Organisé par : Fabien COLOMBO, Nestor ENGONE ELLOUE, Bertrand GUEST
ANNULLEE ! 10 février 2022 - 08h00 à 19h00 - MLR001
Le concept d’Anthropocène a été proposé par Paul J. Crutzen, un prix Nobel de chimie, pour désigner une nouvelle époque géologique qui serait dominée par les activités humaines(Crutzen et Stoermer 2000; Crutzen 2002). Suite à son introduction, le concept a fait l’objet de nombreux débats interdisciplinaires entre les sciences naturelles et sociales pour déterminer sa réalité physique, ses différentes phases, sa pertinence, ainsi que sa portée (Zalasiewicz et al. 2008; Moore et al. 2016; Latour 2017). Fondamentalement, il marque une rupture dans le changement global d’origine humaine, ainsi que le début d’une période d’incertitude grandissante dans la trajectoire planétaire commune (Rockström et al. 2009; Steffen et al. 2015).
Très rapidement, la COVID-19 a été assimilée à une manifestation de l’Anthropocène, au sens où elle inaugurerait une « ère pandémique » causée par les activités humaines à l’échelle planétaire, à l’instar du rapport de 2020 de l’IPBES sur la biodiversité et les pandémies (IPBES 2020, p. 9) : “This report is published at a critical juncture in the COVID-19 Pandemic, and in the Great Acceleration of the Anthropocene [...] termed the "Pandemic Era"”. En effet, des virus de chauves-souris et de pangolins venaient d’être identifiés comme les plus proches connus du pathogène : l’association était naturelle (Zhou et al. 2020; Andersen et al. 2020). Toutefois, plus d’un an après, la controverse sur les origines du virus reste toujours ouverte, et également la possibilité d’une fuite de laboratoire (Sallard et al. 2020; Bloom et al. 2021).
La situation invite ainsi à réinterroger, à plus d’un titre, l’Anthropocène au prisme de la COVID-19. De quelle manière les travaux et les imaginaires liés à l’Anthropocène ont-ils été mobilisés pour rendre compte de la pandémie ? Sur quelles bases ce rapprochement peut-il avoir lieu : crise écologique ou défaillance technique d’origine humaine ? Quelles sont les limites à cela, dans une controverse toujours en cours ? Comment continuer à définir les enjeux de soutenabilité future dans ces conditions ? Et surtout, quelles leçons en tirer pour les humanités environnementales et l’avenir plus largement ? Telles sont les questions qui seront adressées au cours de ce séminaire.
Plus spécifiquement, le séminaire se divisera en trois temps : (1) reposer le cadre scientifique, esthétique, et éthique lié à l’Anthropocène (2) expliquer de quelle manière ce cadre est rentré en résonance avec la pandémie de COVID-19 (3) ouvrir la discussion sur la trajectoire entre ces deux cadres, en termes de nouveaux horizons de recherche entre les disciplines. Pour ce faire, il réunira à la fois des chercheurs de différents statuts – doctorant, docteur, maître de conférences, professeur – et un panel de disciplines issues à la fois des sciences naturelles et sociales – philosophie, littérature, communication, physique, biologie. Il combinera également des présentations plénières et des tables rondes au cours de la journée. Son ambition centrale sera ainsi d'accueillir, à partir de réflexions menées sur l’avenir des humanités et les enjeux écologiques (Colombo, Engone Elloué, et Guest 2018), de nouvelles questions qui surgissent avec la pandémie de la COVID-19 et la grande accélération de l’Anthropocène (Latour 2021).