Tables rondes 2017/2018 - Université Bordeaux Montaigne

Offre scientifique

Tables rondes 2017-2018

  1. Traduire E.P. Thompson. Anthropologie et histoire: un débat autour des SHS
  2. Des corps illustrés et historiés - Marquer la chair

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Traduire E.P. Thompson.
Anthropologie et histoire: un débat autour des SHS

Organisé par Sandro Landi                                                                

Invités : Jean Boutier (EHESS Marseille), Arundhati Virmani EHESS Marseille), Patrick Baudry (UBM), Florence Buttay (UBM) , Isabelle Poulin (UBM), Marie-Claire Ponthoreau (UB), Sébastien Laurent (UB)

Jeudi 16 novembre 2017, 14h00-17h00 / MLR033 - changement en salle MLR001

      Affiche

 "Inventeur de la notion d’ « économie morale », Edward P. Thompson est l’un des historiens majeurs du XXe siècle. A partir de la traduction récente de l’un de ses ouvrages (Les usages de la coutume Traditions et résistances populaires en Angleterre XVIIe-XIXe siècles, Seuil-Gallimard, 2015), cette table ronde, réunissant des historiens, des anthropologues, des littéraires et des juristes, se propose de stimuler une réflexion sur la dimension pluridisciplinaire de la recherche en SHS et sur les enjeux de sa traduction."

Des corps illustrés et historiés - Marquer la chair

Organisé par Anne Beyaert Geslin                                                                 Affiche

Dialogue entre Paolo Fabbri (sémiotique) et Patrick Baudry (sociologie)

Jeudi 15 mars 2018, 10h00-12h00 / MLR001 - changement à l'Amphi n°3 !

Des corps illustrés et historiés

1. La peinture/écriture sur/dans la peau a une valeur sémiotique. Les signes tégumentaires – ou dermatoglyphes – sont inscrits sur l’organe de perception le plus étendu du corps. A l’instar d’autres marques somatiques, le tatouage situé entre le signe vestimentaire et la peau nue, manifeste des significations individuelles et collectives culturellement variables (v. Anzieu, Fontanille).
2. Le fondateur de l’anthropologie criminelle, C. Lombroso fût l’élève  de Paolo Marzolo, linguiste auteur de Saggio sui segni,1866 (Essais sur les signes). L’étude systématique des tatouages par Lombroso, malgré le malentendu darwinien, a porté un regard sémiotique sur une pratique “sauvage”, exotique et contemporaine.  (Lombroso, Lacassagne, les musées scientifiques)
2.1 Les tatouages des détenus « délinquants» étaient perçus comme des anti-langages, des jargons inscrits dans la langue. Ils prennent leur sens par les conditions d’uniformisation et dépersonnalisation  forcée vécues dans toute institution « asilaire » (v. prisons, bateaux, casernes, voire les camps nazi. (Goffman, Foucault).
3. 1.   Dans la forme de vie d’une  société « liquide », les tatouages tracent des signes indélébiles, qui marquent des physionomies identitaires – valorisés ou dévalorisés. Des corps illustrés dans leur être et historiés dans leur faire, qui rappellent respectivement les imagines agentes de l’héraldique: le blason et l’Impresa. Simulacres visuels et graphiques (lettering) qui manifestent une mémoire individuelle, parfois partagée ou collective par des micro-rituels de passage, qui tracent à même la peau, une géographie des intensités sensibles. Un farmakon, double face: douleur/ plaisir (aphrodisia/veneria) (Bauman, Le Breton)
3.2  L’ engouement planétaire pour le tatouage permet de dresser une véritable iconologie (et une iconoclastie) contemporaine, articulée selon des genres  propres (old et new style, minimaliste, biomécanique, etc.)
Parmi la liste ouverte des genres, le tribal (maori, japonais par ex.) relève parfois d’une invention originale de la tradition (Lévi-Strauss, Gell, Hobsbawm)
3. 3 La vogue actuelle, par sa diffusion généralisée, permet de réfléchir à la phénoménologie d’une mode émergente. Une diffusion homologable (par ex. au choix des noms propres!?)

4. La pratique actuelle des tatouages est prise  dans une mouvance générale d’Artification esthétique et économique : artistes-tatoueurs (Wim Delvoye, ecc.) et tatoueurs-artistes (Don E. Hardy, Tin-Tin), expositions,  musées, etc.

 Marquer la chair

La marque sur la peau peut signifier l’intégration (la scarification  rituelle) ou le bannissement (le signe infamant du bagnard). Elle relève d'une assignation. Il faut être celui ou celle que le collectif ou le  pouvoir ordonne. L'institution intégratrice ou répressive s'impose à la personne.
Le tatouage contemporain semblerait, selon un raisonnement binaire, procéder d'une initiative individuelle et non plus d'une contrainte institutionnelle: il procéderait d'un choix et non plus d'une obligation. Ou encore, l'on pourrait avancer qu'à l'identification imposée, succède la fabrication (ou la quête) identitaire. Ce qu'il faut peut-être surtout interroger, c'est le rapport au corps qui se joue dans une façon de marquer la chair. Et la pratique d'une singularité propre à une culture du look qui n'est plus celle de l'apparence. 

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