Nov 21 - Philippe Mauget - Université Bordeaux Montaigne

La population et la société de la cité de Volsinii (Bolsena) (IIIème s. av. J.-C. - Ves. Ap.J.-C.)

Doctorant : Philippe Mauget

Date :  21 novembre 2015
Horaires 09h00
Université Bordeaux Montaigne
salle des Thèses. Bâtiment Accueil 2ème étage
Domaine universitaire 
Esplanade des Antilles 33607 Pessac cedex

Située sur les rives du plus grand lac d’origine volcanique de la péninsule italienne, la cité de Volsinii fut fondée par Rome après la destruction en 264 av. J.-C. de la velzna étrusque et la déportation de ses habitants. Dès les XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux érudits et antiquaires italiens se sont intéressés aux monuments romains visibles sur le site de l’ancienne cité et aux inscriptions découvertes en grand nombre dans la ville nouvelle. Poursuivant l’œuvre de leurs aînés, les archéologues italiens de la fin du XIXe et du début du XXe siècle ont essayé de percevoir la physionomie de cette cité. Cet intérêt pour la Volsinii romaine s’est poursuivi tout au long du XXe siècle, notamment grâce aux recherches menées par l’École française de Rome. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, R. Bloch a fouillé et étudié le site, cherchant la localisation de la Volsinii étrusque. Des années 1960 à la fin des années 1980, les travaux de P. Gros et de nombreux membres de l’École ont contribué à une meilleure connaissance de la cité et de ses habitants. Cependant, aucune étude d’ensemble n’existait encore à ce jour pour définir la composition de la population et l’organisation de la société de Volsinii de sa création à l’Antiquité tardive.
Nos recherches se sont fondées principalement sur les sources épigraphiques disponibles, constituées de près de deux cents inscriptions étrusques récentes et de plus de sept cents inscriptions lapidaires latines datées de l’époque Républicaine au Bas Empire, ce qui fait du corpus volsinien le plus important d’Étrurie après celui de sa voisine Clusium. A l’aide du programme P.E.T.R.A.E. (Programme d’Enregistrement, de Traitement et de Recherche Automatique à l’Epigraphie), développé par l’Institut Ausonius, nous avons enregistré, traité et analysé tous les textes latins afin de créer le Corpus des Inscriptions Latines de Volsinii (ILVols). Cette base de données, textuelle et photographique, contient tous les témoignages épigraphiques conservés actuellement sur le sol italien, à Bolsena bien sûr mais également à Rome, en Toscane et en Ombrie. Parmi cet ensemble figurent 163 inscriptions qui sont publiées et commentées ici pour la première fois. L’ensemble de cette recherche épigraphique s’est placée dans la lignée de nombreux travaux érudits italiens parmi lesquels ceux de G.-L. Gregori sur l’histoire sociale de Brescia romana et ou de G. D’Isanto sur Capua romana.
Notre réflexion nous a tout d’abord amené à essayer de définir le territoire volsinien et à situer le plus fidèlement possible les limites de la cité en combinant les critères topographiques, archéologiques et épigraphiques. Si certains secteurs du territoire semblent être des zones frontières entre Volsinii et les ciuitates voisines, des doutes subsistent quant à l’appartenance à Volsinii ou à Pérouse de la zone comprise entre le Tibre et le Chiani, son affluent.
Nous avons ensuite identifié les Volsinienses qui ont peuplé le territoire civique antique de l’époque étrusque récente au Ve s. ap. J.-C. Centrées sur la nomenclature personnelle gravée sur les supports d’épitaphes, nos recherches ont montré comment l’onomastique permet d’analyser le statut social des personnes considérées et quelles sont les cultures épigraphiques dominant chaque époque.
Au-delà des apports culturels et onomastiques offerts par le monde des morts, d’autres inscriptions nous ont permis d’appréhender le quotidien de la cité, le fonctionnement de la vie municipale, la place et le rôle des élites qui attestent aussi de l’importance de Volsinii dans l’Italie impériale. A ce niveau, la vie quotidienne dans le municipe semble plutôt florissante. De nombreux magistrats gèrent les affaires de la cité au plus haut niveau ; certains d’entre eux accèderont même à la suite de leur carrière aux ordres équestre et sénatorial. Des honneurs sont rendus aux notables de Volsinii, selon un schéma bien connu et étudié par F. Jacques, par le populus certainement, par les collèges de manière certaine. Les élites municipales se livrent à des actes évergétiques de grande ampleur et accroissent ainsi leur dignitas tout en satisfaisant la demande de la plèbe et en développement le confort d’une ville proche de Rome. Malgré l’absence de uici et de pagi sur le territoire volsinien, la vie municipale du centre urbain est mieux attestée que dans les cités environnantes, à Ferentium ou Visentium par exemple. Mais l’influence d’une cité se mesure aussi aux destins individuels inscrits dans la pierre. Sur le modèle de ce que B. Rémy réussit à faire pour la cité de Vienne en Narbonnaise, nous avons cherché la présence de Volsiniens hors de Volsinii. Nous les retrouvons notamment en grand nombre dans les garnisons romaines, assurément plus prestigieuses , mieux payées et moins risquées que le service dans les légions, dans lesquelles un seul centurion volsinien de la IIa Augusta avait combattu.
Cette enquête épigraphique a enfin débouché sur l’édition d’une prosopographie, générale et analytique, des Volsiniens de langue latine, comportant plus de six cents noms.

 

 

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