Mis à jour le 1 mars 2019
Une archive ouverte institutionnelle consiste à mettre l’ensemble de la production scientifique, publiée par des chercheurs d'un établissement, en accès libre et gratuit à toute la communauté scientifique internationale, notamment des pays émergents mais aussi du grand public. Il peut s’agir de publications dans des revues nationales et internationales, imprimées ou numériques, mais aussi de chapitres d’ouvrage, d’actes de colloque, voire même de mémoires de master et de thèses…
Une AOI permet un libre accès aux savoirs et à l’information scientifique et technique (open access) mais aussi de valoriser et conserver cette production scientifique. La Commission européenne a fait du libre accès aux publications scientifiques découlant de travaux issus de financements publics, un principe général de sa politique Horizon 2020. Ainsi est prévue l’obligation de l’accès aux publications issues des recherches financées par les fonds européens. Ce mouvement est également mondial et a pour objectif de donner accès aux publications, en supprimant ou en diminuant les contraintes financières, juridiques et techniques dans la diffusion de ces travaux.
La création d’une archive ouverte institutionnelle a aussi été identifiée comme étant un levier pour le renforcement de la visibilité internationale et de la recherche du campus dans le projet de l’Idex Bordeaux, qui la soutient dans le cadre du programme Campus numérique innovant et ouvert.
Ce projet concerne tous les acteurs du site bordelais : les deux universités bordelaises, Bordeaux INP, Bordeaux Sciences Agro et Sciences-Po Bordeaux, en partenariat avec les Établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST).
Trois laboratoires pilotes ont accepté de participer à la phase de mise en œuvre : PASSAGES, Ausonius et CLIMAS. Pour l’Université Bordeaux Montaigne, le projet AOI est, pour les instances politiques comme pour l’ensemble des unités de recherche, une occasion idéale de se saisir du débat sur la diffusion des travaux de la recherche scientifiques.
La maîtrise d’œuvre du projet a été déléguée par l’Idex à la Direction de la documentation de l’Université de Bordeaux, avec l'appui de la Direction des systèmes d’information pour l'expertise technique et l'intégration des outils.
Un groupe de travail a été constitué, comprenant des membres de chacun des établissements cités, pour travailler sur ce projet et mettre en place la solution technique appropriée. Le portage politique est actuellement assuré par François Pellegrini, vice président en charge du numérique et Yves Ducq, chargé de mission documentation de l’université de Bordeaux. Un Comité de pilotage réunira à terme tous les établissements.
L’interface choisie devra permettre au public une découverte et une recherche avancées, mais devra également être rapide et simple d’accès pour le publiant.
Le choix d’une solution technique est en cours. L’objectif est de proposer ce nouveau service pour fin 2017.
Des laboratoires volontaires sont actuellement consultés, afin d’analyser les pratiques existantes et surtout de formaliser les nouveaux besoins. Ces laboratoires seront les premiers testeurs de la solution technique retenue en 2017, ceci dans une démarche itérative.
De nombreux laboratoires du site bordelais ont déjà adopté des pratiques de dépôt dans des archives ouvertes (notamment HAL, créée en 2001 par le CNRS). La future AOI devra s’articuler et interagir avec celles-ci, afin de ne pas causer de travail supplémentaire aux déposants.
Par ailleurs, les politiques des éditeurs des revues locales, nationales ou internationales devront également être respectées.
Les chercheurs n’auront à gérer qu’un seul outil de références bibliographiques et documents.
L’AOI garantit la cohérence des données avec HAL et les archives existantes. Le contenu sera plus largement repris par les moteurs de recherche spécialisés ou généralistes sur Internet. Toutefois, l’auteur pourra décider des modalités de diffusion de sa production et en conservera le contrôle.
Des services seront également proposés : outils d'aide à la rédaction, gestion de bibliographie, altmetrics (impact des publications scientifiques dans les médias sociaux), alimentation de CV, gestion d’embargo, etc., et un accompagnement personnalisé sera possible. Des études ont également montré l’augmentation des citations pour les travaux disponibles en accès ouvert.
Toute la production de l’unité ou de l’établissement pourra être déposée sur l’AOI et, grâce au repérage sur les bases spécialisées effectué en amont, il sera possible de s’assurer que l’intégralité de la production soit collectée. Les unités et les établissements pourront ainsi préserver leur patrimoine scientifique de façon pérenne et y avoir accès à tout moment. Ceci permettra de renforcer leur visibilité auprès de leurs partenaires et d'automatiser la synthèse d'indicateurs pour les tutelles (rapports d'activité).
Pour en savoir plus : contacter Julien Baudry (julien.baudry @ u-bordeaux-montaigne.fr), votre interlocuteur " Services à la recherche" au Service Commun de Documentation.
Valérie Gabelica, directrice de recherche Inserm à l’Institut européen de chimie et de biologie (IECB)
Quelle expérience avez-vous des archives ouvertes institutionnelles ?
Avant Bordeaux, je travaillais à l’université de Liège. Il y a quelques années, on avait eu une demande de bêta-testeurs pour l’archive ouverte Orbi et je me suis portée candidate. On nous a sensibilisés aux bénéfices de l’open access, et ce qu’on avait le droit de faire ou ne pas faire avec tel ou tel éditeur. Cela m’avait fait prendre conscience de ce qu’on signait dans les contrats de copyright liés aux publications.
Comment s’est déroulée la mise en place de cette archive ouverte ?
C’est un peu contraignant au début, surtout si on a beaucoup de publications à encoder, mais l’outil s’est également amélioré au fil du temps. Les labos ont eu recours à l’aide des secrétariats si besoin. Par la suite, c’est devenu obligatoire à l’université de Liège. Le plus important est de ne pas avoir à faire ce travail plusieurs fois.
Quels avantages avez-vous trouvé à ce dispositif ?
Principalement le fait d’augmenter la visibilité de ses publications en interne (collègues, étudiants) et en externe, mais aussi à l’inverse d’avoir un endroit où conserver sa propre base de données de communications scientifiques. L’outil permettait également de générer un CV qui était reconnu nationalement par toutes les institutions de la recherche.
Un autre point positif que les étudiants utilisaient beaucoup l’outil pour télécharger de la documentation liée à leurs cours spécialisés ou leur bibliographie de stage.
Grâce à un bon référencement sur le web, les articles en pdf sont téléchargeables directement via les moteurs de recherche. Ce qui est très positif pour la diffusion et la promotion de son travail.