SID - 2018/2019 - Université Bordeaux Montaigne

Offre scientifique

Séminaires interdisciplinaires doctoraux

Programmation 2018-2019

  1. Écrire / représenter / filmer le temps présent
  2. Approches sociolinguistiques de la distance
  3. La bataille au cinéma et dans les arts (audio)visuels, de l’antiquité à nos jours
  4. L’émigration en Amérique latine : regards croisés, histoire locale  et histoire globale
  5. L’enfant et l’animal – Du protecteur au prédateur
  6. Tensions et conflits autour de l'eau au Moyen-Orient et en Afrique
  7. Le rêve comme objet de recherche en histoire et en sociologie

Inscriptions aux formations

Écrire / représenter / filmer le temps présent

Organisé par Lidwine Portes,Françoise Poulet , Clément Puget

Affiche

Texte

Vendredi 26 octobre 2018, de 9h00 à17h00,
Amphi Maison de l'Archéologie (ACH 005) - salle des conférences

Force est de constater que le discours sur le présent connaît depuis quelques années une actualité particulièrement dense dans toutes les disciplines : en histoire (voir Hartog, Rousso, Dosse, Garcia), littérature (Gumbrecht, Viart), arts visuels (Gunthert, Aumont) ou encore philosophie (Ricœur, Virilio). Partant de ce constat, nous aimerions, à l’occasion de ce SID, rassembler des chercheurs de différentes disciplines afin de nous intéresser à la perception du présent à travers les siècles, et plus spécifiquement du XVIIe au XXIe siècle. Nous souhaiterions mettre en regard représentations littéraires et cinématographiques afin d’étudier les variations de cette perception, mais aussi la manière dont films et récits ont répercuté cette perception.
Pour tout locuteur, le point de repère fondamental est fourni par le « point de l’énonciation », à savoir le moment dans lequel s’ancre l’acte de parole : quand nous parlons, nous nous référons d’abord et avant tout au présent, et c’est par rapport à ce présent que nous situons des événements passés ou à venir. Ce que l’on appelle le « point de l’événement », c’est-à-dire le moment du procès dans le temps, est donc déterminé en fonction du repère que constitue le point de l’énonciation, même lorsqu’il en est coupé. Or, en grammaire, le présent, en tant que « tiroir verbal », est parfois décrit comme un « temps zéro », sans morphème propre. Ainsi, si, comme l’affirme Benveniste, c’est d’abord par la langue que s’exprime le rapport qu’entretient chaque locuteur au présent – rapport subjectif s’il en est –, nous aimerions étudier comment la littérature et l’image cinématographique s’emparent, par les procédés qui leur sont propres, de ces problématiques qui sont d’abord de nature linguistique.
Plus largement, la représentation du temps présent, du XVIIe au XXIe siècle, entretient des liens étroits avec le réel et la question de l’actualité. Se concentre-t-elle nécessairement sur des éléments saillants du temps qui passe ou en fait-elle l’économie au profit d’un passé jugé plus illustre que l’actualité ? La valeur accordée au présent varie-t-elle en fonction des époques mais aussi des supports de la représentation, par exemple au gré de commémorations et célébrations ? Quels sont les procédés narratologiques convoqués par les réalisateurs et les auteurs pour donner corps à ce temps qui se dérobe ? Quelle est la place accordée à la notion d’événement en arts, histoire et littérature ?

Ce SID prendra la forme d’une journée réunissant des enseignant.e.s-chercheurs de l’Université Bordeaux Montaigne, un.e doctorant et un.e. intervenant.e. extérieur.e dans un dialogue pluridisciplinaire et transéculaire. Cette journée, qui s’inscrit dans l’axe de CLARE « Écritures de l’Histoire », est le premier temps d’une série de manifestations relatives au « temps de l’événement » qui donneront lieu à une publication.

Approches sociolinguistiques de la distance

Organisé par Mariella Causa et Valéria Perez-Villa

Lundi 17 décembre 2018, de 9h00 à 17h00, MLR001           Programme

Dans le présent SID, parmi les différentes thématiques liées au terrain social et éducatif, nous avons décidé d’interroger la notion de distance, et ce à divers niveaux : linguistique, culturel, social, symbolique, etc.
Les questions de distance et de proximité seront ici posées à partir des contextes et statuts attribués aux langues en présence, à savoir : distance/proximité interlinguistique, distance/proximité interculturelle et, enfin, distance/proximité territoriale et socio-éducative. A travers les différentes interventions, notre propos est de montrer que la question de la distance ne peut/ne doit être appréhendée en termes de degrés, mais avant tout en termes de ruptures et de frontières dont la description et l’analyse demandent l’apport de différents champs disciplinaires (socio-linguistique, sociologie, didactique, géographie, etc.)

La bataille au cinéma et dans les arts (audio)visuels, de l’antiquité à nos jours

Organisé par Clément Puget

Mercredi 19 décembre 2018, de 9h00 à 17h00, MLR001        Affiche

Si comme l’indique Clausewitz dans son célèbre De la guerre (1832), la bataille a pu être envisagée comme un « concentré de guerre » et « le centre de gravité de l’ensemble du conflit », nous remarquons également que le 20e siècle naissant et l’école dite des Annales ont d’abord écarté « l’histoire-bataille » au profit d’un rapport renouvelé à l’événement, pour finalement se le réapproprier à l’orée des années 1980 lorsque Goerges Duby, par exemple, écrivit Le Dimanche de Bouvines. Refusant de la considérer seulement en épiphénomène paradoxalement encombrant, l’historien médiéviste étudia cette bataille de 1214 tel « le comble de l’événement » ou encore ce qu’Hervé Drevillon appelle « le paradigme d’une écriture de l’Histoire sacandée par le surgissement d’hommes et de faits exceptionnels ». Ne nous y trompons pas, le regain d’intérêt – souligné par François Dosse – pour la bataille trouve également sa source dans le renouvellement profond de l’historiographie du fait militaire couplé à l’apétence grandissante à l’égard de l’Histoire culturelle depuis une vingtaine d’années.
Partant du principe simple selon lequel le combat, dans toute période de l’Histoire, est immédiatement relayé par un récit, grâce auquel on peut essayer de reconstituer ce qui s’est effectivement passé, la bataille sera ici envisagée, par les intervenants de ce SID, au prisme de la science (quête de vérité) et de la fiction (reconstruction d’après-coup). Trois axes seront empruntés par les cinq intervenants, François Cadiou, Antonin Congy, Gaspard Delon, Alexandre Lafon et Clément Puget, comme autant de pistes de réflexion possibles et non restrictives :
- la bataille : définition, délimitation (quand commence/s’arrête la bataille, dans le temps, l’espace, la sphère de commandement ?)
- la bataille comme théâtre d’opérations/d’exposition de la violence de guerre ?
- la bataille et sa commémoration (la question de la place mémorielle des batailles dans nos sociétés, mais également les actions de commémoration qui ravivent « l’épreuve du feu/ du sang »).

L’émigration en Amérique latine : regards croisés, histoire locale  et histoire globale

Organisé par Isabelle Tauzin

Vendredi 18 janvier 2019, de 10h00 à 16h30, MLR001             Programme

L’émigration vers l’Amérique espagnole a été importante dans tout au long du XIXe siècle, tantôt pour raisons politiques (exils napoléonien et républicain) tantôt pour des raisons économiques en particulier au départ du grand Sud-Ouest et du Pays Basque.  Le séminaire interdisciplinaire « L’émigration en Amérique latine : regards croisés, histoire locale  et histoire globale », coordonnée par Isabelle Tauzin-Castellanos (professeure, AMERIBER EA3656, UBM) est destiné au public de l’Ecole Doctorale Bordeaux Montaigne et ouvert aux masterants et aux chercheurs extérieurs. Ce rendez-vous scientifique prévu vendredi 18 janvier 2019 réunira à la Maison de la Recherche de l’Université Bordeaux Montaigne historiens et hispanistes travaillant sur des supports différents (textes et images). Il s’agira de présenter un état des travaux connectés au programme quinquennal du groupe de Recherches Américanistes du laboratoire interdisciplinaire hispaniste et latino-américaniste AMERIBER sur l’émigration et le regard projeté vers l’Autre, à la fois dans une approche nationale et régionale, correspondant au projet EMILA « Ecritures Migrantes latino-américaines : histoires et traces de/en Nouvelle-Aquitaine »,  soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine (2019-2021).

L’enfant et l’animal – Du protecteur au prédateur

Organisé par Sophie Coussemacker et Mathilde Dalbion

Mardi 5 février 2019, de 9h00 à 17h00, MLR001

 planning de la journée  

Affiche

La première journée d’étude (SID du 22 février 2017) a permis de poser les bases tant historiographiques que problématiques de la question des relations complexes entre enfant et animal (cf., pour mémoire, l’argumentaire et le programme de la J.E., en annexes).
Pour ce second volet, les porteuses du projet souhaiteraient à présent mettre l’accent sur l’une des thématiques qui avait été envisagées d’emblée (cf. l’item : l’animal pédagogue ou danger) mais n’avait pas pu être approfondie durant ce premier SID. Nombre de sources, tant littéraires qu’iconographiques, témoignent de l’ambivalence du rôle de l’animal auprès de l’enfant : il joue souvent un rôle positif, il peut s’avérer nourricier (motif des animaux sauvages allaitant), adjuvant ou protecteur, gardien ou pédagogue, qu’il s’agisse de l’animal de compagnie ou d’un animal « de rencontre », domestique ou sauvage. Se rattachent aussi à ce motif les enfants sauvages recueillis et éduqués par des animaux protecteurs. L’animal est évidemment, dans ces récits, souvent anthropomorphisé, notamment par le don de la parole, encore qu’il puisse conserver des caractères entièrement animaliers. On peut y ajouter des amulettes protectrices zoomorphes ou animalières (dents de loup).
Mais, par ailleurs, l’animal représente parfois un danger potentiel ou effectif pour l’enfant qui l’approche. Plusieurs cas de figure relèvent de cette dangerosité : l’accident domestique classique (du berceau à l’apprentissage de la monte, en passant par le gardiennage des troupeaux) ; de façon plus symbolique – dans la littérature tant vernaculaire que dans les fables et exempla – l’animal ravisseur (motif type : le loup et l’enfant, mais aussi le loup, le lion et l’enfant dans les récits d’anagnorisis ou récits eustachiens) ; l’animal prédateur et dévorateur ; le motif de l’enfant mordu par le serpent (omniprésent des évangiles apocryphes aux exempla). L’animal ne serait-il pas, parfois, la figure du démon ravisseur caché sous une apparence zoomorphe ? Dans tous ces cas de figure, on pourra se poser la question de la perspective didactique de l’animal danger : est-il destiné à effrayer l’enfant ou bien, comme dans les contes depuis le XVIIe siècle, le vecteur d’un apprentissage substitutif du monde extérieur (cf. Propp et Bettelheim).
A la frontière entre l’animal adjuvant et pédagogue d’une part, et l’animal source potentielle de danger d’autre part, comment interpréter les récits d’animaux fustigeant ou blessant l’enfant dans l’objectif de l’éduquer, le motif de la correction paternelle ou chastoiement étant transféré des détenteurs réels de l’autorité parentale à des substituts animaliers (le plus souvent des oiseaux). De même, les motifs de l’animal ravisseur et de l’animal nourricier peuvent interférer car il s’agit souvent du même animal qui, après avoir enlevé l’enfant se fait son protecteur (ours, p. ex.).
Enfin, parce que l’enfant est souvent appréhendé, au moins jusqu’à ses sept ans, comme un être déraisonnable, son rapport à l’animal peut être ressenti comme vecteur d’un danger potentiel, mais cette fois pour l’animal lui-même. La problématique ne pourrait-elle donc pas être inversée ? L’enfant inconscient ne représenterait-il pas, lui aussi, un danger pour l’animal, qu’il peut blesser ou simplement négliger, notamment dans un contexte domestique – le rapport entre enfant et animal sauvage étant moins propice à ce type de rapprochement. Mais l’enfant peut aussi être vu comme le protecteur de son animal familier (petits bergers, enfants veneurs, fillettes avec leurs petits animaux de compagnie, oiseaux, chiennets ou écureuils etc.). Eduquer l’enfant à s’occuper de son animal, n’est-ce pas lui apprendre à grandir en respectant la nature de l’autre – en l’occurrence l’autre animalier. L’enfant ne doit-il pas surmonter sa peur, sa propre agressivité, ou son inconscience vis-à-vis de l’animal ? L’animal devient dès lors, vecteur de sociabilisation pour l’enfant.

Tensions et conflits autour de l'eau au Moyen-Orient et en Afrique

Organisé par Bernard Calas, Myriam Saade et Pierre Blanc

Vendredi 8 février 2019, de 9h00 à 17h00, MLR001    Programme

L’eau douce –élément naturel, agent, ressource, enjeu, arme de guerre- est au centre des intérêts de la communauté scientifique, des investissements des développeurs et des décisions des acteurs politiques. Ces implications sont construites par les tensions que sous-tendent deux couples de polarités contradictoires : d’abord celui des représentations qui oppose l’eau comme bien commun extraordinaire de l’humanité contre l’eau comme une marchandise utile, parmi d’autres ; ensuite, celui des représentations de la nature de l’eau qui oppose l’eau comme un élément naturel dont les caractéristiques conditionnent la gestion à l’eau comme construit social dont la gestion épouse le contenant social. Réclamant une contextualisation précautionneuse, objet des cas d’études de cette journée, les réalités géopolitiques se positionnent entre ces pôles extrêmes qui fonctionnent comme des idéaux-types, dans l’équilibre précaire du jeu des acteurs impliqués. Au Proche Orient et en Afrique, terrains de prédilection des chercheurs du LAM qui coordonnent cette journée, ces problématiques de l’eau participent étroitement des dynamiques du développement économique d’une part et de la (dé)construction de l’Etat d’autre part. Les différentes contributions de cette journée d’étude se veulent autant d’approches, à partir de terrains différents et à des échelles différentes, de ces dynamiques géopolitiques et géocéconomiques.

Le rêve comme objet de recherche en histoire et en sociologie

Organisé par Christophe Pébarthe

Mercredi 10 avril 2019, de 10h00 à 17h00, MLR001                                          Programme

Le geste durkheimien initial à l'origine de la sociologie, alors pensée comme science du social, désignait le monde social comme la totalité signifiante en dernière instance. Il n'existait pas de faits concernant les êtres humains qui ne puissent être qualifiés de sociaux. La place des faits psychologiques dans ce modèle général demeurait incertaine. Après la fin de la Première Guerre mondiale, le débat s'est poursuivi. Récemment, la publication d'un cours de Maurice Halbwachs datant de la fin des années 1930, La psychologie collective, a permis de saisir comment la psychologie pouvait être au sens plein du terme une science sociale. Cette piste n'a pourtant pas été prolongée après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, c'est la pertinence d'une approche sociale qui est remise en cause. Les neurosciences sont ainsi utilisées pour affirmer que tous les faits humains sont psychologiques, voire neuronaux.
Dans cette perspective, les rêves pourraient sembler définitivement hors de portée de la recherche en sciences sociales. Des travaux récents témoignent du contraire. Depuis 2007, à l'université de Montpellier, un groupe de chercheuses et chercheurs ont entrepris une nouvelle traduction de L'interprétation des songes d'Artémidore (fin IIe siècle p.C.), seule trace substantielle d'une science antique des rêves. Cette entreprise qui se poursuit a donné lieu à plusieurs colloques et à la publication de deux ouvrages (2012 et 2014), un troisième étant en préparation. En 2018, le sociologue Bernard Lahire a publié une Interprétation sociologique des rêves qui élabore une démarche afin que les sciences sociales puissent saisir, de manière sociologique, les rêves.
Ce séminaire a pour ambition de montrer comment un objet de recherche peut être construit et dans quelle mesure cette construction engage le chercheur ou la chercheuse vers l'indiscipline, c'est-à-dire vers la résolution d'un problème, construit comme objet, à partir de savoirs disciplinaires variés.

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