Intervenante : Marie-Christine Lipani
Horaires : 14h - 16h Lieu : MLR033
Comment mieux partager la science ? Comment les scientifiques peuvent-ils dialoguer avec tous les acteurs et actrices de la société et ainsi peser davantage dans le débat public et politique ? Tels sont les principaux points que cette conférence souhaite mettre en lumière notamment en interrogeant les enjeux de la médiatisation des travaux scientifiques et des chercheur.e.s. Il s’agit ici de donner des clés et des repères qui permettent d’optimiser la relation entre les journalistes et les scientifiques.
Comprendre le malentendu
Aujourd’hui, la vulgarisation scientifique passe, en grande partie, mais pas uniquement, par les médias de masse comme la télévision, comme cela a pu s’observer, entre autres, lors de la pandémie du Coronavirus. Les médias numériques, tel Youtube, contribuent également à la diffusion de la culture scientifique au sein de la société. D’autres médias comme le site The Conversation par exemple ont inventé de nouvelles formes de collaboration dynamique avec les scientifiques qui permettent au grand public de connaître davantage le travail et les approches des chercheur.e. s issu.e. s de différentes disciplines académiques. (Lipani, 2019).
Cependant, bien que les médias accordent de plus en plus de place à la science, les chercheur.e.s, restent, d’une manière générale, assez réservé.e.s vis à vis de la presse et des journalistes. En effet, persiste une sorte d’incompréhension et de malentendu entre ces deux catégories d’intellectuels que sont les chercheur.e.s et les journalistes (Ruellan, 1997), et les scientifiques redoutent souvent une simplification voire une réinterprétation de leurs travaux et de leurs propos. Cependant, les enjeux sociétaux actuels et, en particulier, le déferlement des fake news invitent les chercheur.e.s à jouer pleinement leur rôle d’acteur social, et cela passe, aussi, par la médiatisation. Celle-ci peut prendre différentes formes, de la simple référence à des travaux à une véritable exposition de soi quand les chercheur.e.s deviennent des « expert.e.s » médiatiques et sont invité.e.s à intervenir sur des sujets qui sortent de leurs champs d’expertise.
Cette intervention propose donc d’interroger plus spécifiquement les enjeux de la médiatisation pour les chercheur.e.s . Une première partie se concentrera sur le fonctionnement des médias français d’information politique et générale : quotidiens nationaux et régionaux, magazines d’informations, grands médias généralistes audiovisuels, médias en ligne…. Elle abordera les différentes logiques internes qui encadrent le travail des rédactions et les attentes des journalistes. Une seconde période s’interrogera sur la place des chercheur.e.s dans les médias. Les scientifiques ont-ils ou pas intérêt à intervenir dans les médias et comment peuvent-ils préparer et appréhender leurs interventions médiatiques ? Enfin, dans un troisième temps, nous évoquerons le rôle de la médiatisation dans la carrière des chercheur.e.s., et la manière dont la proximité médiatique peut, ou non, orienter la posture des scientifiques.
Références citées :
Lipani M.C., (2019), « The Conversation : dispositif d’interface entre science et journalisme », dans Beyaert-Geslin A., Rouissi S., (dir.), La vie interfaciale. Regards croisés en SIC et en Arts, Bordeaux, MSHA, 71-81.
Ruellan D. (1997), « Une médiation pour une médiatisation », Hermès, 21/1, 145-148.