit. ©Gautier Dufau

Parce que l’Université Bordeaux Montaigne est l'université bordelaise spécialiste des Arts, elle a souhaité mettre à l’honneur Trina Robbins. Autrice de bande dessinée, historienne de la bande dessinée et militante féministe américaine, active dans la contreculture dès 1966, elle fut d'abord connue comme autrice de comix, journaliste et créatrice de mode. Depuis les années 1980, elle a consacré plusieurs ouvrages à l’histoire des femmes dans la bande dessinée américaine - personnages féminins, autrices et lectrices.

La cérémonie du 30 novembre 2023

Ouverte à tous les publics

Jeudi 30 novembre 2023 à 18h dans l’amphi 700,
Lionel Larré, président de l’Université Bordeaux Montaigne,
a remis les insignes de Docteure Honoris Causa à Trina Robbins.


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L’éloge a été prononcé par :
Jean-Paul Gabilliet, professeur des universités, spécialiste de l’histoire culturelle de la bande dessinée et de l’illustration, chercheur au sein de l’unité CLIMAS, Cultures et Littératures des Mondes Anglophones - UR 4196.
Nathalie Jaëck, vice-présidente recherche, professeure des universités, spécialiste de littérature anglophone, chercheuse au sein de l’unité CLIMAS, Cultures et Littératures des Mondes Anglophones - UR 4196.

La cérémonie a été clôturée par la chorale de l'Université Bordeaux Montaigne qui a interprété Ladies of the Canyon de Joni Mitchell. 
Croquis de la cérémonie réalisés par les étudiants et étudiantes du master Illustration de l'université.

Événement ouvert au public.

Historienne de la bande dessinée et militante féministe 

Née le 17 août 1938 à Brooklyn, Trina Perlson passe sa jeunesse à South Ozone Park, quartier ouvrier de Queens, dans une famille de Juifs libéraux aux moyens modestes, avec une mère institutrice, un père au foyer et une sœur aînée. Trina est très tôt une grosse lectrice, aussi bien de livres sans images que de bandes dessinées. Dès l’adolescence, elle se met à pratiquer la couture pour elle-même et l’écriture dans le journal de son lycée. En 1960, elle part s’installer en Californie, où elle rencontre son futur mari Paul Jay Robbins. Le jeune couple s’intègre à la bohème littéraire et musicale de Los Angeles, croise la route de nombreuses célébrités (Bob Dylan, les Byrds, Jim Morrison entre autres) en même temps que Trina devient une styliste-couturière recherchée. Fin 1966, ayant quitté son mari mais conservé son nom d’épouse, elle retourne à New York, où elle ouvre Broccoli, boutique de mode située au 56 East 4th Street à Manhattan. Pendant les quatre années suivantes, elle produit des illustrations et des bandes dessinées pour l’hebdo contre-culturel local The East Village Other mais aussi découvre avec émerveillement les comix underground qui émergent à San Francisco à la même période.


auto-portrait de Trina Robbins
À 30 ans, alors que se précisent en elle la conscience féministe et le désir d’enfant, elle décide avec son compagnon Kim Deitch de s’installer à San Francisco. Ils y arrivent en décembre 1969, six mois avant la naissance de leur fille Casey. L’intégration sur place s’avère plus difficile que prévue, Trina se rebellant contre le sexisme omniprésent dans les comix réalisés par des hommes. Elle décide alors de fédérer l’énergie créative des femmes de l’underground. Après le collectif It Ain't Me, Babe (1970), elle impulse en 1972 le lancement de Wimmen’s Comix (1972-1992), comic book rassemblant des bandes dessinées de femmes.

Malgré l’essoufflement du mouvement underground à partir du milieu des années 1970, Trina Robbins poursuit une carrière d’illustratrice chez des éditeurs alternatifs de comics, mais fait aussi de brèves incursions chez Marvel et DC. A partir de la fin des années 1990, c’est essentiellement comme scénariste qu’elle poursuit son activité dans la bande dessinée.

En effet, à partir des années 1980, l’écriture et la recherche sur l’histoire des femmes dans la bande dessinée américaine sont devenues le nouveau cœur de son activité. Après Women and the Comics, co-écrit avec Cat Yronwode en 1983, Trina Robbins produit de 1993 à 2020 une dizaine d’ouvrages où elle se fait la « herstorian » de la place des femmes, des adolescentes et des petites filles dans l’histoire des comics américains, révélant et (re)découvrant des autrices et des personnages féminins qui avaient été invisibilisés par l’historiographie masculine de ce moyen d’expression.

C’est donc au titre de son combat pour la progression de la place et de la reconnaissance des femmes dans la bande dessinée américaine que l'artiste et chercheuse Trina Robbins est distinguée aujourd’hui par l’Université Bordeaux Montaigne.

Vous pouvez consulter l'article Wikipédia consacré à Trina Robbins (labellisé "bon article").

Revoir la cérémonie en vidéo

Quelques références bibliographiques de Trina Robbins

Bandes dessinées
Textes

Sélection d'ouvrages de Trina Robbins dans Babord+

Les autres rendez-vous publics avec Trina Robbins

  • Mercredi 29 novembre, Master class (en anglais) “The Great American Women Cartoonists” , Maison des Arts 15h30-17h30. Modération : Jean-Paul Gabilliet.
  • Vendredi 1er décembre, Rencontre de Trina Robbins avec le public à la librairie La Mauvaise Réputation (19, Rue des Argentiers, Bordeaux), 17h-19h. Modération : Camille de Singly, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, et Marie-Paul Noël, traductrice de l'autobiographie de T. Robbins Last Girl Standing (Bliss Editions, 2022).

 

La longue tradition des docteurs Honoris Causa

L’Université Bordeaux Montaigne a déjà remis le titre de Docteur Honoris Causa à d’éminentes personnalités scientifiques et penseurs, tels les prix Nobel de littérature José Saramago et Mario Vargas Llosa, la philosophe américaine spécialiste des études de genre Judith Butler, l'ancien secrétaire général de l’organisation internationale de la francophonie, ancien président du Sénégal Abdou Diouf, ou encore en 2013, le philosophe allemand Axel Honneth, en 2015 la célèbre musicienne et compositrice finlandaise Kaija Saahariao, en 2018, Richard Dyer, historien et théoricien du cinéma, en 2019, Patricio Guzmán, artiste engagé, cinéaste et documentariste chilien et enfin en 2020, Ibrahima Thioub, historien sénégalais spécialiste de l’esclavage.

Ce titre de Docteur Honoris Causa est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées par les universités françaises pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France ou à l’université ».

Voir la liste des docteurs Honoris Causa de l'Université Bordeaux Montaigne

Retour en images de la cérémonie

Crédit photos : Gautier Dufau

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