Organisé par : Matthieu CABANIS, Noémie VERHILLE-MARQUES
4 avril 2022 - De 08h00 à 13h00 - Salle MLR 001 et visioconférence
Durée de la formation : 5 heures
Le Pacifique Insulaire, région prégnante de l’imaginaire collectif, souvent fantasmé mais méconnu du grand public, se découpe entre la Polynésie, la Micronésie et la Mélanésie. Longtemps considérée comme un « lac américain », la région a joué un rôle important durant la Seconde Guerre mondiale et a été au cœur des enjeux et des luttes d’influence entre les grandes puissances durant la Guerre Froide. Par la suite, la chute de l’URSS a entraîné un désinvestissement relatif des États-Unis au sein de la région et laissé la porte ouverte à de nouvelles puissances émergentes, en particulier les puissances asiatiques. Désormais au cœur des nouveaux enjeux et des luttes d’influences contemporaines, le Pacifique Insulaire est de nouveau convoité. Va-t-on vers un « Chinese Pacific century » ?
Cette journée d’étude doit permettre de cerner d’avantage la région et ses enjeux, au prisme d’une pluralité de questions de natures variées. Pour se faire, il conviendra d’aborder un large éventail d’objets d’études tels que l’évolution du statut de la Nouvelle-Calédonie ainsi que l’importance de la région du Pacifique dans les expérimentations nucléaires françaises. En effet, les différentes évolutions du Statut de la Nouvelle-Calédonie ont impacté durablement l’intégration française mais aussi calédonienne au sein de la région et des institutions intra-régionales, et ont également éprouvé à plusieurs reprises la perception de la France au sein du Pacifique. De même, des suites de la perte de l’Algérie, les campagnes d’essais nucléaires française se trouvent déplacées en Polynésie française. Ainsi, avec la création du CEP, les atolls de Mururoa et de Fangataufa deviendront des lieux d’intérêts stratégiques pour la France.
Quant à l’étude de la dimension politique de la Nouvelle-Calédonie, elle se fera au travers de la figure de l’un des acteurs les plus symboliques de cette thématique, Michel Rocard. Lors de son passage à Matignon, le Premier ministre de François Mitterrand s’est emparé du dossier brûlant du statut de la Nouvelle-Calédonie, sur lequel il a indéniablement apposé sa marque. Malgré une gestion reconnue et saluée de la délicate problématique calédonienne, la question reste toujours d’actualité et demeure l’un des grands enjeux de la France d’Outre-mer d’aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si l’on en vient à parler même d’une « méthode Rocard » et que le souvenir de l’homme des accords de Matignon (1988) est aujourd’hui brandi, voire revendiqué par des acteurs contemporains tels que Édouard Philippe, qui ayant hérité du dossier calédonien, s’est inspiré de l’homme politique qu’il admirait tant durant ses jeunes années. Il semble donc nécessaire de se demander s’il existe désormais une vision rocardienne, ou du moins un style rocardien, concernant la question de la Nouvelle-Calédonie.
Ces pistes de réflexion, doivent servir de point de départ à une interrogation plus large, qui s’ajoutant aux considérations préexistantes, viendront étoffer les travaux et expertises sur le sujet. L’intérêt principal de ce projet est de mêler interdisciplinarité et objets d’étude, au travers de l’apport d’une réflexion innovante s’articulant autour de la question géostratégique du Pacifique Insulaire et de l’héritage rocardien. Ambitionnant de transcender les frontières de la discipline, ce projet s’évertuera à apporter une réflexion ouverte, enrichit par l’interaction de plusieurs champs disciplinaires.