Accumulations, dépôts, trésors - Université Bordeaux Montaigne

Accumulations, dépôts, trésors

Penser les ensembles d’objets en sciences humaines

organisé par Tom BALBIN-ESTANGUET

7 février 2022 - 14h00 à 17h30 - MLR 001 - 

La question des ensembles d’objets touche de manière transversale les sciences humaines. Si l’image du trésor enfoui reste aujourd’hui profondément ancrée dans l’imaginaire collectif, ces accumulations se révèlent beaucoup plus variées. Ces ensembles touchent toutes les sociétés, toutes les périodes et voient leur modalité de constitution, leurs formes et leurs fonctions évoluer à travers le temps et l’espace. Ainsi, par essence, cette inépuisable variété est dépendante de leur contexte de constitution. Cette multiplicité se ressent jusque dans la diversité même des termes employés pour les décrire. Malgré tout, des problématiques communes sont mobilisées : sélections des objets, temporalités de l’accumulation, gestes des propriétaires, fonctions des ensembles, répartitions et fréquences des dépôts… Les travaux récents ont su montrer l’intérêt de mobiliser des notions et outils à travers le champ entier des sciences humaines, histoire, archéologie, sociologie, anthropologie ou linguistique, afin de renouveler et répondre au mieux à ces thématiques nouvelles.

Cette initiative doctorante a pour but de rassembler autour d’une même table des chercheurs et chercheuses autour de la question des objets et de leurs accumulations, dans une perspective qui se veut pluridisciplinaire. Le but est de voir comment les notions utilisées ici — accumulations, dépôts, trésors… — sont mobilisées aujourd’hui par différentes disciplines, à travers des études qui abordent des ensembles d’objets non seulement de natures différentes, mais également constitués dans des contextes historiques et géographiques spécifiques.

Les intervenants présenteront tour à tour un dossier spécifique à leur champ de recherche afin d’illustrer comment ces thématiques sont abordées aujourd’hui et quelles perspectives ces approches récentes ouvrent sur l’étude de ces ensembles de valeur. Chacune des communications sera suivie d’une discussion autour du sujet proposé. À la fin de la journée, une discussion ouverte sera lancée, à la fois pour réaliser la synthèse des communications proposées et échanger sur les notions utilisées, les apports transdisciplinaires possibles, les perspectives d’évolution potentielles, la construction et l’évolution de ces ensembles comme objet d’étude à part entière.

Du stock de métal au dépôt votif : tour d’horizon de 150 ans de recherche sur les dépôts non funéraires de l’âge du Bronze en Europe - Hélène Blitte, docteure en archéologie, conservatrice au Musée Cantonal d’Archéologie et d’Histoire de Lausanne.

« L’atelier étant transdisciplinaire et diachronique, je vous propose une présentation du phénomène des dépôts non funéraires de l’âge du Bronze européen et des différentes hypothèses d’interprétation qui ont été proposées par les chercheurs depuis la fin du XIXe siècle. Ce sera également l’occasion d’évoquer de récentes découvertes dans des contextes de fouilles archéologiques, livrant de nouveaux éléments sur ces ensembles.»

Les dépôts monétaires de l’époque romaine impériale en territoire éduen : une diversité typologique et chronologique – Kévin Charrier, doctorant, École Pratique des Hautes Études.

« Après être revenu sur la définition de « dépôt monétaire », il s’agira ici d’exposer les résultats d’une analyse portant sur ces derniers découverts en territoire éduen et datant du Ier au Ve siècle. Nous tenterons plus particulièrement d’appliquer la grille typologique proposée par Gérard Aubin à notre corpus et de l’illustrer par des exemples caractéristiques. La chronologie des assemblages et leur contexte archéologique seront des éléments déterminants pour nous fournir des clefs d’interprétation. »

Circulations et relations : médiations matérielles et immatérielles au fondement des relations sociales. Exemple wallisien (Polynésie occidentale) – Sophie Chave-Dartoen, maître de conférences HDR, Université de Bordeaux.

« Les circulations d'êtres" et de "choses" sont la condition même de la vie, culturelle, sociale, comme biologique. Dans de nombreuses sociétés non occidentales, ces catégories se dissolvent et se recomposent, comme le montre Marcel Mauss dans son "Essai sur le don". Dans Nous n'avons jamais été modernes, Bruno Latour montre qu'il en va de même en Occident, malgré les efforts de la science pour clarifier la nature de ses objets. Sur la base d'un exemple polynésien, je montrerai qu'êtres humains ou certaines de leurs composantes, animaux, objets (précieux ou non) circulent -ou sont rassemblés et "réservés"- afin de réaliser, manifester, valider les relations entre groupes, mais aussi entre vivants et autres entités du cosmos. Ces circulations doivent alors être comprises comme étant mises au service des relations qui fondent tout ensemble le monde social et le cosmos de chaque groupe humain. »

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