organisé par Silvia Amorim, Ilana Heineberg et Cécilia Gonzalez
Lieu : MLR033
Les séances consacrées à la théorie des études culturelles dans l’aire hispano-américaine ont pour objectif d’initier les participants à l’atelier à deux des domaines privilégiés de ce champ de recherches : l’analyse de processus de « transculturation »/hybridation/interculturalité (F. Ortiz, A. Rama, N. García Canclini, A. Cornejo Polar) et les rapports entre modernité et colonialité étudiés par le courant décolonial latino-américain (W. Mignolo, R. Segato, A.Quijano, G. Anzaldúa). Pour mieux comprendre les enjeux culturels et politiques de ces développements, les participants seront invités à lire une sélection d’extraits d’ouvrages de référence.
jeudi 20 février 2020, de 14h à 16h
Intervenante : Silvia Amorim
Des Études Postcoloniales portugaises ?
Les Découvertes maritimes et la conquête d’un vaste empire colonial ont profondément marqué le destin et l’histoire du Portugal, et aussi son imaginaire. Cet empire a longtemps permis au pays de se concevoir comme centre, niant son véritable statut au sein des grandes puissances coloniales. Dès lors, la disparition de cet « empire comme imagination du centre » (d’après l’expression de Margarida Calafate Ribeiro) appelle, après la décolonisation, des rêves compensatoires dans un pays qui se trouve désormais réduit à un petit territoire aux confins de l’Europe. Le sociologue Boaventura de Sousa Santos évoque, quant à lui, le caractère semi-périphérique du Portugal, à mi-chemin entre colonisateur et colonisé, et analyse le colonialisme portugais à la lumière de cette spécificité. Toutefois, cette démarche suscite des polémiques : des chercheurs comme Ana Paula Ferreira et, à sa suite, Roberto Vecchi, dénoncent les dangers d’un « exceptionnalisme » portugais qui pourrait se superposer au mythe lusotropicaliste du bon colonisateur (le Portugal perçu comme exception par rapport à la norme du colonialisme britannique).
Ces problématiques particulièrement stimulantes alimentent les Études Postcoloniales au Portugal et elles interrogent, par la même, la possibilité d’une adaptation de la théorie à des contextes spécifiques.
jeudi 5 mars 2020, de 14h à 16h - Attention ! reporté au 13 mars à 13h30 - 15h30
Intervenante : Ilana Heineberg
Les apports des Brésiliens à la théorie culturaliste
S’articulant à la fois avec la tradition de la critique culturelle des voisins latino-américains et, par des liens historiques, avec le Portugal et l’Afrique lusophone, les Études Culturelles brésiliennes connaissent un fort engouement depuis les années 1990. Stuart Hall va jusqu’à affirmer que le Brésil fait partie de la préhistoire des Études Culturelles. Portant notamment sur le multiculturalisme, les politiques identitaires et le post-colonialisme, ce champ de connaissances au Brésil connaît une production culturelle et académique intense, qui contraste avec une lente institutionnalisation disciplinaire. À partir de concepts forgés par des théoriciens brésiliens – tels que l’« entre-lieu » et le « cosmopolitisme du pauvre », de Silviano Santiago, les « idées disloquées », de Roberto Schwarz –, nous mettrons en lumière la contribution culturaliste brésilienne pour penser un monde de plus en plus hybride.
Les jeudis 19 et 26 mars 2020, de 10h à 12h -
Attention ! séance du 19 reportée au vendredi 20 mars
Intervenante : Cécilia Gonzalez
Regards sur les Études culturelles latino-américaines
C’est au creuset de différentes traditions que les Études culturelles latino-américaines sont devenues, au tournant du XXIe siècle, un vaste champ d’études transdisciplinaires et un terrain de débats épistémologiques et politiques à échelle continentale. Les réflexions des principaux représentants de l’école de Birmingham et des Cultural Studies nord-américaines ont été intégrées, à partir des années 1980, dans un vaste courant d’analyse culturelle enraciné dans l’histoire intellectuelle de l’Amérique Latine et sont venus rejoindre les apports de théories critiques de la culture inspirées d’Antonio Gramsci, Franz Fanon, L’École de Frankfurt ou encore la sociologie de la culture et la philosophie française poststructuraliste.